
compense l ’infériorité de ses produits par l’abondance; il peut produire
jusqu’à 120 hectolitres à l’hectare. Si l’on ajoute à cette fertilité bien a ttrayante,
une rusticité et une vigueur qui s’accommodent do tous les
terrains, on n ’est plus aussi étonné de la préférence si marquée des vignerons
du Jura et du Revermont pour ce plant d ’abondance. Il y a lieu
cependant de s’étonner de rencontrer, sous un climat où les vignes de
première époque ne mûrissent en moyenne qu’à la fin de septembre,
un cépage auquel il faudrait pour m û rir à la fin de septembre le soleil
de la Provence et le climat de l’olivier. Avec cetle tem p é ra tu re , le
Gueuche ou Foirard serait probablement une variété méritante, donnant
en quantité un vin de bonne consommation courante comme l’Aramon
et peut-être meilleur, mais dans les plaines de la Franche-Comté ou de
la Bresse, il ne produira jamais qu’un fruit laxatif, ainsi quo l’indique
son nom, un vin sans couleur, sans durée et sans valeur commerciale,
impropre même à faire des coupages.
Pourquoi les vignerons du Revermont et du Ju ra ne chei'chei’aient-
ils pas à allier, dans une certaine mesure, l’abondance à la qualité en
cultivant à la place du Gueuche ou Foirard un plant fertile, mûrissant
bien sous leur climat? S’ils trouvent les Gamay beaujolais trop délicats,
trop peu vigoureux pour leur contrée, pourquoi ne choisiraient-ils pas
le Persan de la Savoie, Etraire de l’Isère, qui a fait ses preuves comme
vigueur, comme rusticité, et dont la fertilité ne serait guère moindre
que celle du Gueuche? Ils trouveraient là, nous en sommes persuadés,
le moyen de faire beaucoup de bons vins et de relever la réputation de
leurs produits.
C u l t u r e . Si nous condamnons absolument la culture du Gueuche
dans la Franche-Comlé et la Bresse, nous ne prétendons pas que ce cépage
soit partout mauvais, bien au contraire; nous pensons que sous un
climat plus chaud, il peut avoir des qualités autres encore que celle de
la fertilité et nous ne serions pas éloignés d’en conseiller l’essai comme
vigne d ’abondance dans les pays où il peut m û rir facilement.
Sa grande fertilité indique avec évidence qu’il ne faut pas le tailler
long. « On le taille en courson, dit M. C. Rouget; la faille en courgée
non-seulement diminue la beauté de ses produits, mais les rend plus
difficiles à mûrir. »
L’ébourgeonnement fait avec soin peut aussi favoriser une belle p ro duction
et ménager la durée des souches en les maiulenant dans une
production normale.
DESCRIPTION.
Bonrgconnement très-duveteux, blanc.
Sarments assez forts, court Doués.
Feuilles sous-moyennes, aussi larges que longues, d ’un vert sombre,
bulLées à la page supérieure, portant à la page inférieure un duvet aranéeux;
sinus supérieurs très-profonds ; sinus secondaires profonds et bien ouverts;
sinus pétiolaire largement ouvert; dents assez profondes, un peu larges et
un peu aiguës ; pétiole assez long, grêle et poilu. -
Grappe moyenne, cylindrique ou cylindrico-conique, bien compacte ; pédoncule
court e t peu fort.
Grains moyens ou sur-moyen.s, sphériques; pédicelles courts et très-
grêles.
Peau u n peu fine, peu résistante, p assant au rouge noirâtre peu pruiné à
la m a tu rité qui est de troisième époque.
Chair bien juteuse, peu sucrée, saveur simple non relevée.