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Avril.
<66 VOYAGE
Son absence me contraria vivement, car je comptais
sur notre digne évêque pour avoir des renseignements
précis sur les événements qui avaient suivi la
prise de possession de la Nouvelle-Zélande par le
gouvernement britannique. L’abbé Petit occupait
s e u l, au moment de notre visite , le modeste presbytère
composé de trois p iè c e s, qui formait le palais
de l’évêque ; il nous reçut avec des témoignagnes
non équivoques d’affection fraternelle. Il m’apprit
que le capitaine Hobson, à la tête de 80 soldats,
avait été envoyé à la baie des Iles comme gouverneur
de la Nouvelle-Zélande ; que d’abord il s^^était
présenté au village de Korora-Reka , mais que là,
après avoir donné lecture aux Européens des ordres
et des règlements dont il était chargé, ses propres
compatriotes avaient refusé de lui fournir un terrain
pour s’y établir, et alors il avait dû prendre le
parti d’aller se fixer provisoirement, avec sa garnison,
dans rétablissement des missions protestantes, sur les
bords de la rivière Kava-Kava.
M. Petit m’apprit encore que les navires am é ii-
cains commandés par le capitaine Wilkes avaient oc-
cupéce mouillage quelques jours avantnous, et qu’ensuite
ils s’étaient dirigés sur les îles Tonga-Tabou ; on
connaissait fort peu les résultats de leur expédition
polaire; cependant, les officiers de ces bâtiments
avaient annoncé qu’ils avaient découvert une grande
te r r e , mais ils n’en avaient pas donné la position.
Le capitaine Wilkes, en trouvant une autorité anglaise
régulièrement établie dans la baie des I le s ,
n’avait point voulu reconnaître le capitaine Hobson
comme gouverneur de la Nouvelle-Zélande. Celle
prise de possession devait, en effet, porter un coup
funeste à l’industrie baleinière des Américains et des
Français. Les ports zélandais avaient été jusqu’à cc
jour librement ouverts aux navires baleiniers de toutes
les nations ; ils y avaient trouvé constamment non-seulement
des vivres, de l’eau et du bois, mais ils avaient
pu en toute liberté y passer le temps de l’hivernage
ou la saison favorable pour la pêche. L acte de prise
de possession par l’Angleterre pouvait compromeUre
gravement tous ces avantages ; il entraînait inévitablement
des droits d’ancrage onéreux, et il était fort
douteux, à l’époque de notre passage, que l’Angleterre
pût venir à bout de ses projets, sans donner lieu
à des protestations énergiques de la part des puissances
maritimes. Comme m o i, le capitaine Wilkos
était sans instructions de son gouvernement. Il avait
agi sagement en refusant de reconnaître un pouvoii
contestable, et moi-môme je ne pouvais me dispenser
de tenir une conduite analogue.
Sur tous les points de la Nouvelle-Zélande que nous
venions de visiter, nous avions rencontré des agioteurs
spéculant sur la valeur que devaient acquérir
les terres, dans un avenir peu éloigné, à la
suite de la prise de possession ; mais nulle part ces
spéculations n’avaient obtenu autant d’extension qu’au
petit village de Korora-Reka. Depuis près de vingt-
cinq ans, la baie des Iles est devenue nn point
de refuge pour un grand nombre d’Européens. Les NI