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1840.
Mars.
prit que l’équipage du baleinier français le Nancy
avait élevé cette petite maisonnette, qui fut si utile
à nos observateurs pendant toute la durée de la relâche.
Une seconde inscription, écrite en anglais *,
nous donna le nom du navire que nous avions vu
sortir de la baie en tirant des coups de canon; elle
avait été laissée par le brick le Porpoise, faisant
partie de l’escadrille américaine commandée par le
capitaine Wilkes, et que déjà nous avions rencontré,
comme on l’a vu, près de la terre Adélie; ce
navire annonçait qu’il était arrivé le 7 mars sur
ce mouillage. Il y avait soixante-treize jours qu’il
avait quitté Sidney, et c’est au retour de son exploration
polaire, qu’il avait mouillé aux îles Auckland.
Sans doute, en nous apercevant dans la soirée
du 10, il avait cru que nous étions des bâtiments de
la division américaine, et alors il avait tiré le canon
pour se faire reconnaître.
Nous nous croyions entièrement seuls sur la rade,
lorsque nous fûmes agréablement surpris en voyant
deux baleinières, venant de la haute mer, s’approcher
de nos bâtiments ; elles nous apprirent qu’elles appartenaient
à un navire baleinier portugais mouillé
au fond du havre ; elles revenaient de parcourir la
côte extérieure, aiiu d’y trouver des phoques et leur
faire la chasse. Ces amphibies, qui jadis étaient si
" « U . S. hi'ig Porpoise, y days out from Sidney N ew -I Io l-
« land, on her return from an exploring cruise along the antarctic
« circle ; all well ; arrived the 7 sailed again on the 10 March
« I S/jo, for bay o f Islands, New-Zealand, »
communs sur ces rivages, y sont devenus aujourd’hui
assez rares; cependant, les pêcheurs ne dédaignent
point encore de leur faire la chasse sur ces terres
solitaires, où ils viennent chercher le repos. Nous
apprîmes avec plaisir que nous n’étions pas seuls sur
ces île s , et nous nous promîmes d’aller dès le lendemain
rendre visite à notre voisin.
La pluie nous fit regagner le bord ; il ne resta plus
à terre, pendant la nuit, que M. Dumoulin, qui, dès
lé même soir, avait commencé ses observations.
Dès le matin, tous les travaux commencèrent.
MM. de Montravel et Boyer furent chargés de lever
le plan de la baie ; la chaloupe fut disposée pour commencer
la provision d’eau; ime partie de l’équipage
put aller se promener à terre, et quelques hommes
furent envoyés à la pêche; enfin, il ne resta à bord
que quelques matelots nécessaires pour les travaux
de détail.
Après déjeuner, je m’embarquai dans ma yole
avec le capitaine Jacquinot et M. Dubouzet; nous
nous dirigeâmes vers le fond de la baie. Nous parcourûmes
près de cinq milles avant d’atteindre le mouillage
choisi par le navire portugais. Il n’avait que douze
brasses de fond ; la baie était plus resserrée que la nôtre,
et se terminait par une plage de vases charriées
par une petite rivière ; c’etait sans contredit le point
de l’île où la végétation était le plus riche , et cependant
on n’apercevait que des arbres chétifs et rabougris
, dont la triste verdure indiquait la souffrance.
Nous nous rendîmes en premier lieu à bord du navire
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