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302 NOTES.
Quoique la n uit fût déjà bien faite lorsque nous jetâmes Tan-
c r e , nous reçûmes néanmoins la visite de p lu sieu r s négociants ,
q u i , attirés par la curiosité, venaient voir qu i nous étions et quel
était le but qu i attirait doux bâtiments de guerre français. Dans
la circonstance actuelle et lorsque l’Angleterre, avait déclaré
prendre possession de la Nouvelle-Zélande, sans s’étre préalablement
assurée si les autres puissances européennes reconnaîtraient
la validité d’un semblable accaparement, quelques-uns de nos compatriotes
pouvaient avoir, a ju s t e titre, des réclamations à former
contre Tespèce de tyrannie que Ton exerçait à leur égard, et contre
les entraves que les délégués de la Grande-Bretagne apportaient
au développement de leur industrie et à l’emploi de leur fortune.
M a lh eu reusem ent, nous n ’avions pas d’in stru c tion ; e t , dans
l’ignorance où nous étions sur le parti cju’aurà pris la France
dans u ne semblable co n jo n c tu r e , nous dûmes nous déclarer in compétents
et nous contenter d’émettre notre opinion sur le désir
que nous avions de voir apporter u n frein à un envahissement
au ssi scandaleux.
D é s ir e u x , n é a nm o in s, de connaître exactement la manière
don t avait procédé M. le gouverneur Hobson dans, son espèce de
prise de p o sse ssion , je m’adressai, dès le lendemain, à M. Bonnef
in , ancien officier de la marine française, q u i, après avoir
éprouvé des malheurs inattendus, s’était décidé à venir à la Baie de
s -I le s , pays qu i paraissait offrir à son activité et à son in te lligence
les moyens de réparer ses pertes, et lu i présenter un e perspective
d’avenir. Je le priai instamment de n ’apporter aucune
haine dans son r é c it , de me conter les faits comme ils avaient eu
lieu , et de mettre de côté toute passion particulièi’e.
Les relations que j ’ai eues avec M. Bonnefin, durant notre
courte relâche à Korora-Reka, m’ont montré un homme un peu
exalté à la v é r ité , mais plein de probité , de sentiments généreux,
disposé à protester de toutes ses forces contre les actes q u i pourraient
attenter à la dignité de son p a y s , et incapable sur tou t de
transiger avec sa conscience.
Voici ce que j’ai appris de lu i :
Le 29 janvier i8 4 o , la corvette VHérald débarqua à Korora-
Rekalhede des îles) M le capitaine de vaisseau Hobson q u i , dès le
lendemain 3o , et par conséquent sans perdre de tem p s , invita
les habitants à se rendre à l’église protestante. T o u s , Anglais,
Fran ça is, Américains et naturels a c cou ru r en t, cu r ieu x d’apprendre
ce q u ’avait à leur annoncer ce n ou veau messie, envoyé ,
disa it-on , pour créer Tère de b on h eu r de la Nouvelle-Zélande et
assurer sa prospérité. L à , entouré de Tétat-major de la corvette , •
de quelques employés et des missionnaires anglais , il donna lectu
re des documents q u i lu i conféraient, au nom de la reine d Angleterre
, le titre d eT ieu ten an t-g ou v e rn cu r , et en fit connaître
d’autres, relatifs à différents arrêtés d’administration et de police
q u i, rédigés par avance, n’a v a ien tp o u rb u t q u e le bien d u p a y s,e t
devaient satisfaire à toutes les exigences. Le document p lu s important,
q u i, à lu i seu l, résumait toute la pensée an glaise, était
c elu i par lequel on déclarait qu’à compter de ce jou r {preuve qu’on
ne voulait pas f a i r e languir les intéressés) il élait interdit aux su jets
britanniques de faire la m oindre acq u isition d e terrain auprès
des nature ls, attendu q u’une commission formée à Sidney pou rrait
seule, dorénavant, s’occuper de ces achats , toujours au nom
de la reine, et seule aussi aurait le droit d’opérer des concessions,
bien entendu tarifiées suivant son bon plaisir. Cette lecture terminée,
lesbabitants devant avoir acquis une pleine conviction que
TAngieterre n’avait eu pour b u t que leur b ien -ê tr e futur, tous
furent invités à signer, en signe d’adhé sion, un acte constituant
M. le capitaine Hobson lieu ten ant-gouverneur des îles de la
N o u v e lle -Z é la n d e , q u i , désormais, devaient être considérées
comme dépendances de la Nouvelle-Hollande.
A u ne petite exception près, les personnes ayant de justes titres
à Testime p u b liq u e , refusèrent de signer, protestant avec force
contre une semblable illég a lité ; et M. le gouverneur p u t facilement
se convaincre que, parmi ceux q u i acquiescèrent, la grande
majorité se composait de convicts déserteurs, de b anqueroutieis
en fuite et enfin de tout ce que le pays pouvait offrir de plus
ignoble et de p lu s taré. U ne remarque importante à faire ressorn
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