vertes prairies, les sinuosités du Perwent. Le temple
est une jolie petite église bien proprette; reste
donc le bagne, qui présente quatre hautes murailles
en belles pierres qui ont la dureté du granit. Elles
sont sans doute excellentes pour empêcher l’évasion
des coquins qui y sont renfermés, mais il faut être
Anglais pour en faire de l’architecture.
Après Hobart-Town, les principaux centres de
population de la Tasmanie sont Launceston, Richmond,
New-Norfolk, Sorrel, Jericho, Élisabeth-
Town, Port-Arthur, etc. L’île est sillonnée de beaucoup
de cours d’eau, dont les plus considérables sont
leTamar et le Derwent; les autres ne sont, en grande
partie, que des torrents ou des ruisseaux grossis par
les pluies qui viennent déverser leurs eaux dans ces
deux fleuves principaux.
Le mouillage d’Hobart-Town est bon en tout temps,
bien qu’il descende parfois de vigoureuses rafales du
mont Wellington. Un navire peut y faire toutes les réparations
possibles, même y abattre en.carène. La
rivière, qui s’élargit considérablement devant la ville,
remonte ensuite vers le nord. A quelques lieues de là,
elle s’infléchit par un coude assez brusque vers l’ouest,
vient arroser les belles prairies qui font face à New-
Norfolk, et courant au nord-ouest, elle va se perdre
dans les montagnes.
La population de la Tasmanie est divisée en trois
parties bien distinctes.
1° Les hommes libres {free men). Sous cette dénomination,
il faut comprendre les employés du gouvernement
et les émigrants qui arrivent d’Angleterre
pour tirer parti de leur industrie.
2" Les émancipés {emancipists). Ce sont des déportés
qui, par une excellente conduite, ont obtenu
leur liberté ou qui ont fini le temps de leur peine.
3“ Les condamnés [convicts). C eu x -c i, suivant
leur bonne ou mauvaise conduite, sont accordés
comme serviteurs aux particuliers, ou travaillent
sous l’inspection de constables, pour la plupart tirés
de leur sein, aux routes, aux établissements, aux travaux
publics, en un mot.
En arrivant dans la colonie, les convicts, et parmi
eux ceux qui ont les moins mauvais antécédents ou
dont la conduite a été la meilleure pendant la traversée,
sont assignés comme serviteurs aux colons. Ceux-ci
leur doivent la nourriture, le vêtement, le coucher
et des soins dans leurs maladies. Il est expressément
défendu de leur allouer aucune rétribution de leur
travail.
On sent qu’avec de pareils moyens le planteur
auquel on faisait de larges concessions de terrain,
devait arriver en peu de temps à de magnifiques résultats
; il avait à cultiver une terre vierge qui ne demandait
qu’à produire. Bientôt les forêts qui couvraient
le sol firent place à des cultures bien entendues
, et on vit s’élever de tous côtés de jolis villages.
J’ai parcouru plusieurs districts de la Tasmanie, et je
n’hésite pas à le dire, j’y ai vu d’aussi belles cultures,
des fermes aussi bien tenues que dans nos plus
beaux départements.
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