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Ma i.
se joindre à la mer ; de chaque côté, des falaises peu
élevées, formées de roches calcaires, longent le rivage.
A la pointe occidentale s’élève un rocher; des
deux côtés de ce rocher s’avancent des naturels venant
des parties opposées de l’île. Quoique entièrement
nus, leur aspect n’est pas repoussant; ils paraissent
même avoir mis quelque recherche dans leurs
ornements : l’un d’eux porte sur la tête un bandeau en
paille , bien tressé et garni de nacre ; un autre porte
aux chevilles du pied et au bras des bracelets en écorce
d’arbre, travaillés finement et peints en rouge ; quelques
uns d’entre eux, chose bizarre, portent perruqûê.
L’imitation de leur chevelure est si parfaite, que le
hasard seul a pu nous conduire à cette découverte. Ils
sont coiffés avec goût; les cheveux sont partagés en
petites tresses, de manière à imiter parfaitement les
franges d’une draperie : ils sont teints en rouge. La
couleur de leur peau est d’un noir terne ; ils sont bien
proportionnés, quoique leurs jambes soient un peu
grêles. Nous apercevons aussi quelques femmes, avec
l’aide desquelles les naturels cherchent à nous entraîner
dans l’intérieur. Elles sont d’une couleur moins
sombre et horriblement laides ; elles portent pour
tout vêtement une ceinture faite en écorce d’arbre,
qui, à chaque mouvement du corps, laisse voir toute
leur nudité.
« Ces naturels paraissaient estimer singulièrement
le fer et les haches, ils nous en demandaient constamment,
en employant quelques mots anglais qu’ils
avaient appris. Du r e ste , ils n’avaient point de vivres
à nous offrir en échange ; je cherchai à me procurer
quelques cocos, mais ces fruits paraissaient fort rai es.
Je montrai à plusieurs d’entre eux la plantation de cocotiers
qui nous entourait, quelques-uns de ces arbres
étaient chargés de beaux régimes qui nous faisaient
envie; mais rien ne put décider les sauvages à
franchir la barrière dont j’ai parlé, et qui paraissait
sacrée. Au moment de notre départ, les naturels nous
firent de grandes démonstrations d’amitié , en nous
répétant plusieurs fois le mot anglais « to morrow. »
Un fait remarquable, c’est qu’aucun des naturels venant
de la partie orientale ne voulut dépasser le rocher
près duquel nous étions. De même, aucun des indigènes
de la partie occidentale ne voulut aller au delà
de celte limite. Je fus naturellement porté à croire
que ce rocher séparait deux peuplades ennemies
l’une de l’autre ; il semble qu’il n’y ait pas de si petite
île que l’ambition et la rivalité n’aient pas ravagée.
Du reste, les hommes des deux camps nous témoignèrent
un égal empressement, ils nous chargèrent
sur leurs épaules pour nous transporter dans nos embarcations,
et l’un d’eux, qui s’était plus particulièrement
attaché à M. Gervais, lui fit, en le quittant,
cadeau de sa perruque. »
Pendant la nuit, le vent souffla avec force, mais
nous étions parfaitement abrités par les récifs dont
nous étions entourés, et je n’éprouvai pas la moindre
inquiétude ; au point du jour, nous levâmes 1 ancre
et reprîmes notre course.
Nous eûmes bientôt dépassé et laissé sur notre gaii-
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