f I
il '
.. (
;t ■ :
J i * I
l ’-'i ’
i i
plage (le sable où nous étions. Aussitôt nous nous
armâmes en silence de nos bâtons, et nous fûmes
nous cacher derrière de grosses pierres et des buissons.
Bientôt nous vîmes le phoque sortir de l’eau, se
secouer plusieurs fois, en jetant un cri plaintif comme
pour appeler un compagnon, puis après quelques
hésitations, il s’avança sur le rivage ; sa marche ressemblait
assez à celle d’un cul-de-jatte qui se traîne
sur ses bras ; il s’appuyait sur ses deux nageoires de
devant, l’une après l’autre, et il faisait suivre celles
de derrière , beaucoup plus courtes, par un mouvement
d’ondulation. Malgré cette organisation défavorable,
sa démarche avait quelque chose de vif et
d’alerte. A un signal donné par le capitaine, nous
nous précipitâmes tous pour lui couper la retraite ;
ayant affaire à de nombreux ennemis , il comprit
tout de suite l’étendue du danger, et réunissant toutes
ses forces, il se précipita avec impétuosité pour couper
notre ligne et regagner les eaux. En un instant,
deux matelots qui lui barraient le .passage furent
renversés et il fut sur le point de nous échapper ;
mais étourdi par plusieurs coups de bâton sur le museau
, il tomba sans connaissance, une corde lui fut
lassée autour du c o u , l’intention du capitaine étant
de le ramener vivant à bord de nos corvettes, afin
d’en faire cadeau aux naturalistes de l’expédition. En
vain, lorsqu’il reprit ses sens, cet animal voulut-il
mordre et coupei* sa chaîne, il ne parvint à briser
ses liens qu’une seule fois. Veillé de près, il ne put
échapper à son sort.
(840.
Ma r s .
19
tí , ''M
K : î
l ]
« Un deuxième phoque ne tarda pas à paraître sur
la plage ; il fut pris de la même manière et assommé
immédiatement. La nuit arrivée, nous campâmes sur
le s o l, à l’abri des voiles de la baleinière ; heureusement
le temps qui menaçait s’éclaircit peu à peu ;
nous eûmes une nuit froide, mais fort paisible. Le
lendemain, nous emmenions notre phoque prisonnier
à bord de la corvette VAstrolabe. »
Le phoque rapporté par M. Coupvent à bord de
VAstrolabe, fut conservé vivant pendant longtemps ;
mais un jour il parvint à rompre ses liens et se précipita
sur le pont du navire en renversant tout ce
qui se trouvait devant lui ; il fallut l’assommer pour
faire cesser le désordre momentané qu’il avait fait
naître. Ses dépouilles seules restèrent acquises à
MM. les naturalistes.
Le 19 mars était le dernier jour que nous devions
rester sur cette rade. Pendant tout le temps de
notre séjour, nous avions eu quelques éclaircies,
quelques moments de beau temps, mais pas une
seule journée entière sans pluie ; l’air était froid et
chargé d’humidité; le sol, constamment délayé par
les eaux pluviales, était toujours resté bourbeux; ces
îles n’avaient pu nous offrir d’autre plaisir que celui
de la promenade, rendue incommode par cette
humidité constante de Pair. M. Dumoulin, surtout, p i . c l x x v u .
et les hommes employés à l’observatoire, avaient
trouvé le séjour â terre on ne peut plus désagréable
: outre l’humidité dont ils étaient imparfaitement
garantis dans leur cabane, pendant le jour