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rivages des îles v o isin e s, et à six h eures d u soir j’étais à bord de
Y Astrolabe. {M . D em a s . )
Note 2 9 , page 240.
\d Astrolabe est dans une position analogue à la nôtre ; échouée
sur le bord d u canal à u n demi mille environ dans le N. O.
et couchée comme n ou s sur bâbord.
A notre grand d ésappointement, la pleine mer arrive à deux
heures et n ’amène aucune amélioration dans notre position ;
n ou s n’avons que sept pieds d’eau à bâbord et six à tribord.
Il faut donc que nous songions à employer les grands moyens
pou r nous sortir de l à , car il est évident que nous avons eu
le malheur de nous échouer dans u n raz de marée que nous
ne retrouverons sans doute pas de longtemps. P ou r moi, au reste,
l’espoir de sauver les navires n’est pas entièrement perdu ; nous
ne fatiguons pas, et si nous parvenons à nous alléger, n ou s n o u s
en tirerons p eu t-ê tr e . En tout ca s, nous avons pour ressource
dernière nos embarcations q u i pourront n ou s porter à P o r l-
Essington où nous trouverons des secours. Ce dernier mode de
transport sei’ait assez p eu de mon g o û t , mais il faudra peut-être
bien s’y résigner. La mer descend rapidement. A sept heures
d u soir , nous n ’avons p lu s que deux pieds d’eau à tribord et quati’e
pieds et demi à bâbord; l’inclinaison augmente considérablement
et ai’r iv e , je pense, à son maximum. A sept heures et demie, le navire
portait sans doute sur son flanc. A h u it heures et demie, la
mer monte avec rapidité ; l’eau augmente de p lu s d’un pied par
demie heui'e. A onze heures du soir, nous avons onze pieds d ’eau
à bâbord d e n iè r e , et le navire s’est redressé.
Personne ne se fit prier alors pour monter su r le pont et prendre
sa place au cabestan; officiers et m a te lo ts, tous un issent
leurs efforts pour profiter de cette marée q u i promet d’être forte.
Pendant près d’une heu re le cabestan crie sou s de violents
efforts ; les câbles menacent de céder avant la corvette q u i semble
soudée avec les coraux sur lesquels elle repose. Enfin , un petit
mouvement d’abattée se lait sentir et nous ranime.Dans ce moment
les forces de chacun d o u b len t, il faut que tou t casse ou que
notre pauvre Zélée se décide à abandonner son lit de roches.
Chacun comprend sa position , chacun sait que si nous sommes
forcés d’abandonner les navires , n on -seu lem en t ce ne sera qu ’à
travers mille peines et mille dangers q u ’on pourra atteindre le
prochain port situé à deux cents lieues au moins; mais que dans le
cas où il y arriverait sain et sa u f, il aura perdu tout ce q u’il p o ssède
e t le f r u itd e trois année sde périls et de travaux. Aussi, la force
que n ous déployons tous, semble devoir enlr’ouvrir la corvette.
E n fin , elle semble peu à peu se fatiguer de lutter contre n ou s, et
cède degré à degré à la puissance de nos moyens. A mesure q u e lle
cède, nos efforts r edoublent, et, après u n e lutte corps à corps de
près de deux h eur es, le charme q u i la retient se rompt. Elle abat
en grand l’avant au large, et le courant la prenant alors en travers,
la lance avec rapidité à Tappel de ses ancres du large. Chacun
de nous en voyant de nouveau flotter le navire q u i lu i a fait
traverser tant de mers et de périls, sent sa poitrine se dilater et son
coeur s’alléger d’un poids immense. La Zélée flotte et déjà elle est
tranquillement amarrée sur des ancres solides ; mais VAstrolabe,
n’a pas eu le même bon h eu r pendant cette n u it q u i a été pour nous
p le ine d’émotion ? ....
Les hommes de Tîle Toud semblent extrêment jaloux de leurs
femmes qu’ils ont mis le p lu s grand soin à soustraire à nos regards
, et fort peu de personnes parmi nous sont parvenues à en
apercevoir de loin q u e lq u e s-u n e s q u i prenaient la fuite dès
q u ’elles les voyaient. Ils ont une grande vénération pou r les tombeaux
qu’ils décorent en raison des mérites d u mort. Parmi ces
tombes deux nous ont paru remarquables par Tamas considérable
d’ossements formant comme u n e muraille. Autour d’un tumulus
d’ossements h au t de p lusieu rs pieds, on voit des têtes d e l’animal
con nu sous le nom de Douyong espèce de phoque fort peu connu
ju sq u ’à présent, et q u i, par c e q u e nous en avons vu sur cette île ,
doit être trè s-commu ne dans le détroit de Torrès. Les squelettes