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854 NO T ES .
c e n t a i n e d am e s, habitant un village établi sur la plage de sable
q u i forme la pointe sud de l’île.
Ces sauvages regardent avec étonnement ces deux grandes pirogues
échouées sur leur petite île; ils ne comprennent pas notre position
et l’un d’e u x , avec naïveté, nous ,in diq ue par signes que
nous sommes mal sur le r é c if et nous engage à nous en aller dans
le canal où nous serions p lu s à notre aise. U ne certaine terreur
paraît se mêler à leur étonnement, en voyant tant d’hommes
blancs réunis su r u ne seule p iro gu e .
L’âme est véritablement attristée en voyant ces deux malh eu reuses
corvettes q u i, après avoir miraculeusement échappé deux
fois aux glaçons du pôle austral, après avoir rangé tant de côtes,
côtoyé tant de récifs, viennent terminer obscurément leurs cou r ses
aventureuses , à la fin de leurs tr a v a u x , le cap tourné vers
leur patrie. Encore quelques jou r s de fortune favorable et la
route était tracée. Quelques mois d’une navigation sans péril leur
ilonnait u n retour facile et glo r ieu x , et si, en effet, on ne peut les
arracher à l’étreinte des r é c ifs, si elles doivent terminer sur Tîle
T o u d leur noble carrière Combien de ceux q u i les montent
reverront leur p a tr ie; que de travaux perdus à jamais , que de
nobles efforts sans ré sultat.......
On e s sa ie , mais en vain , de dépasser les mâts de h u n e ; il d evient
impossible d’enlever les clefs. L’inclinaison est tellement
forte q u e, sous le poids des mâts, les chou que s se sont incrustés
dans le fil d u bois et qu ’on ne peut les faire bouger d ’une ligne ,
malgré les p lu s grands efforts. Cette circonstance est fâcheuse,
car tout le poids de la mâture tend avec u ne énorme bras de levier
à faire incliner davantage la corvette à marée basse, lo r squ
e l’eau q u i soutenait son flanc de bâbord s ’étant retirée,
laisse tout ce côté dans le vide. On dirait alors q ue la corvette va
glisser le long d u r é c if pour retrouver le liq u id e qu ’elle n ’eût
jamais d û quitter, ou q u e, tournant sa q u ille , elle va présenter
l’aspect d’un navire entièrement renversé, sa m â tu ie allant
rejoindre 1a mer. E t, en effet, à mesure que la mai’ée baisse, l’in clinaison
augmente; de 32 “ elle passe à 38°. Il devient impossible
de sc tenir sur le pont ; on est forcé de clouer des taquets
pou r ne pas glisser à la mer. Il serait impossible aussi, par une
telle in c lin a ison , de se servir du cabestan.
A dix heures du soir, par un temps affreux soufflait une forte
brise de S. E ., accompagnée de grains et de rafales, la mer commençait
à monter et le navire restait in c lin é , l’eau gagnait continuellement
vers le p ont. D'abord les préceintes furent noyées.
E n fin , la mer ayant envahi les dalots, il ne fallait p lu s que deux
ou trois pieds pour que le navire se remplit. Dans cette conjoncture,
les embarcations furent armées avec l’ordre de se tenir derrière
et devant pour prendre l’équipage dans le cas où le navire
cabanerait; on s’occupa sur-le-champ de réunir les matériaux
de l’expédition les p lu s précieux et des hommes armés de haches
étaient parés à couper la mâture, au dernier moment, si le navire
ne se relevait pas.
Je descendis aloi’S dans ma cabine p o u r ’prendre mes armes, la
montre q u em ó n oncle me laissa à sa mort et q uelques lettres précieuses
que tout homme possède et q u’il n’aime à perdre q u ’avec
la vie. Mes prépai’atifs fu r en tb ien tô t terminés. Je choisis quelques
balles, jer emplis ma poudrièr e, e tje d is adieu avec émotion à cette
pauvre cabine q u im ’a vaitabrilé si longtemps. Là s’étaient passées
trois années de ma v ie, là j ’avais bâti bien des châteaux en Espagne
q u i m’avaient souvent consolé et transporté au milieu des
miens. En la quittant, q u e je lu i trouvais de charmes inconnues;
moi q u i ju sq u ’alors l’avais considérée comme un taudis nauséabond;
mais telle est la nature de fh om m e q u’il n’apprécie souvent
les bienfaits dont il jo u it, que lorsqu’il est sur le po int de les
perdre.
Le moment critique s’approchait de p lu s en p lu s. Bientôt une
légère secousse sur le flanc d u navire nous indiqua que notre
sort allait se décider. La m e r , en continuant a monter, devait
soulager la corvette. S i, dans la position d ’inclinaison où se trouvait
le navire, l’équilibre était encore stable, il devait se relevei'
peu à peu avec la mer. Au contraire, s’il avait dépassé la limite
d’inclina ison, à l’instant où l’appui de quelques pointes de co ra il