
« Le Mourvèdre débourre tard et c ra in t peu les gelées p rin tan iè re s, dit
M. Pellicot dans son Vigneron provençal. P eu recherché pour la table en
été, son raisin a plus de qualités comestibles en hiver. J e ne dirai pas qu ’il
se conserve bien, car il est reconnu que les raisins noirs se conservent bien
moins que les blancs ; mais si on le garde longtemps il finit par se dessécher
sans se gâter. »
La culture trè s-éten d u e de ce cépage, les conditions très-diverses dans
lesquelles il a été cultivé ont produit plusieurs variations que l ’on a pu
considérer comme distinctes du Mourvèdre type, mais qui ne p résen ten t
pas des différences assez fixes pour constituer des variétés proprement
dites. Toutes les nuances que peuvent produire la culture et le climat plus
ou m oins favorable ne peuvent d ’ailleurs être considérées comme des caractères
déterminants, mais bien seulement comme des améliorations ou des
dégénérescences du type originel. Le semis seul peut produire des variétés.
M. Pellicot, dans le Vigneron provençal, s’élève avec raison contre la manie
de faire des variétés de tous les cépages qui présentent quelques nuances
insignifiantes, et il démontre avec la plus grande juste sse que les Mourvè-
dres plus ou moins fertiles, à grappes plus ou moins serrées, avec des pédoncules
ou des pédicelles plus ou moins gros, plus ou moins longs, ne sont
après tout que le Mourvèdre proprement dit, e t qu ’en considérant ces
nuances comme des variétés distinctes on ne fait qu ’accroître in u tilem en t
la nomenclature de nos cépages déjà si embrouillée.
C u l t u r e . La souche de Mourvèdre est forte et vigoureuse. Ses sarmen ts,
n a tu rellem en t érigés, ne retombent que sous le poids du feuillage. L a taille
courte lui convient tout particulièrement, d ’abord parce qu’il est n atu rellem
en t fertile e t qu ’une ta ille longue serait trop épuisante pour lui, mais
surtout parce que la m a tu rité de son fruit se fait mal si on laisse u n long
bois. Cette dernière taille n ’est d’ailleurs appliquée nulle p a rt au Mourvèdre,
qui peut très-bien, en raison de sa vigueur et de sa rusticité, être
conduit à grand développement, mais qui doit toujours être taillé à coursons
su r des cordons plus ou moins allongés. « Quoique le Mourvèdre vienne
partout, dit M. Pellicot, il ne prospère e t ne donne tout son produit que
dans les bons terrains. Les calcaires fertiles, les côtes calcaires, pourvues
d ’u n e ce rtaine quantité de te rre végétale, avec roches fendillées au-dessous,
lu i conviennent spécialement ; ce cépage aime à enfoncer ses racines dans
les sous-sols perméables. »
DESCRIPTION.
Bourgeonnement bien duveteux, sans teinte rose ou violacée.
Souche vigoureuse e t rustique.
Sarments forts, érigés, un peu renflés sur les noeuds.
FeniUes moyennes, d ’un vert foncé, légèrement rugueuses à leur page
supérieure, garnies à leur page inférieure d’un duvet blanc, assez compacte ;
pétiole assez long, rougeâtre ; sinus supérieurs u n peu profonds et fermés ;
sinus secondaires peu marqués ; sinus pétiolaire ouvert ; denture assez
large, un peu aiguë.
Grappe conico-cylindrique, ailée, le plus souvent serree, portée par un
pédoncule fort, court ou très-court, d ’u n b ru n sombre dans la partie a tta chée
au sommet.
Grains moyens ou sur-moyens, globuleux, portés par des pédicelles forts
e t u n peu courts ou courts.
Peau épaisse, résistan te, d ’un noir bien pruiné à la ma tu rité qui e st de
troisième époque.
Chair u n peu ferme, ju teu se, sucrée lorsque le raisin est bien mû r, plus
ou moins âpre avant la ma tu rité complète ; saveur simple.