N i ¡■3
I
kt
;i
3
t
'
\ i >
N .
'.I
t':
I ''
4 f1
1840.
5 Mars.
N :f
94 VOYAGE
Le 5 mars, la brise était toujours faible, un peu de
pluie avait marqué la journée ; cependant, vers le soir,
le ciel s’était dépouillé et présentait partout un aspect
d’une grande pureté. — A huit heures du soir, quelques
nuages s’élevèrent au-dessus de l’horizon, vers
le sud ; derrière ces nuages, nous vîmes poindre quelques
rayons d’une lumière pâ le , mais d’un reflet rougeâtre
; ces rayons semblaient former des cônes dont
la base s’appuyait sur l’horizon ; les sommets concouraient
vers un seul et même point. Malheureusement
la lumière, à mesure qu’elle se rapprochait du
zénith, devenait de plus en plus pâle, et il nous fut
impossible de relever le point vers lequel iis allaient
concourir. C’était la troisième aurore australe que
nous apercevions depuis notre première arrivée à
Hobart-Town; mais, si j’en crois ce qui m’a été affirmé
par les habitants instruits de la colonie anglaise,
ces phénomènes bizarres se reproduisent souvent.
Je comptais bien arriver le lendemain en vue des
îles Auckland, mais la journée du 6 fut une journée
de calme; nous profitâmes de cette immobilité forcée
pour faire une sonde par 600 brasses, et étudier les
lois de la température sous-marine.
Aussitôt que le jour parut , la vigie signala la terre ;
quelques instants après, nous Tavions rapprochée
suffisamment pour en commencer la reconnaissance.
Les îles Auckland se composent d’une île principale
et de plusieurs petits îlots de dimension bien moindre.
La cête ouest de la grande île , devant laquelle nous
étions arrivés, se termine à la mer d’une manière
DAN.S L’OCÉANIH.
uniforme, par une falaiseasscz é l e v é e . Quelques petits
monticules de 2 à 300 mètres de hauteur, apparaissent
dans Tinlérieur ; de distance en distance, on voit
des petits ruisseaux se jeter à la mer en formant des
cascades charmantes, et qui viennent découper d’une
manière agréable l’aspect monotone et uniforme que
présentent les falaises d e là côte.
Le ciel était sombre, la brise forte et favorable;
nous laissâmes sur notre gauche îa petite île Déception
que nous n’aperçûmes que de fort lo in , et continuant
à longer la cête de très-près, nous vînmes
contourner la grande île dans le sud. Sur toute cette
bande exposée au souffle des vents d’ouest, la végétation
paraît peu active; nous n’y aperçûmes pas un
seul arbre, mais seulement quelques herbes qui ne
présentaient les teintes d’une belle verdure que sur
les bords des ruisseaux. La côte était garnie de rochers
sur lesquels la mer se brisait avec fracas et un
bruit extraordinaire.
A peine avions-nous atteint la pointe la plus méridionale,
qu’abrités par la terre, le calme nous surprit,
une nuée d’albatros s’abattit autour de nous; dans un
instant nos pêcheurs eurent déployé leurs lignes et
garni leurs hameçons ; en moins d une heure, plus de
cinquante de ces oiseaux furent capturés, et notre
bord en fut infecté. Ces animaux répandent, en effet,
une odeur nauséabonde et insupportable qui excite le
dégoût, ce qui n’empêcha pas nos matelots de disposer
de'leurs captures pour augmenter leur souper.
Depuis quelques instants, nous apercevions un nais
io.
IRars