Pendant notre séjour à Otago, Tagiolage des terres,
après avoir envahi l’île du Nord, commençait à faire
sentir sa fâcheuse influence jusque sur ces rivages
éloignés; les indigènes, toujours si empressés de vendre
aux Européens des terres dont ils savent si mal
profiter, se montraient habiles négociateurs et fripons
adroits dans ces marchés clandestins; ils n’avaient
qu’un b u t, celui de trouver des dupes parmi
les acheteurs: non-seulement ils vendaient au plus
offrant des terres qui ne leur appartenaient nullement,
mais souvent ils recevaient de plusieurs acquéreurs à
la fois le prix des terres qu’ils ne possédaient pas.
Ces ventes, qui n’eurent d’abord pour garantie que
la bonne foi des Sauvages, avaient déjà donné lieu
à une foule de contestations. Il existait à Otago un
Anglais de Sidney, nommé Waller, qui avait acheté
d un prétendu chef toute la côte zélandaise, comprise
entre ce port et le détroit de Foveaux, c’est-à-dire une
étendue de près de 40 lieues de terrain, moyennant
quelques carottes de tabac , de l’eau-de-vie et des outils,
le tout estimé à environ 100 livres sterlings. Ce
propriétaire réclamait comme un droit, en vertu de
ce singulier marché, de pouvoir empêcher qui que
ce fût de s’établir sur son terrain; cette prétention
bizarre avait jeté une vive alarme dans la communauté
européenne, car chacun de ses membres se
trouvait menacé d’être dépossédé du sol sur lequel
il avait bâti sa maison, bien avant la conclusion du
marché. Les abus de ce genre faisaient redouter,
h chaque instant, des levées de boucliers parmi les
tribus indigènes qui avaient intérêt à se disputer
certains territoires, dont elles n’avaient jamais pensé
à fixer les limites avant l’arrivée des Européens.
Tel était le résultat des proclamations faites dans les
journaux anglais, qui annonçaient la prise de possession
de la Nouvelle-Zélande par l’Angleterre.
Le sol du port Otago est très-accideiité ; il paraît
riche et fertile, et la végétation est très-vigoureuse
en dehors des dunes de sable qui entourent
le mouillage. La roche basaltique et le conglomérat
volcanique qui forment la charpente des côteaux
conservent les eaux pluviales, qui, après avoir suinté
à travers une épaisse couche de terre Aoegétale, finissent
par se réunir et forment de nombreux ruisseaux.
Les vallées étroites et quelquefois aussi les
flancs des côteaux sont divisés en champs couverts
de pommes de terre. Sur ces points le défrichement
n’est encore qu’incomplet; souvent les arbres
ont été abattus par la hache, mais leurs débris
sont restés gisants sur le sol. Autour des troncs abattus
de ces végétaux gigantesques, les indigènes se
contentent de gratter un peu la terre pour l’ensemencer,
et toujours leurs efforts sont couronnés par
d’abondantes récoltes. La pomme de terre a remplacé
avantageusement, pour ces insulaires, les
racines de fougère dont ils extrayaient jadis le suc
nutritif pour s’alimenter; aujourd’hui ils vivent dans
l’abondance, grâce h l’introduction des pommes de
terre.
Pendant notre séjour à Otago, la chasse fut pour
1810.
A v ril.