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Les autres malades con tin u en t à marcher p lu s ou moins v it e ,
selon l’état de la température de l’air, vers le commencement
d’une convalescence depuis longtemps d é s ir é e , e l que leur ob é issance
me permet de ci’oire solide et durable. Cependant, j ’ai été
forcé d’enfermer les nommés Brunet et M a r tin i, afin q u ’ils ne
se gorgeassent p o in t inconsidérément des aliments les moins
propres à être facilement digérés, e lle s moins propres, par c o n séquent
, à rétablir les forces. Cette détention a p rod u it les meilleurs
effets ; il est curieux d e v o ir aujourd’h u i , 1 5 janvier, ces
deux véritables squelettes reprendre leur embonpoint normal el
marcher rapidement vers u n e complète gué rison.
D ep uis h u it jour s, u n e température assez douc e , de i5 à 19°,
un beau so le il, con tr ib uent beaucoup au b ien -ê ti’e de nos convalescents
; Bernard même se loue d ’u n peu de m ie u x , q u i cependant
ne saurait être su iv i d’un heu r eu x résultat. 11 est trop bas;
ses forces ne sauraient maintenant que d écliner. Beaudoin est en
proie à la p lu s dou lou reuse période de sa maladie ; je ne p u is
parvenir à le ca lm e r ... Certes, je n’ai pas sous les y eu x u n e simple
inflammation ; la cause p ath ologiq ue de cette dyssenterie est
très-complexe ; elle ne rentre dans les simples caractères de la
dyssenterie ordinaire que lo r squ ’elle devient chronique.
V a n -D iém en , comme toutes les terres de l’hémisphère s u d ,
n ’a jamais d’hiver très-froid , n i d’été tr è s -c h a u d , si on les compare
aux hivers et aux étés du noi’d, observés sur les mêmes la titudes
; mais nous n’en sommes pas moins h eu r eu x de n ous y
trouver en été. Tou te s les phases diverses de température , que
n ou s avons ressenties depuis le déb ut de la dyssenterie, étudiées
conjointement avec cette m a la d ie , me confirment dans l’opinion
qu e les malades de nos colonies ne doivent être expédiés vers la
France que p our y arriver d u mois de mai au mois d ’octobre
Le 4 février, Bernard m eu r t; le 7 , Baudoin expire : l’u n et
l’autre sont morts en parfaite connaissance et en ont usé ju sq u ’au
* Mémoire intitulé-: De la nécessité de ne renvo y e r en France les malades
de nos colonies que pendant l'été (1839).
b ou t pour nous édifier tous , et par leur sage réflgmuion e l par
leurs sentiments de re con n a issan c e , par la droiture eiifln et la
simplicité de leurs sentiments r e ligieu x.
J’ai envoyé une circulaire à bord des h u it baleiniers français
<iui sont maintenant en r a d e , afin de faire part de la mort de nos
deux braves marins aux équipages de ces bâtiments ; je prie
MM. les capitaines de permettre à leurs matelots d’assister à leur
enterrement. Bernard et Baudoin furent portés par leurs compatriotes;
une croix, sur laquelle nous avons fait écrire une épitaphe
, a été placée sur chaque tombe.
Les baleiniers eu rade d’H ob a r t-T ow n étaient l'Harmonie,
le Mis s is s ipi, capitaine L o n g u e t, la Vic toire , YAnge lina, le
Courrier des Inde s , le Cosmopolite, la Dunkerquoise et le Grely,
capitaine T o u lo n . Les autres capitaines se sont contentés d é c r ir e
les noms de leurs navires su r la circulaire , de sorte que j ignore
leurs noms.
Là se termine la triste liste de nos pertes. Il ne me restait plus
q ue des con v a le sc en ts, tous en état de prendre de l’exercice ; nous
consacrâmes deux jour s à gazonner le s petites élévations de
terre q u i r ecouvrent les restes mortels de nos compagnons de
voyage. Ces objets de notre vénération o n t été tous groupés dans
u n môme angle du cimetière. D eu x d’entre ces modestes tombeaux
n’avaient n i c r o ix , ni cp ilap h e s; iTm élait c elu i du
maître d’éq u ip a g e , M. Simon ; l’a u tr e , était c e lui d’un mousse
de la Zé lé e , nommé Moreau P ie r r e , de P antin, (Seine) ; 1 un et
l’autre avaient été in h um é s pendant le séjour des corvettes à
H ob a r t-T ow n ; nous nous empressâmes de faire réparer cet o u b
li. N ou s espérons que ces tristes traces de notre passage a V a n -
Diémen auront quelq ue durée et seront visités pendant longtemps
p a r les marins français.
Nos esprits dégagés des soucis intérieurs q u i renaissaient sans
cesse et q u i attristaient nos coe u r s , n ou s eûmes p lu s de loisir
de penser à nos compagnons de voyage q u i luttaient alors contre
les g la c e s , pendant que n ou s , nous lu ttion s contre la mort et le
chagrin de perdre ceux que nous tenions tant à sauver. Nos ima-
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