vignerons qui, dil-il, ont introduil depuis peu ce cépage dans le vignoble
de Poligny : il le regarde comme une funeste acquisition. Le temps et
l'expérience ne semblent pas avoir confirmé celte appréciation plus que
sévère de cet écrivain.
» Dès 1803, un autre ampélographe jurassien, M. Dauphin, faisant
justice de ces préventions outrées, a réhabilité l’Enfariné. Giiyelanl et
Duinont onl confirmé les dires de Dauphin. Aujourd’hui, l’Enfariné
occupe une place importante dans les p'anlalions du Ju ra et du Doubs,
il est certainement une des sources de ricliesse de leurs vignobles ;
Aucun de ceux-ci ne lui doit une réputation marquée, il ne parait pas
destiné à jouer un rOle si brillant. Ses vins ne se rangent pour la plupart
que parmi les bons communs et assez l'arement dans les petits ordinaires
; ils sont recherchés du commerce local. Bii n qu'un peu durs
dans les premières années, ces vins se conservent très-bien et gagnent
à vieillir ; ils acquièrent alors un bouquet très-agréable quoique léger,
une saveur assez délicate et une jolie couleur. Associé à d’autres vins,
il leur communique sa durée, augmente leur vitalité en môme temps
qu’il assure leur clarilicalion.
» C u l t u r e . L’Enfariné est l’un des cépages qui ont la faculté de s’accommoder
plus facilement de la plupart des sols et d’y atteindre une
production remarquable. Ce n ’est pas que tous lui conviennent également,
car on le voit languir dans quelques parties de marries rouges de
Keuper. La régularité de sa produclion dans nos climats indique qu ’il
résiste bien à la coulure ; il se comporte également bien contre la pourritu
re . Sa souche peu r igide esi tout à tait impuissante à se défendre
contre les grands vonis et à supporter le poids de ses lourds et nombreux
raisins : elle l'éclame l’appui de forts et solides échalas.
Ses grappes attachées par un pédoncule long et grêle sont souvent
détachées par les grands vents ; aussi on recherche pour la plantation
de ce cépage des positions abritées. Malgré sa fertiliié, on le taille
en courgée de dix à douze noe u d s; il en porte le plus souvent une
et quelquefois plusieurs. L’Enfariné est surtout répandu dans les cantons
de l’oligny, Voiteur, Sellières. »
Nous ne conseillerions par dans tous les terrains la taille en courgées
que les vignerons jurassiens appliquent à l’Enfariné : dans nos cultures,
sur terrain granitique, il s’est moniré de vigueur à peine moyenne et la
taille à coursons nous a paru la seule qui lui convienne dans ces conditions.
DESCRIPTION.
Banrgeonnemcnt d u v e té , r o u s s â t r e , t rè s - lé g è r em e u t te in té d e v io le t,
p a s s an t au b lan c v e rd â tre .
Sai-menss de m o y e n n e fo rc e , u n p eu cou r t n ou é s , p lu tô t éta lé s q u ’é r ig é s .
F e u i l l e s m o y e n n e s , n n p eu ép a is s e s , d ’u n v e r t fon cé, u n p eu p lu s lo n gu
e s q u e Larges, lé g è r em en t tom en te u s e s en de s sou s e t g a rn ie s su r le s n e r v
u r e s d ’un d'uvet p o ile iix co u r t e t ra id e ; s in u s su p é r ie u r s profon ds e t étro its ;
s in u s se co n d a ire s b ie n m a r q u é s ; s in u s p é t io la ire o u v e r t ; d en tu re la rg e ,
in é g a le , un p eu a c um in é e ; p é t io le m o y e n , a s se z fort.
G r .- ip p c m o y e n n e , c y lin d r iq u e , a s se z se r ré e , le p lu s so u ven t p o u rvu e d ’un
ou deu.v g rap p illo n s b ie n d é ta ch é s .
G r a in s m o y e n s , p re sq u e sp h é r iq u e s ; p éd ic e lle s de m o y e n n e force, un
p eu cou r ts .
P e a u u n p eu ép a is s e , r é s is tan te , d ’un b e a u n o ir , re c o u v e r te d ’un e a b o n d
a n te p ru in e à la m a tu r ité q ui es t de d e u x ièm e époqu e.
Chair u n peu moite, ju te u s e , à s a v e u r s im p le , m a is âp re e t a c e rb e .