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des arbuftes exorques à l’Europe, qui s’étendent
très au loin à l’aide de leurs rameaux &: branches
radicantes , Couvent oppofées , ainfi que les feuilles
qui font entières 3 coriaces 3 roulees dans leur
jeune (Te comme celles de figuiers, & munies de
bradées caduques. Les fleurs font fupportées par
des pédoncules axillaires ou terminaux 3 Couvent
dichotomes j articulés 3 & garnis de deux bradées.
Les fruits font pendans.
Le caractère eflentiel de ce genre eft d’avoir :
Un calice a quatre ou,huit divifions une corolle
a quatre ou huit pétales 3 des étamines en même nombre
ou doubles j un fiyle 3 deux Jligmates ; une femence
très-longue 3 charnue a fa bafe.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
Chaque fleur offre :
Ie. Un calice divifé en quatre ou huit découpures
oblongues, acuminées 3 perfiftantes.
i ° . Une corolle compofée de quatre à huit pétales
oblongs, élargis à leur bafe 3 alternes avec
les divifions du calice.
3°. De quatre à huit étamines3 le même nombre
que les pétales ou le double, dont les filamens
très-courts font inférés fur leurs onglets par paires
ou fimples.
4°. Un ovaire inférieur, arrondi, furmonté d’un
fiyle fubulé , terminé par deux fligmates aigus.
Le fruit eft inférieur ou à demi inférieur, à
une feule lo ge, à une feule femence capfulaire,
d’abord renfermée dans le difque du calice , fe
faifant jour enfuite par une ouverture au Commet,
commençant à germer avant fa fortie , brifant en-
fuite Tes enveloppes, & fe prolongeant fous la
forme d’ un corps cylindrique très-long, épaifli à
fon Commet.
ôbfervations. Ce genre offre, dans la plupart de
fes efpèces, des détails & des particularités très-
fingulières. Souvent un feul arbre peut former,
en peu de tems, une forêt entière, par la propriété
des rameaux de s’enfoncer dans la terre
par leur Commet, d’y développer des racines , &
de produire des troncs femblables à ceux auxquels
ils tiennent. La fru&ification n’eft pas moins étonnante
, ainfi qu’on le verra dans le détail des efpèces
, & fur laquelle on peut confulter l’article
P a l é tu v ie r (v o l. 4. pag. 696). Les palétuviers
forment dans cet ouvrage une famille particulière,
qui n’eft encore compofée que de deux genres,
l’un defquels, le brugniera, a été détaché des rhi-
%ophora, & que Linné avait nommé rhi^ophora
gymnorhifa.
Gærtner a formé du rhi^opkora corniculata de
Linné un genre particulier fous le nom d''Agiteras,
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dont il diftingue deux efpèces, Y sgiceras maps
la même plante que le rhi\ophora corniculata, 8c
Y&giceras minus , dont Rumphius a donné la figure
fous \e nom cY umbraculum maris. (Rumph. Amboin.
vol. 3. pag. 124. tab. 82. )
En attendant que ce nouveau genre puifle être
préfenté dans le fupplément de cet ouvrage, nous
citerons ici fon caraâère eflentiel, qui confifte en
un calice campanule, perfifiant, coriace , a demi divifé
en cinq découpures j une corolle a cinq petales 3 cinq
étamines (d'après Rumphius )j un feul fiyle. Le fruit
cfi une capfule arquée , a une feule loge , s'ouvrant a
fon côté convexe , contenant une femence de même
forme. C e genre ne paroît pas devoir appartenir à
la même famille que les rhizophores.
E s p è c e s .- a
I . RHIZOPHORE manglier. R h i^ o p h o ra mangle,
Linn.
Rhiqophora foliis acutis , fru&ibus fubulato - cia-
vatis. Linn. Spec. Plant, vol, 1. pag. 634.— Lam.
Illuftr. Gener. tab. 3 96. fig. 1. — Gacrtn. de Fruft.
& Sem. vol. 1. pag. 212. tab. 45. fig. 1.
Rhi^ophora pedunculis bifidis, trifidifque >fruftibm
fubulato-clavatis. Jacq. Amer, pag 141. tab. 89,
Rhi^ophora fegmentis calicum perfijientibus, refit-
xis y fruclu acuminato. Wach. Ultr. 90.
Rhiçophora utrinque brachial a , foliis elliptico-
ovatis, fummis ramis difpofttis. Brown. Jam. 211.
Mangle arbor pyrifolia , fruëtu oblongo - tereti,
fummis ramis radicofa. Pluken. Almag. 241. tab.
104. fig. 3.
Candela americana , foliis laurinis. Catesb. Car.
2. pag. 63. tab. 63.
Mangle aquatica , foliis fubrotundis 6? punciûtis,
Plum. Gen. 13.
Mangle py ri foliis , cum filiquis longis t ficui indict
M nis. J. Bauh. Hift. 1. pag. 415. — Sloan. Jam.
iyy .Hift. 2. pag. 63. — Rai, Hift. 1772.
Mangium calendarium. Rumph. Amboin. 5 . pag-
108. tab. 7 1 . 72.
Peekandel. Rheed, Malab. vol. 6. pag. 91. tab.
34. — R a i, Hift. 1770.
Margue guapariba. Pifon, Brafil. lib. 4. cap. 87.
Vulgairement manglé, manglier, palétuvier.
C et arbre s’élève à la hauteur d’ environ cinquante
pieds. Son bois eft blanchâtre, & rougit
dans l’eau lorfqu’il y a été macéré. Son écorce eft
très-épaiffe, de couleur brune foncée.. Les rameaux
forment de longs jets qui pendent jufque
fur la terre, s’y attachent par des racines, & pro-
duifent de nouveaux troncs3 qui continuent à fe
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multiplier de la même manière. Ces rameaux font
garnis de feuilles oppofées, pétiolées, longues de
trois à fix pouces, ovales, très-entières, légèrement
rétrécies à leur fommet, obtufes, luifantes,
coriaces, d’ un vert fonce à leur face Inférieure,
d’un vert jaunâtre en defl'ous, couvertes de points
noirâtres. Chaque paire de feuilles, avant fon développement
, eft enveloppée de deux longues
bradées qui durent p eu, & biffent fur les tiges
deux cicatrices qui alternent avec les feuilles.
Les fleurs font axillaires , fupportées par un
pédoncule commun, long d’un à deux pouces,
folitaire, comprimé , fiilonné dans fon milieu,
ordinairement ’bifide à fon fommet, terminé par
deux fleurs, quelquefois trois , munies de pédoncules
propres, cylindriques, longs d’environ un
demi-pouce, & qui s’alongent jufqu’à la longueur
de deux pouces à la maturité des fruits.
La corolle eft blanche, quelquefois légèrement
odorante 5 le calice jaunâtre 5 quatre pétales linéaires
, lancéolés , très - velus en dedans , réfléchis
; entre les folioles du calice, & un peu plus courts ;
les filamens prefque nuis 5 huit anthères linéaires,
lancéolées, très-caduques, & qui s’ouvrent à leur
bafe avec une forte élafticité. Une femence renfermée
dans le difque du calice qui devient une
forte de capfule, épaiffe, oblongue-j l’embryon
de cette femence eft environné par un périfperme
■ charnu, très-épais.
Dès que cette femence eft parvenue à fa maturité
, fa germination commence auflitôt, quoique
renfermée dans la capfule : la radicule en brife le
fommet, fe prolonge confidérablement : alors la
femence, entraînée par ce poids, devient pen-
; dante, finit par fe détacher de la capfule, & par
fa chute s’enfonce en terre par fon fommet, dans
une pofition verticale, où elle prend peu après un
développement inverfe du premier.
Cet arbre croît dans les terrains marécageux,
en Amérique, & fur la côte du Malabar. T? ( V. f
in herb. Lamarck. )
Son bois eft blanchâtre j il n’ eft guère bon qu’à
brûler: l’écorce eft très-propre à tanner les cuirs.
On emploie les fruits aux mêmes ufages. Ces arbres
forment des forêts immenfes , très-épaiffes
dans lès terrains mous, incultes, inondés par les
eaux de la mer. Ces forêts font prefqu’impéné-
trables 5 elles font remplies d’un fi grand nombre
d’infeâes, connus fous la dénomination vague de
moufquites, que les fauvages eux-mêmes peuvent
à peine en fupporter la piqûres, mais auxquelles
un Européen ne pourroit réfifter. Une multitude
innombrable d’oifeaux, & fur tout-les aquatiques,
: y établirent leur retraite : c’eft aufli le féjour d’une
immenfe quantité de crabes , & dans les lieux que
les eaux ae la mer inondent fréquemment, elles
y dépofent beaucoup d’huîtres qui reftent atta-
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chées aux arbres. Ces terrains mous & inondés
feroient abfolument inabordables fi les branches &
les rameaux des arbres qui compofent ces forêts ,
n’offroient, par leur entrelacement, leur foupleffe
& leur folidité, une efpèce de fol affez ferme
pour que les chsffeurs puiffent y aborder avec
plus de fatigues que de dangers : mais les fauvages
font les feuls que cette forte de chaffe puifle
tenter j ils en font Sien dédommagés par l’abondance
du gibier de toute efpèce qu’elle leur
fournit.
2. Rhizophore mucroné. Rhi^ophora mucro-
nata.
Rhi^ophora foliis ovatis , obtufis , macronatis ;
racemis nutantibus, bafi dichotomis. (N .) Lam. 111«,
Gener. tab. 396. fig. 2.
Cet arbre ou arbrifleau a des rameaux très-
épais, raboteux, revêtus d’une écorce jaunâtre,
couverts par les impreflions des pédoncules après
leur chute } garnis de feuilles nombreufes, épar-
fes, très-rapprochées, pétiolées , glabres , coriace
s , ridées & ponctuées à leur face inférieure,
liftes, prefque luifantes, & marquées de nervures
fines, latérales à leur face fupé-ieure, entières i
leurs bords , ovales , arrondies , obtufes à leur
fommet, dans le milieu duquel fe trouve une
pointe affez longue, roide , droite, fubulée.
Les fleurs font difpofées', vers ^extrémité des
rameaux, en grappes courtes , latérales , pendantes,
dont les pédoncules, épais, très-glabres, font
ordinairement dichotomes à leur première divi-
f i o n & même à leurs autres ramifications. A la
bafe de chacune d’elie exifte une braétée courte,
épaiffe, à quatre ou cinq divifions ovales, aigues.
Le calice eft d’ une feule p ièce, à quatre divifions
glabres, ponctuées, courtes, obtufes, concaves.
La corolle eft compofée de quatre pétales oblongs,
concaves , obtus , ponctués extérieurement. Les
étamines font au nombre de h u it} l’ovaire eft
ovale, à quatre faces.
Cette plante croît à l’Ile-de-France. T? ( V . f
in herb. Lamarck. )
3. Rhizophore à fruits cylindriques. Rhiço-
phora cylindrica. Linil. x
Rhi^opkora fruâiibus cylindricis , obtufis. Linn.
Spec. Plant, vol. 1. pag. 635.
Karil-candel. Rheed, Malab. vol. 6. pag. 19.
tab. 33. — Rai, Hift. 1770.
Mangium minus. Rumph. Amboin. 3. pag. 10&
tab. 69. -— Burm. Flor. ind. pag. 108.
C ’eft un arbrifleau qui s’élève à quinze ou dix-
huit pieds, dont les rameaux font bien moins
nombreux que dans les autres efpèces, garnis de
feuilles oppofées, médiocrement pétiolées, ova