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q u ’elles avaient deux buts , d’abord c e lui de débarrasser la métropole
de la p lu s grande partie de ses malfaiteurs, et ensuite de
réformer l’état moral de ces malheureux, d’en composer u n e s o ciété
nouvelle, dont la seconde ou la troisième génération, entièrement
lavée des fâcheux antécédents de ses pères , eû t p u fonder
une société, ni plus n i moins vicieuse que toutes les autres, et
q u i ne se ressentît en aucune manière de son origine. Pour cela,
je pensais que l ’on n’avait introduit au milieu d’eux aucun élément
hétérogène , c’e st-à -d ir e qu’à part les surveillants ou les
troupes , aucun, homme libre et sans tache judic iaire ne devait
se mêler aux nouveaux convertis, afin qu ’on ^pùt voir si un
homme flétri par un jugement infamant pouvait être ramené
au bien et devenir u n membre u tile et honnête de la société;
car c’est là u ne question capitale qu i occupe) aujourd’h u i et
q u i occupera longtemps beaucoup d ’esprits éminents. N ou s
reprochons, nous Français, à notre législation de confondre tous
les malfaiteurs ensemble, de ne pas créer de catégories; on reproche
encore plus au peuple ce fatal préjugé q u i s’attache au forçat
libéi'é, cruelle réprobation qu i lu i lie les bras. Repoussé de
toutes p a r ts, sans travail, il est bien difficile queThomme ci’im i-
n e l ne revienne pas aux déplorables instincts q u i l’ont déjà
con d u it à la flétrissure. Or, q u’avait-on à attendred'une colonie
pénale? L’application d’un système qu i vînt trancher cette importante
question.
Les colonies pénales anglaises datent d’un siècle , et quel est le
résultat moral obtenu? rien, si ce n ’est u n e aggravation de peine.
A la prison on a ajouté la déportation. Dans ces nouvelles
colonies où tout était à faire, défrichements, route s, e tc ., e tc .,
il fallait avant tout des bras. Les Anglais, dans leur p hilan th ro pie
, flétrissent et emprisonnent les marchands de nègres. Le
climat de la Ta.smanie, variable et froid, n’eût sans doute pas
convenu à la race n o ir e , et ils n ’ont trouvé rien de mieux que
d’importer des nègres blancs ; car, à part la couleur , la condition
des condamnés m’a paru parfaitement la même. Quand les convicts
ont su b i le temps de leur p e in e , ils rentrent dans la vie civile;
pendant leur temps de servitude, soit au service du g ouve rnement.
soit à c e lu i des p a r ticu lie r s, leurs mauvais penchants
on t p û êtreatténués, sinon tout à fait réformés, par une éducation
morale et religieuse ; aux y eu x de la loi leur faute est oubliée , et
comme l’Enfant p rodigue, repentants et soumis, üs rentrent au
foyer paternel. Voilà d u moins le b u t avoué, le côté vraiment p h ilanthropique
de l’exportation.
Dans les premiers temps de la colonisation, alors que es n ou velles
colonies, peu populaires encore en Angleterre, n’étaient pas
envahies par la quantité d’émigrants q u i y sont arrivés d e p u is ,
quelques émancipés étaient parvenus à se créer des positions ho
norables, q u elques-uns même étaient rarivés à réaliser d’assez
grandes fortunes. Aujourd’h u i, il leur est presque impossible de
sortir de l’oi nière ; tous les métiers, toutes les professions sont
exercés par des colons libres , et déjà parmi c eu x -c i il existe une
grande concurrence ; les émigrants apportent avec eux tous les
préjugés de la métropole. Le convict émancipé n est pour eux
qu’un forçat libé ré ; il ne lu i reste donc qu ’un travail purement
manuel e t la domesticité ; les ouvriers sont rares , la mam-
d’oeuvre d’un p r ix exhorbitant, et ju sq u ’à présent on est oblige
de les employer.
La p lu s grande partie de ces malheureux n ’aspire qu à r e to n i-
ner en Angleterre, o ù ils pourront du moins être perdus dans la
foule ; là , Us retombent dans le crime, ils sont renvoyés dans la
colonie, ou ils s’organisent en bandes nombreuses q u i se liv ren tau
vol à main-armée . A Van-Diémen, pays de peu d’étendue et parfaitement
surveillé ; les déprédations sont p lu s difficiles. Mais sur
la N ou v e lle -H o llan d e , les convicts évadés sont organisés sous des
chefs r ed ou tab le s, et commettent tous les jours des brigandages
aux portes même de Sid n ey . Us ont à plusieur s reprises soutenu
de sérieux engagements contre les troupes royales. C’est la u n état
déplorable et q u i ne peut que s’empirer si l’on ne prend de suite
d’énergiquesmesures.Pendantnotre séjourà/ia^«r/-roze«, détau
beaucoup question d’un projet du gouvernement qui ne tendait
à rien moins qu ’a supprimer totalement les condamnés aux p a r-
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