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vail, sous ies yeux d’un homme sage et humain qui
leur tient compte de leurs efforts, ne pourront-ils
pas arriver tout aussi bien à l’amélioration que sous
la pédante ,férule d’un catéchiste wesleyen? L’Angleterre,
comme la France, fourmille de rêveurs, de
songes-creux qui, avec le grand mot d’humanité à
la bouche, s’en vont détruisant les meilleures institutions
sans s’inquiéter de réédifier. M. M**** fait ici
un bruit terrible; commissaire du gouvernement, il
ne parle de rien moins que de supprimer les convicts
aux particuliers, attendu, dit-il, que, loin de s’améliorer
à leur service, ils n’en deviennent que pires.
Cela peut être vrai pour quelques-uns ; mais est-ce
une raison pour abolir un système qui a fait la colonie
ce qu elle est? 11 me semble que c’est au gouvernement
à ne confier les condamnés qu’à ceux
qui lui offrent le plus de garanties morales.
Les femmes sont employées à la laiterie et en général
à tous les travaux de leur sexe. Madame Smith
s’en plaint beaucoup; il paraît qu’elles sont beaucoup
plus mutines et plus dépravées que les hommes.
On conçoit que, dans un pays comme c elu i-ci, les
plaisirs soient peu variés; chacun s’occupe de ses
affaires, et les habitations sont tellement éloignées
les unes des autres, qu’il est très-difficile de se
réunir.
Comme dans la mère-patrie, les Anglais sont de
fanatiques sport’s men, et les courses sont les fêtes
les plus brillantes de la colonie. Chaque district a
son hyppodi’ome [the turf), celui de Richmond est
le plus à la mode; ce jour-là une nombreuse population
y afflue de tous les points de l’île. Les maisons
n’étant pas assez nombreuses pour contenir tout le
monde, chaque famille plante sa tente et bivouaque
pendant toute la durée des courses ; le she r ry , le
porto, le scotch aie y coulent à flots, et les jolies miss
dansent de tout leur coeur. Après les courses, et bien
entendu les libations auquelles tout bon sujet de sa
gracieuse Majesté doit consacrer sa soirée, le plus vif
plaisir de la gentry de VanDiemen’s land est la chasse
du kanguroo. Elle se fait à cheval et par monts et
p a r v a u lx ; de grands chiens, espèce de lévriers un
peu mâtinés, lèvent l’animal et le forcent. Il est curieux,
je dirai plus, effrayant de voir chevaux et
cavaliers gravir les roches escarpées sur lesquelles
le piéton qui n ’y est pas habitué oserait à peine
s’aventurer. Les Anglais sont parfaits cavaliers, et
les accidents sont rares; il y a bien par-ci par-là
quelques têtes cassées, mais c’est la moindre des
choses.
Je visitai avec le plus vif intérêt une partie de l’im-
mense propriété de M. Smith. Les bâtiments de ferme,
laiterie, étables, écuries, les cours, les jardins sont
tenus avec une propreté remarquable. La basse-cour
q u i, dans nos plus beaux établissements agricoles, est
toujours un cloaque plus ou moins puant, ne présente
rien de semblable dans les fermes anglaises. Le fumier,
loin de pourrir dans une mare infecte, forme
une meule ou un carré long sur lequel poussent de
l’herbe et quelques fleurs. Les fruits, les légumes.