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1840.
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lion morale devenue leur partage. Ils avaient vu envahir
leur pays, sans essayer de combattre pour leur liberté,
et désormais toute tentative pour reconquérir
leurs droits perdus devait probablement aboutir à
leur perte. La venuedu capitaine Hobson, l’envabissc-
mcnt de la Baie des Iles par les agents du pouvoir
britannique, avaient cependant réveillé chez ces indigènes
quelques idées d’indépendance. Déjà môme
certaines tribus avaient essayé d’opposer quelque résistance.
Ainsi, on m’assura que, quelque temps avant
notre arrivée, la population de la Baie des Iles avait fait
une démonstration assez sérieuse, à l’occasion de l’ar-
restation d’un indigène, coupable d’un assassinat. Les
chefs Maouris (c’est le nom que l’on donne aux indigènes)
se présentèrent en masse pour le réclamer :
« Nous reconnaissons que cet homme est coupable,
« disaient-ils, livrez-le-nous, et nous le fusillerons ;
« mais au moins nous lui donnerons la mort d’un
« homme, et il ne mourra pas comme un cochon. » On
répondit à cette demande par l’apparition des soldats
rouges en armes, et l’attroupement se dissipa. Depuis
lors, le coupable enfermé dans une prison, attend
encore que des juges arrivent à Korora-Reka, et
que le cours de la justice soit définitivement réglé.
Je me disposais à retourner à terre le lendemain,
lorsque j’aperçus une pirogue se détachant de la rivière
de Kava-Kava, et paraissant se diriger sur
nous ; tous les navires que nous avions trouvés sur la
rade au moment de notre arrivée, avaient successivement
remis à la vo ile , en sorte que nous étions
restés seuls sur la rade. Je résolus d’attendre cette
embarcation, qui m’annonçait quelque missive particulière
de la part du capitaine Hobson; favorisée
par le vent et la marée, elle ne tarda pas à nous accoster
: elle portait en effet le secrétaire de M. Hobson
, qui venait m’offrir les services de cet officier.
Ignorant quelles étaient les intentions de cet envoyé
, mais désirant éviter toute discussion au sujet
de la prise de possession des Anglais, je me hâtai de
lui annoncer que, depuis la prise de possession de la
Nouvelle-Zélande, je n’avais reçu aucune communication
officielle de mon gouvernement, qui pût régler
ma conduite à cet égard. Je ne pouvais donc en aucune
façon reconnaître le capitaine Hobson comme
gouverneur-général de la Nouvelle-Zélande, avant que
la France n’eût reconnu la légalité du pouvoir anglais
sur ces îles, et je devais par conséquent continuer
à considérer les chefs indigènes comme les seuls
propriétaires du sol; j’ajoutai que je serais heureux
de pouvoir rendre visite, non point au gouverneur-
général des colonies anglaises dans la Nouvelle-Zélande
, mais seulement au capitaine Hobson, en sa
qualité d’officier de la marine royale britannique et
de protecteur naturel des sujets anglais fixés dans
la baie. Sans doute, le secrétaire de M. Hobson s’attendait
à une semblable réponse, car il m’assura que
son capitaine comprenait parfaitement la position
dans laquelle je me trouvais, et qu’il serait venu lu i-
même m’offrir ses services en personne, s’il n’avait été
retenu par une indisposition; mais qu’il serait très