
Le comte Odart, qui habitait dans ITudre-et-Loire le château de la Dorée,
où il avait réuni sa superbe collection de vignes, fait le plus grand éloge dû
Côt, le plan t dominant de son département ; il repousse h au temen t l’accusation
portée contre cette variété par M, Ren d u de produire u n vin plat. Le
vin du Côt, dit notre célèbre ampélographe, est au contraire remarquable
p a r son bon goût, sa belle couleur, sa plénitude et sa fermeté. C’est aussi
ce que nous ont écrit M. Ju le s Seiilan, du Gers, et M. d ’Imb e rt de Mazères,
du Lot-et-Garonne. P a r contre, nous voyons M. le marquis d ’Armailhacq et
M. Petit-La iitte, deux Bordelais très-versés dans la connaissance des cépages,
confirmer plus ou moins le dire de M. Rendu. Cette contradiction
n ’est pas du tout pour nous un e preuve que l ’une de ces appréciations soit
erronée, mais bien la démonstration évidente qu ’il n ’y a rien d’absolu dans
le choix des cépages, e t que le Côt qui donne des vins plats dans le Bordelais
peut les produire très-fermes et très-pleins dans le Gers, le Lot-et-Garonne,
la Tourraine et autres lieux. L a culture que nous faisons depuis
plusieurs années d’une assez grande quantité de Côt nous démontre de plus
en plus l’exactitude de ce principe. Sur les coteaux granitiques du Beaujolais,
ce cépage s’est montré très-délicat ; il a souffert en pleine vigne plus
que toute autre variété de notre collection des hivers rigoureux de 1870 et
1871. Il a été en outre très-long à se me ttre à fruit, il est sujet à la coulure,
sa production est à peine moyenne, et ce résultat a été le même su r les
plants que nous avions reçus du comte Odart que su r ceux qui nous ven
aien t du Bordelais et du Lot-et-Garonne. Ces mauvaises dispositions du
Côt dans la vallée de la Saône nous semblent démontrer avec évidence que
ce cépage ne convient n ullement à notre climat, dont il craint les brusques
variations de température, tandis qu ’il s’accommode trè s-b ien du climat
plus doux et moins variable de nos départements de l ’ouest plus rapprochés
de l ’Océan.
C u l t u r e . La taille longue convient tout particulièrement au Malbeck, et
nous croyons qu ’il sera d’autan t plus robuste qu ’on lui donnera u n plus
grand développement. Dans le Gers, où ce plant est très-estimé, d itM. J .
Seiilan, on le cultive dans la plaine en hau tin s tendus à 1 ou 2 mètres de
h auteur, et sur les coteaux en souches basses avec long bois recourbé sur la
souche. Ces deux modes de taille sont à notre avis les meilleurs à pratiquer,
suivant les différentes conditions où l ’on se trouvera.
DESCIilPTION.
Boargeonncment passant du roux clair au blanc violacé, qui devient
plus clair à l’épanouissement des folioles.
Sarments de moyenne grosseur, à entre-noeuds un peu courts, sensiblem
en t striés par des nuances différentes de l’écorce.
Feuilles sur-moyennes, presque aussi larges que longues, d ’un vert in tense,
glabres et largement huilées à leur page supérieure, po rtan t à leur
page inférieure u n duvet floconneux et assez ab o n d an t; dents courtes,
étroites e t finement aiguës ; sinus supérieurs e t secondaires peu marqués ;
sinus pétiolaire ouvert ; pétiole assez court et fort.
Grappe sur-moyenne, de forme variable, mais le plus souvent pyramidale
et ailée ou rameuse, peu compacte ; pédoncule un peu long ou long, fort
rougeâtre.
Grains sur-moyens, presque sphériques ou sphériques ; pédicelles longs
et forts.
Peau mince, fine, assez résistante, passant au noir pruiné à la maturité
qui est de fin de première époque.
Chair peu ferme, fondante, bien juteuse, à saveur richement sucrée et
agréablement relevée.