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F é v r i e r . L’iiifliieiice du langage est considérable dans les
relalions commerciales, et il sera toujours difficile
a une nation rivale, de faire une concurrence productive
au commerce de la Grande-Bretagne dans
l’Australie, peuplée de ses sujets.
Le tableau que les colonies anglaises présentent
dans l’état actuel est loin d’être rassurant pour l’avenir.
Le mélange des hommes libres au milieu des
condamnés a fait naître deux castes distinctes qui ne
se pardonneront jamais leur origine; la répulsion est
complète , et ceux de ces hommes dont le passé a fait
naître le mépris savent très-bien qu’ils ne parviendront
à détruire la tache qni pèse sur leur origine,
qu’en devenant maîtres du pays sur lequel ils ont été
transportés. Déjà les convicts laissent voir l’espérance
d un aifranchissement futur; ils disent ouvertement
qu’un jour viendra où l’Australie, suffisant
entièrement à ses besoins, deviendra, comme
l’Amérique, un Etat indépendant de la mère-patrie,
lis auront, disent-ils, une existence politique et un
gouvernement composé par ccwa; qui ont arrosé cette
terre de leur sueur, et qui, après avoir amplement subi
la punition d ’une faute souvent légère, ont donné naissance
aux richesses et à la prospérité de l’Australie.
{ Extrait textuellement d’un journal de Sidney. )
La violence des journaux publiés dans la colonie
est extrême ; la liberté complète de la presse leur permet
de s’exprimer sans aucune retenue ; on en jugera
par l’extrait suivant de VAuslralasian chronicle
du 28 janvier 1840. L’article a pour but de défendre les
D ANS L’OCÉAN IE.
émancipistes, nom donné à la population des ’convicts isao- L C VriLi»
affranchis ou issue des convicts, et de présenter leurs
griefs vis-à-vis des émigrants ou colons libres, qni
forment la deuxième partie de la société.
« Pourquoi sommes-nous privés de notre droit
sacré de représentation, si ce n’est parce que des
hommes sans principes et en général sans moralité
ont calomnié le caractère de nos meilleurs citoyens ;
comment en sommes-nous privés, si ce n’est parce
qu’on a produit en Angleterre la preuve de l’immoralité
qui existait et qui existe encore dans nos
factories et dans nos casernes, et ce fait a été torturé
par la ruse de nos hommes dits respectables, mais qui
sont bien plutêt des coquins politiques et grapilleurs,
pour en formuler une accusation fausse et infâme,
contre des milliers de très-dignes et très-respectables
colons. Pensez à ces quelques vagabonds, qui probablement
chassés de l’armée ou de la marine, sont arrivés
dans cette colonie et se sont insinués dans les
bonnes grâces d’un ou de deux riches émancipistes,
dont ils sont devenus en apparence les amis de coeur.
Begardez ces hommes, revêtir d’abord une apparence
respectable et s’appuyer de la bienveillance des
personnes dont ils ont capté la confiance ; voyez-les
ensuite s'élever à la dignité de magistrat, et enfin
commettre des crimes qui forcent l’autorité à les
renverser honteusement de dessus leur siège. Observez
les de nouveau rampant en Angleterre, et devenant
les indignes instruments d’un parti de colons
qui, n’ayant pas la capacité d’acquérir des dis