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on m’a assuré qu’il en avait aussi la durée ; j’y ai vu
de magnifiques espars pour mâture, mais ils m’ont
paru lourds et peu ployants.
Ces messieurs, voulant me faire voir tout ce que
leur péninsule renfermait de curieux, me proposèrent
une course à Eagle-Ilaivk-Ncck. J’acceptai de
grand coeur; malheureusement une pluie battante
nous empêchait de mettre le pied dehors. Enfin
nous eûmes un jour de beau temps; à cinq heures du
matin, nous étions à cheval, cheminant à la queue les
uns des autres dans un petit sentier tracé sur les crêtes
escarpées des falaises, de 150 à 200 pieds de hauteur.
Eagle-IIaiük-Neck, est une étroite langue de sable qui
joint entre elles les presqu’îles de Tasman et de Forestier.
Les con vie ts qu i par viennen t à s’évader sont obligés
de la traverser pour aller se répandre dans l’intérieur
du pays. Pour leur êler tout espoir de réussite,
outre les nombreuses sentinelles, les postes disséminés
de toutes parts, on s’est avisé de couper Tisthme par
une ligne de chiens furieux, qui mettraient en pièces
Thomme assez hardi pour chercher à le traverser, et,
pour plus de sûreté, une longue ligne de sentinelles
est établie depuis le Pénitencier jusqu’à Tisthme ; elles
ont toujours leurs armes chargées et font feu sur tout
ce qui leur paraît suspect. Nous ne faisions pas vingt
pas sans apercevoir un canon de fusil dans les broussailles.
De loin en loin s’élèvent des maisonnettes où
sont réunis cinq hommes sous les ordres d’un constable;
les sentinelles sont relevées toutes les deux
heures. Sur le seuil d’une de ces maisons, M. Lamprière
me montra un constable dont l’histoire est des
plus singulières et mérite d’être rapportée.
C’est un noble espagnol, frère d’un général carliste
bien connu; il servait comme officier supérieur
dans les troupes de don Carlos, lorsque des aifaires
importantes l’appelèrent a Londres. La, il fit la connaissance
d’un aigrefin qui s’attacha à lui, le promena
partout, se fit son cicerone. Le pauvre Espagnol, nouveau
débarqué dans cette immense v ille , élait ravi de
son nouvel ami.
Dans une de leurs promenades, C*** entra chez un
orfèvre pour acheter quelques bijoux qu il voulait
rapporter à sa femme ; on lui présenta une parure
qu’il examina longtemps et qu’il trouva trop chère;
il la remit sur le comptoir et sortit. Une heure ou deux
après, la parure disparut. Le marchand courut faire sa
déposition à la police, et dénonça deux individus dont
les signalements étaient ceux de l’Espagnol et de son
ami C***; le premier était depuis longtemps rentré chez
lu i, lorsqu’il vit arriver des agents de la police qui
s’emparèrent de sa personne, procédèrent à une minutieuse
visite, et après quelques minutes, trouvèrent
Técrin en question dans le tiroir d’un secrétaire. Le
malheureux eut beau protester de son innocence, il
fut traîné devant les iribimaux comme voleur, et condamné
à la déportation pour vingt ans. On ne revit
plus l’ami, toutes les recherches que Ton fit pour le
retrouver furent infructueuses. Arrivé dans la colonie
, sa bonne conduite lui valut la position de consta-
l)ie, et il a été envoyé en cette qualité à Poil-Arlbur,