
que l'huile empyreumatique de cette fubftance.
On met en tas les bois de cet arbre ; on les couvre
de gazon & on y met le feu : l'huile que la chaleur
en dégage, ne pouvant fe volatilifer à travers le
gazon , fe précipite dans un baquet à l'aide d'une
gouttière , & on la ramaffe pour la difiribuer dans
le commerce fous le nom de goudron. •
8°. La réfine tacamahaca , la réfineélémi 3 la réfine
animé, font peu en ufage. L'arbre qui donne la
première n’elt pas connu. L'élémi vient d'une ef-
pèce tiamyris. La réline animé orientale ou copale,
dont l’origine eft inconnue j l’animé occidentale
ou côurbaril, qui découle de Yhymensa 3 arbre de
l'Amérique méridionale, font employées dans les
vernis.
9°. Le mafiic eft en larmes blanches, farineufes,
d'une odeur foible. Il coule du térébinthe & du
lentifque. On l'emploie comme aftringent 8c aromatique.
On le fait entrer dans des vernis liccatifs.
io°. La fandaraque eft en larmes blanches : on la
retire du genévrier entre le bois & fon écorce.
On l'appelle aufli vernis 3 parce qu'on l'emploie
beaucoup pour ces préparations. On s'en fert pour,
mettre en poudre fur le papier gratté, afin de l'adoucir
8c de l'empêcher de boire.
I i° . La réfine degayac , qui eft verdâtre , s'emploie
contre la goutte. Elle coule'du gayac par in-
cifîons. Plufïeurs médecins la regardent comme
une gomme-réfine.
12°. Le ladanum ou réfine d’une efpèce de cifte
de Candie, eft noirâtre. Les payfans le recueillent
avec un.râteau , auquel font attachées plufïeurs
lanières.de cuir, qu'ils promènent fur les arbres*
ils en forment des magdaléons cylindriques, que
l'on appelle ladanum in tortîs. Il eft altéré par beaucoup
de fable .noirâtre. On l’emploie comme a ftringent.
13°. Le fang-'dragon eft un fuc rouge que l ’on
retire du drac&na draco, & de plufïeurs autres arbres
analogues. Il eft en pains aplatis ou arrondis, ou
en petites fphères enfermées dans des feuilles de
rofeau 8c nouées comme un chapelet. On s’en fert,
en médecine , comme d’un aftringent.
Les gommes-réfines font des fucs mêlés de réfine
8c de matière extraéfcive, qui a étéprife pour une
fubftance gommeufe. Elles coulent par incifion ,
& jamais naturellement, des arbres ou des plantes,
fous la forme de fluides émulfifs blancs, jaunes
ou rouges, qui fe defièchent plus ou moins facilement.
L’eau , l’alcohol, lé vin , le vinaigre, ne
diffolyent tous qu’une partie des gommes-réfines :
elles diffèrent par la proportion de réfine 8c d’extrait,
8c leur analyfe donne des réfultars très-variés.
Les efpèces les plus importantes à connoître
font les fui vantes :
i ° . Uoliban eft en larmes jaunes, tranfparentes,
d ’une odeur forte , défagréable. L'arbre qui le
fournit n’ eft pas connu : on en retire, par la distillation
, un peu d’huile volatile, un efprit acide,
& il laiffe un charbon affez confidérable dû à la
partie extraélive qu’ il contient. On remploie, en
médecine, pour faire des fumigations réfolutives.
20. Le galÜanum eft un fuc gras , d’ un jaune-
brun , d’une odeur nauféabonde. Il coule en Syrie,
en Arabie , au Cap de Bonne-Efpérance , des in-
cifions faites à une plante nommée bubon galbanum,
Diftillé à feu nu , il donne une huile effentielle
bleue , qui devient rouge par la fuite 5 un efprit
acide , une huile empyreumatique pefante. C ’eft
un très - bon fondant 8c un puiffant antifpafmo-
dique.
30. La fcammonée eft d’un gris-noirâtre , d’une
odeur forte 8c nauféabonde , d'une faveur amère
8c très-âcre. On diftingue celle d'Alep, qui eft la
plus pure. Celle de Smyrne eft pefante , noire & j
mêlée de corps étrangers : on l'extrait du convoi- ]
vulus fcammonaa Linn. La racine de.cette plante,
coupée & èxprimée, fournit, un fuc blanc que l’on
fait fécher, &. qui devient hoir. '
La fcammonée contient une quantité variée
d'extrait & de réfine , fuivant les différens échantillons
5 ce qui fait qu'elle produit des effets très-
di.fférens chez divers malades. On l'emploie comme
purgative. Mêlée avec un extrait doux, comme
celui de la régliffe , elle forme le diagrédè ordinaire
: on fe fert aufli, à cet effet, du fuc de c'oing.
On l'adminiftre ordinairement triturée'avec le fucre
& les amandes douces.
40. La gotfrme-gutte eft jaune , rougeâtre , fans
odeur, d'une faveur fort âcre 8c corrofive. Elle
vient de Siam, de la Chine, de l'île de Ceilan : elle
eft extraite d'un-grand arbre peu connu, nommé
dans le pays coddam-pullyelle contient beaucoup
de réfine, qui la rend fortement purgative. On ne
doit l'employer à l’ intérieur qu'avec beaucoup de
réfer ve.
3e. Veuphorbe eft en larmes jaunes, vermoulues
ou variées , fans odeur. Elle coule des incifions
d ’une euphorbe qui croît dans l’Ethiopie, la Libye
& la Mauritanie : elle contient une réfine très-
âcre 5 elle eft fi fortement purgative, qu’on la
range parmi les poifons. On ne l’emploie guère
qu'à l’extérieur, dans les caries.
6°. Vajfa-foetida eft quelquefois en larrfies jaunâtres
, & le plus fouvent en pains formés de différens
morceaux agglutinés. Son odeur d’ail très-
fétide 8c fa faveur amère &, nauféabonde le font
reconnoître. On le tire de, la racine d’une efpèce
de férule qui croît en Perfe, dans la province de
Chorofan. La racine de-cette plante eft charnue
& fucculente : elle fournit, par l’expreflion , un
fuc blanc, d’une odeur affreufe, que les Indiens
mangent comme adfaifonnement, 8c qu’ils appellent
-mets des dieux '. On s’en fert à l’ intérieur comme
d'un puiffant antifpafmodique , & on l'applique
comme difeuffif à l'extérieur.
7°. Valois eft un fuc rouge-foncé-& même brun, j
d’une amertume confidérable^ On enhiftingue de
trois efpèces : l’aloés, fueçotrin , Valois, hépatique , :
Æ Valois caballin: Ils ne diffèrent que par la pureté, j
La première efpèce eft la plus pure. A. Juflieu a \
vu préparer les différens aloés à Morviédro én ;
Espagne , avec les feuilles de l’ aloés commun : on
v fait des incifions profondes * on laiffe couler le
lue j on le décante de deflus fa fécule, & on 1 é-
paiflït au foleil > on l’envoie dans des facs de cuir, ,
fous le nom àV aloés fuccotrin. On exprime les j
feuilles, 8c on deffèche le fuc dépuré par le repos:
c’eft Valoés hépatique. Enfin , on exprime plus fortement
les mêmes feuilles , 8c on en mêle le fuc
avec les lies des deux précédens, pour en former
Valois caballin. Le premier aloés contient beaucoup
moins de réfine que les derniers , qui font
beaucoup plus purgatifs. On fefert de la première
efpèce, en médecine, comme d’un purgatif draf-
tique, & on lui a reconnu la propriété d’exciter
le flux menflruel chez les, femmes , & le flux hémorroïdal
chez les hommes. On le recommande
furtout comme un très-bon hydragogue.
8°. La myrre eft en larmes rougeâtres, brillantes,
d’une odeur forte , affez agréable., d’une faveur
amère, & qui préfentent dans leur fraétion des
llignesblanches de la forme d’un ongle. Quelques-
unes de ces larmes font entièrement gommeufes 8c ■
&des. La myrre vient d’Égypte , 8c furtout d ’Arabie,
de l'ancien pays des Troglodytes. On ne
connoît pas la plante qui la fournit : elle contient
beaucoup plus d’extrait que de réfine. On l ’emploie,
en médecine , comme un très-bon floma-
chique , comme antifpafmodique & cordiale.Oar-
theufer recommande aux gens de lettres qui ont
l’eftomac délicat, d’en mâcher, 8c de l’avaler délayée
dans la falive. On s’en fe r t , en chirurgie,
pour déterger les ulcères faniepx , & pour arrêter
; les progrès de la carie. On l’emploie en poudre
ou diffoute dans l’alcohol. ;f-
9°- La-( gomme ammoniaque eft quelquefois en
larmes blanches à l’ intérieur, Sr jaunes intérieurement
, fouvent en maffes affez femblables à celles
du benjoin : leur couleur blanche & leur odeur
fétide les font aifément diftinguer. On foupçonne
qùe cette gorome-réfîne , qui nous eft apportée
d’Afrique, eft tirée d’ une plante ombellifère , à
caufe des femences qui y font mêlées. Les phénomènes
de la diffolution de cette fubftance par l’eau
& par l’ alcohol , & furtout fon inflammabilité ,
la rapprochent des réfino,-extraéfifs de Rouelle;
;>On fe fe r t, en médecine, de la gomme ammoniaque,
comme d’ un très - bon fondant dans les
obftru&ions rebelles. On la donne à la dofe de
quelques grains en pillules ou enémulfîonj elle
entre aufli dans la cômpofition de plufiturs emplâtres
fondans 8c réfolutifs.
La réfine élefiique ou caout-chou eft une de ces
fubftancés fur U nature defqnelks il eft difficile de
prononcer. Quoique fa propriété combuftible ,
dont on tire parti, en Amérique , pour s'éclairer,
femble la rapprocher des.réfines , fon élaftïcité ,
fa molïeffè, fon indiffolubilité dans les menftrues
qui diffolvent ordinairement ces dernières , font
autant de ca radier es qui l’en, éloignent.
L'arbre qui la fournit (heveaguianenfis Alibi. 8c
peut-être plufieurs autres ) , croît dans plufïeurs
endroits- de l’Amérique. On fait des incifions en
large fur fon écorce, & on a foin qu’elles pénètrent
jufqu'au bois : on reçoit dans un vaiffeau le fuc
blanc 8c plus ou moins fluide qui en découle, pour
en former différens uftenfiles : on [’applique par
couches fur des moules 5 on les laiffe fécher au
foleil ou au feu j on y fa it, à l’aide d’ une pointe
de fe r , des deflîns très-variés : on expofe ces uftenfiles
à la fumée, & lorfqu’ ils font bien fecs on
caffe les moules. Telle eft la manière dont on fabrique
les bouteilles & les différens uftenfiles de
gomme élaftique, qu’ on envoie en Europe. Les
vafes qui font faits de cette matière, peuvent contenir
de l’eau 8c différens fluides qui n'ont pas
d’ adtion fur elle. Si on la coupé en lanières , 8c
qu'on applique fes bords récemment coupés , ils
fe rejoignent & fe recollent affez bien.
Quant aux réfines qu’on a cru devoir diftinguer
fous le nom de baumes, elles diffèrent peu des réfines
proprement dites 5 cependant les chimiftes les
réparent, en ne donnant le nom de baume qu'à
celles de ces fubftancés inflammables les plus odorantes,'
qui peuvent communiquer à l’eau leur
odeur fuave, & qui furtout contiennent un fe!
acide, odorant 8c concret, qu’on peut obtenir
par la iublimation ou par la décodtion dans l’eau.
Les efpèces de baumes les plus intéreffantes
peuvent fe réduire aux trois fuivantes :
i° . Le benjoin. On en diftingue de deux fortes.
Le benjoin amygdaloide , formé de larmes blanches
, femblables à des amandes liées par un fuc
brun * il reffemble au nougat. Le benjoin commun
eft brun 8c fans larmes * il répand une odeur très-
fuave lorfqu’on le fond ou lorfqu’on le pique avec
une aiguille chaude : l’arbre qui le fournit, paroît
; être le te;minalia benjoin , d’après Linné fils , &
; non le laurus benjoin, comme le croyoit fon père.
Le benjoin vient du royaume de Siam & de
l’ île de Sumatra j il ne donne que peu d’huile volatile
, à caufe de fa foîidité : l’eau bouillante en
extrait un fel acide, en aiguilles, dont l’odeur eft
forte , & qui criftallife par refroidiffement. On le
retire aufli par la fublimation : on le nomme alors
fleurs de benjoin.