
feuille de la première est plus ample, plus étoffée et moins glabre ; le
sarment est plus gros, de couleur plus claire, moins chargé de vrilles ;
la moelle est bien plu.s développée et les entre-noeuds beaucoup plus
distants ; la grappe est plus volumineuse, moins tassée, plus rameuse ;
les grains plus gros, plus détachés, moins ellipsoïdes. Voilà les p rin c ipaux
caractères différentiels de nos deux Etraires. »
L’Etraire de l'Aduï, que M. de Mortillet caractérise si bien, serait,
suivant les uns, une variété de vigne tout à fait distincte du Persan, que
l ’on aurait obtenue d ’un semis de hasard, trouvé au bord d’une rivière
(l’Aduï) ; suivant d’autres, au contraire, ce serait une simple amélioration
obtenue par la séleclion des boutures, moyen si connu des vignerons
pour l’amélioration des plants. Nous avions partagé jusqu’à ce jour
celte dernière manière de voir, mais devant une affirmation aussi catégorique
que celle de M. de Mortillet et un avis analogue de M. P. Tochon,
deux viticulteurs qui doivent connaître l’Etraire et ses dérivés
Ireaucoup mieux que nous, nous ne pouvons moins faire que d ’adopter
leu r manière de voir, quoiqu’elle soit en contradiction avec notre propre
expérience qui est sans doute en défaut dans cetle circonstance.
Quoi qu’il en soit, nous ne saurions trop recommander le Persan et
surtout l’Etraire de l’Aduï, non-seulement dans la vallée de l’Isère, mais
encore dans toutes les contrées qui se trouvent à peu près dans les
mêmes conditions climatériques. Comme le dit avec raison M. le Président
de la Sociélé d’agriculture de la Savoie, le Persan est un plant
d’une valeur incontestable que l'on devrait faire sortir des limites dans
lesquelles il a été confiné jusqu’à ce jour. Ce cépage conviendrait s u rtout
aux contrées où les vins manquent de solidité, de tenue et de nerf.
Son produit est de longue garde et d ’une solidité à toute épreuve.
Associé avec un bon cépage blanc qui serait mélangé dans la proportion
d ’un dixième, il ne p e rd ra it rien de sa solidité et gagnerait en finesse
et en vinosité.
C u l t u r e . Le P ersan est vigoureux, rustique et bien fertile; il s’accommode
de toutes les tailles et de tous les sois tant so it'p eu convenables à
la vigne. Assez vigoureux pour prospérer dans les sols maigres et secs
des coteaux, il demande une taille généreuse dans les sols riches et
profonds ou bien un grand développement sur cordon.
L'Etraire de f Aduï, plus fertile et par cela même moins vigoureux,
s’accommode mieux de la taille courte qui lui convient spécialement ;
c’est le cépage des coteaux et des vignes basses.
DESCRIPTION.
Bourgeonnement d’un gris roussâtre, fortement duveté, passant au vert
jau n âtre.
Sarments de moyenne force, finement striés ; entre-noeuds de moyenne
longueur.
Fenilles sur-moyennes, aussi larges que longues, d’un vert herbacé,
lisses et glabres à leur page supérieure, parsemées à leu r page inférieure,
surtout le long des nervures, d ’un duvet aranéeux pou abondant ; sinus supérieurs
peu marques ; sinus secondaires presque nuls ou très-peu marques ;
sinus pétiolaire largement ouvert ; pétiole un peu long, peu for
te in té de rouge; dents peu profondes, obtuses ou arrondies.
Grappe moyenne, cylindrico-conique, courtement ailée, un peu compacte;
pédoncule court, fort et ligneux.
Grains moyens, olivoïdes ; pédicelles forts, un pou longs.
Chair peu ferme, juteuse, âpre et astringente, peu su crée; saveur simple.
Pean fine, mince et cependant résistante, d ’un beau noir très-légèrement
pruiné à la ma turité qui est de deuxième époque.