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ceinture en écaille de tortue. Tous ces sauvages parlaient
entre eux avec beaucoup de volubilité. La couleur
de leur peau était d’un noir plus foncé que celui
des babitans des îles Yiti ; leurs cbeveux étaient crépus;
leurs jambes grêles; aucun d’eux ne portait de
barbe. Pour tout vêtement, ils avaient une ceinture,
leur taille était ordinaire; ils paraissaient vifs et vigoureux.
Un seul parmi eux se faisait remarquer
par une taille assez élevée : il portait un ornement
bizarre qui lui traversait le cartilage du nez. J’ignore
s’ils avaient des armes cachées dans leur canot ; la
curiosité seule semblait les avoir amenés auprès de
nous, et ils paraissaient très-inoffensifs. Arrivés à
quelque distance du navire, ils s’arrêtèrent, et alors
ils cherchèrent par des signes à nous engager à aller
à terre ; ils nous présentaient des cocos, une hache en
pierre et quelques coquilles, en nous désignant avec
la main l’emplacement de leur village. De notre
cêté), nous leur montrions des miroirs et des objets
de toute espèce qui semblaient vivement piquer leur
curiosité. A l’aide d’une planche que nous laissâmes
dériver jusqu’à eu x , nous leur fîmes passer
quelques-uns de ces objets qui semblaient exciter
leur convoitise, ils les regardèrent longtemps avant
de s’en saisir, puis enfin ils les recueillirent avec
une défiance extraordinaire, et finirent par témoigner
une grande joie. Plusieurs pirogues plus petites
que la première, et montées seulement par
deux ou trois hommes, s’étaient réunies peu à peu
autour de nous; nous commencions à penser que.
rassurés par leur nombre, ces sauvages finiraient par
nous accoster et par monter à bord, mais à cet
égard toutes nos avances ne purent vaincre leur
méfiance naturelle. Las de leurs hésitations, nous
reprîmes enfin notre route ; pendant quelques minutes
ils essayèrent de nous suivre, mais voyant
bientêt que leurs efforts étaient inutiles, ils pagayèrent
vers la terre pour regagner leurs penates.
Toutes les cartes en ma possession s’accordaient
h indiquer un vaste canal à Toiiest du cul-de-sac
de l’Orangerie, qui, dans’ l’opinion des géographes ,
devait séparer la Nouvelle-Giiinée de l’archipel de
la Louisiade. Mon intention première était de, faire
route pendant la nuit et de gagner dans l’ouest,
pour commencer le lendemain la reconnaissance
de la Nouvelle-Guinée. J’avais fait part de ce projet
h M. Dumoulin; il le combattit, en m’objectant que
si ce canal existait, nous eussions dû ressentir l’effet
des courants partant dans le nord, dont la continuité
des terres avait dû nous garantir jusqu’alors ;
cette remarque qui , du reste, ne m’avait point
échappé, me fit facilement revenir sur ma première
résolution, et, bien que j’eusse le plus grand
désir d’achever promptement le travail que j’avais
entrepris, je donnai des ordres en conséquence,
pour reprendre le travail le lendemain, à peu de
chose près, à l’endroit où nous l’avions laissé.
Au point du jour, la vigie signala la terre par notre
travers ; aussitêt nous fîmes route pour nous en
rapprocher; quoique l’horizon fût peu propice pour
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