eux qui tenterait de franchir ce passage ; il serait certainement
dévoré.
Les peines iniligées aux femmes son t, outre la
réprimande, des immersions dans un baquet d’eau
froide, la prison, le séjour dans un établissement où
elles travaillent en silence.
Les délits les plus fréquents sont : l’ivrognerie, le
vagabondage, et surtout le vol dans les propriétés les
plus isolées. Le nombre annuel des condamnations
s’élève environ a un pour cent habitants, proportion
énorme quand on pense qu’en Angleterre ce chitîre
est tout au plus d’un pour mille. Il est vrai de dire
que la majeure partie des crimes sont commis par les
convicts libérés ou par les tickets of leave, tandis que
la population libre n’entre dans les condamnations
que pour une très-petite proportion.
Nous n’avons point à considérer ici tous les avantages
que semble promettre la formation des colonies
pénales, ni toutes les objections qui ont été posées
contre ce système pénitencier. L’Angleterre, la première,
est entrée dans cette voie, en créant, sur tous
les rivages de l’Australie, des colonies mélangées
d’hommes libres et de condamnés. D’après ce que
nous venons de dire , il est facile de voir que le but
philantrophiqiie qu’il s’agissait d’atteindre, celui de
faire rentrer dans le sein de la société des hommes
que l’on considère comme étant égarés, a été à
peu près manqué; mais, d’un autre côté, des colonies
puissantes se sont élevées, grâce à ce système, qni a
tourni abondamment des bras pom- ragriculture et
rindustrie. On objectera vainement que jusqu’ici les
colonies anglaises de ce nouveau continent ont entraîné
l’Angleterre à des dépenses énormes et tout
à fait disproportionnées avec les avantages qu’elle
peut en retirer. Il est impossible de prévoir jusqu’où
pourra aller l’essor donné à ces colonies encore nouvelles
, si longtemps encore elles doivent rester sous
le joug de la métropole ; il pourrait bien arriver
qu’elles rapportassent au-delà de ce qu’elles ont pu
coûter. En France, les colonies lointaines ont toujomx
été repoussées comme ruineuses pour le trésor et embarrassantes
en cas de guerre maritime ; il faut bien
le reconnaître, nous spéculons toujours trop sur l’actualité
; chaque année, pour ainsi dire, on veut balancer
le coùtet le produit de chacun de nos comptoirs,
et puis lorsque la balance, comme cela a toujours
lieu pour une colonie naissante, se fait au détriment
du trésor de la métropole, on s’empresse de l’abandonner,
sans penser que souvent le jour des compensations
doit venir dans un temps assez rapproché.
Quel que soit le sort futur des colonies anglaises
dans l’Australie , il est certain que l’Angleterre y
trouvera toujours une ample compensation des sacrifices
qu’elle s’est imposés. Il n’est pas douteux
qu’un jour viendra où l’Australie, entièrement peuplée
et forte par elle-même, s’aifranchira du joug qui la
lie à la métropole ; mais en conquérant sa liberté ,
elle n’abandonnera pas les intérêts puissants du commerce
qui se sera établi enlie elle et les différents
points du globe où flotte le pavillon anglais.
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F é v r i e r .