
1»
ï Y 41
I Z
28
mentionné dans son Vigneron provençal, et qu’il a éveillé seulement
son attention il y a deux ou trois ans, lorsqu’il l’a vu résistant au phylloxera
et maintenant bien sa vigueur contre ce parasite au milieu des
vignes indigènes qui périssaient.
L’auteur du Vigneron provençal veut bien nous transmettre su r le
Gros Guillaume les renseignements suivants : « Nos cultivateurs appellent
généralement ce cépage Panse noire, par e r r e u r , puisque ses
grains sont ronds et que ceux des Panses sont au contraire de forme
ellipsoïde. Nous le croyons d’origine provençale, car on en trouve
quelques rares sujets dans la plupart des vignobles de l’arrondissement
de Toulon, où il est cultivé comme produisant des raisins de conserve
pour Tbiver, ce à quoi il se prête bien.
» D’une grande vigueur, il dépasse généralement toutes les vignes
qui Tavoisinent, hormis le Mayorquen ou Plant de Marseille, avec lequel
il a beaucoup de ressemblance, sauf la couleur du raisin. Nul cépage
ne redoute moins les incultures ; nous l’avons vu produire raisonnablement
dans un champ abandonné, et jusqu’ici aucun cépage européen
n’a manifesté plus de résistance au phylloxera ; p a r suite, nous avons
cru devoir le multiplier comme raisin de cuve ; nous croyons qu’il donnera
pour la qualité aussi bon que TAramon ; quant à la quantité,
comme il est un peu paresseux de sa nature, deux bourres de plus à la
taille le mettront dans de bonnes conditions de produclion.
C u l t u r e . » Le Gros Guillaume réussit dans tous les sols, mais comme
sa maturité est tardive il faut éviter de le planter dans les terres basses
et froides. Le mode de culture que nous adoptons pour ce cépage est
celui en chaintre, si bien décrit par le docteur Guyot dans ses Etudes
su r les Vignobles de France (vignobles de Loir-et-Cher, tome ii,
pages 707 et suivantes) ; s’il faut combattre l’invasion phylloxériqne, il
sera plus facile de préserver ou de traiter huit cent ou mille vignes à
l’hectare que quatre mille cinq cent ou cinq mille; plantée à grand
espacement et p a r suite plus vigoureuse, la vigne se défendra mieux. »
Le mode de culture adopté par M. Pellicot est à notre avis tout à fait
rationnel et fort bien approprié à la nature vigoureuse du Gros Guillaume,
et nous pensons que tous les viticulteurs qui voudront essayer
ce cépage feront bien de lui appliquer la culture en chaintre.
DESCRIPTION.
Bourgeonnement verdâtre, glabre ou presque glabre, passant du vert
roussâtre au g renat clair e t b rillan t sur les jeunes feuilles.
Sarments mi-érigés, très-gros; entre-noeuds assez lo n g s , de couleur
roux vif.
Feuilles moyennes, un peu plus longues que larges, g k b re s e t comme
vernissées, d’un beau vert foncé sur lequel les nervures se détachent par un
vert plus clair ; sinus pétiolaire très-ouvert ; sinus supérieurs peu profonds,
quelquefois n u ls ; lobes en pointe a ig u ë ; denture de la feuille acuminée ;
pétiole long et fort, violacé hors les parties à l’ombre.
Grappe grosse ou très-grosse, allongée, quelquefois pyramidale ; pédoncule
long, ligneux jusqu’au noeud qui est souvent muni d’une vrille fructifère.
Grains très-gros, sphériques ; pédicelles longs, assez forts.
Peau d’un beau noir bleuâtre pruiné à la ma turité qui est de troisième
époque tardive.
Chair assez juteuse, un peu ferme, à saveur simple, peu sucrée.