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1840.
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fort peu d’eau sur sa barre, et puis il est tellement
étroit que les navires ne)peuvent guère évoluer avec
facilité. Le bras de mer qui le forme se prolonge
dans l’intérieur des terres ; il n’est séparé que par
Pl. cLxxx. une langue de sable de la baie du Sud dont nous
venons de parler et dans laquelle nous avions failli
nous engager. Les courants de marée le traversent
dans toute sa longueur, et lui donnent l’aspect d’un
lit de rivière ; toutefois, l’embarcation qui fut chargée
d’aller explorer le fond du port, ne trouva partout
que de l’eau salée, et n’aperçut aucune rivière un
peu considérable.
Nous trouvâmes quatre navires à l’ancre dans le
Pi.CLxxxi. port Otago; deux américains, un anglais et un français.
Ce dernier était le baleinier le Havre, commandé
parle capitaine Privât, que nous avons déjà rencontré
dans la baie de la Conception au Chili. Ce capitaine,
qui avait eu recours à nous à cette époque,
pour apaiser un commencement de révolte de son
équipage, avait ensuite regagné la France avec un
bon chargement. Dans son deuxième voyage, il s’était
débarrassé de son capitaine de pêche, et il avait
pu éviter les désagréments qu’il avait subis dans
sa première campagne. Il n’était qu’au commencement
de sa pêche, mais déjà elle s’amionçait sous
d’heureux auspices. Il ne comptait passer qu’un ou
deux mois à la mer, avant de rentrer de nouveau dans
la baie Otago, où il espérait compléter son chargement.
Il nous assura que les côtes du Chili étaient à peu
. près abandoimées par les baleiniers français. Ceuxîi
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ci préfèrent se diriger sur les côtes de la Nouvelle-
Hollande et de la Nouvelle-Zélande, où les baleines
paraissent être beaucoup plus abondantes.
Le soir, le vent souffla avec force et par rafales ;
le port était tellement étroit, que le navire le Havre
nous tomba dessus, bien qu’il fût aifourclié. Il nous
fallut plus d’une heure de travail pour nous séparer ;
nous parvînmes heureusement à lui éviter des avaries
graves ; il nous fut facile ensuite de remplacer quel-
quescordages que le baleinier français avait perdus.
Je ne voulais passer que fort peu de temps sur ce
mouillage; trois jours devaient suffire pour en fixer la
longitude et en lever le plan ; M. Duroch fut chargé
de ce dernier travail. De grand matin, les embarcations
portèrent à terre, dont l’aspect était peu attrayant,
presque tous les officiers; d’un côté, une
vaste plaine de sable, sur laquelle on voyait quelques
huttes de chétive apparence , nous séparait d’une
montagne assez élevée et couverte de bois. Dans le
sud, le terrain était plus accidenté ; quelques cabanes
s’élevaient sur les mornes escarpés qui couronnent le
cap Saunders, mais aux alentours, la végétation s’y
montrait peu active ; la population semblait avoir
préféré les terrains sablonneux de la baie pour y
placer ses habitations. Au fond du port, on apercevait
une maisonnette construite par des Européens
qui se livraient à la pêche. Près de là, et sur
le bord de l’eau, s’élevaient trois bigiies sous lesquelles
on amenait les baleines pour les dépécer. Ce