
Les fousdivifions établies par Linné, pour ladif- |
tribution des efpèces, offrent plufieurs inconvé-
niens, dont le plus effentiel eft de féparer quelques
efpèces qui devroient fe trouver placées à la lui te
les unes des autres par leurs rapports' naturels j
elles ne font pas d'ailleurs parfaitement tranchées.
Par exemple , il fe rencontre, parmi les efpèces à
feuilles glabres , des variétés qui font ou légèrement
pubefcentes ou velues , mais dont le duvet
difparoît à mefure que les feuilles vieillirent. Dans
la divifion des feuilles fimples , on en trouve qui
font obfcurément dentées > &c. Malgré cela j'ai
confervé ces fousdivifions, faute de pouvoir y en
fubftituer de meilleures, étant propres d'ailleurs à
faciliter la diftinétion du plus grand nombre des
efpèces.
Les faules, dit Duhamel, font des arbres très-
utdes. Une bellefaujfaie, bien entretenue de foffés,
& dont les arbres font vigoureux , bien nétoyés
du menu bois inutile qui dérobe la fève aux perches
, une telle faujfaie 3 quoique plantée de têtards,
c'eft-à-dire, d'arbres qu'on étête tous les
huit ou neuf ans, produit un très-bel effet. D'ailleurs,
il y a peu d'arbres d'un plus beau port qu'un
faule vigoureux, à qui Ion a ménagé une belle
tîge, & que I on n'a point étêté. Nous avons'des
plants de ces faules, d’un afpeét extrêmement agréable.
Cet arbre peut donc fervir à décorer les parties
marécage ufes. des parcs $ & fi le iieu eft trop
humide pour qu'on puiffe s'y promener, on a du
moins l'agrément d'avoir de beaux points de vue.
Quant à futilité des faules , celui que l’on
nomme ofier 3 & qii'cn plante ordinairement dans
les vignes, fert à accoller les ceps. On l’emploie
encore à plufieurs autres ufages.pour le jardinage,
mais on ne fe fert ordinairement que des menues
branches. On fend en deux ou trois les gros brins,
fuivant leur groffeur , & ils fervent alors aux tonneliers
pour lier leurs cerceaux. Les vignerons
s’occupent, pendant l'hiver, à refendre l’ofier de
leur récolte quand la rigueur de cette faifon ne
leur permet pas de fe livrer à d'autres travaux.
L'ofier , particuliérement celui à écorce jaune,
fert aux vanniers pour différens ouvrages. Les
ofier s menus ou d'efpèce fujète à rompre, s’emploient
avec leur écorce aux ouvrages les plus
j au lieu de ployer quand on veut en faire des Iieiis,
tels que les faules marceaux, fourniifent de grandes
& de petites perches. Ces dernières font livrées
aux vanniers, qui les refendent en lattes pour
en faire la charpente de leurs ouvrages. Les plus
grofles perches font refendues en deux ou en trois,
& l’on en fait des cerceaux qui né font pas à la
vérité de longue durée j enfin, les plus grandes
perches font refendues en trois ou quatre, pour
fervir d'échalas dans les vignes, ou bien on les
refend pour en faire des édifies pour les fromages,
ou des ferches qui fervent de bordure aux cribles,
communs. L'ofier jaune, qui eft de belle venue ,
ne s’emploie qu'écorcé, & pour cela les vann'er$
con fervent ces ofiers en botte dans leur cave juf-
qu'à ce qu’ils pouffent & qu’ils foient en pleine
fève } alors ils emportent facilement l’écorce en
Jes paffant dans une mâchoire de bois, & ils affu-
jettiffent avec des liens ces ofiers écorcés par
bottes, pour empêcher qu'ils ne fe contournent
en divers feus. Lorfqu’ils veulent les employer ,
ils les mettent tremper dans l'eau pour les rendre
plus fouples.
Les faules fragiles, c'eft-à-dire, qui rompenç j
Pour tirer parti de ces échalas, il faut les con-
ferver pendant un an en bottes bien liées, afin
d'empêcher qu’ils ne fe recourbent5 autrement,
étant courbés, ils fe rompent quand on les enfonce
en terre : au bout de ce tems ils font prefque d’un
auffi bon ufagèyque ceux de chêne. Lés gros faules
qu'on a laiffé. venir en futaie fans les étêter, fervent
à faire des planches, que l’on emploie comme
celles du tilleul & du peuplier. L'écorce que les
vanniers enlèvent de deffus l'ofier,» fert aux jardiniers
, dans le tems de la greffe, pour lier leurs
écufîons.
E s p È c e s. ’
* Feuilles glabres & dentées.
1. Saule à une étamine. Salix monandra. Hoff.
Salix fo liisferratis , glabris , Uneari-lanceolatis,
fuperioribus obliquis, Hoffm. Hift. falic. pag. 18.
tab. 1. fig. 1 , 2 j tab. j . fig. 1.
& Salix ( purpurea ), fo liis ferratis, glabris, lan-
ceolatis j inferioribus oppofitis. Linn. Syft, veget.
pag. 879.0°. 12. — Flor. fuec. 2. n°. 884. — Iter
Scan. 2j 2. — Miller.., Diéfc. n°. 7. — Scholl. Barb.
n°. 790.— Pollich. Pal. n°. 919.’-— Doerr. Naff.
pag. 270.—-Retz. Prodr. Flor. fcand. n°. 1087.-—
Hudf. Flor. angl. edit. 2. pag. 427. — Leers, H e r -
born. n°. 74 r. — Scopol. Carn. edit. 2. n°. 1209.
— Lam. Flor. frar»ç. vol. 2. pag. z i 6. n°. 241.
Sa lix rubra , minima , fragilis j folio longo , an-
gu f i o. J. Bauh. Hift. 1. pag. 215.
Salix fo lio longo, fubluteo , non auriculata ; vi-
minibus rubris. Rai, Angl. 3. pag. 4yo.
Salix amerina. Dalech. Hift. 1. pag. 274.
Salix monandra. Ardu in, Mémoire 1. Spec. 6j.
tab. 11.— Flor. lappon. tab. 8. fig. U. ?
Sali# vulgaris 3. rube n s . C. Bauh. Pin. 4 7 3 . n ° .
Tourrief, lnir.- R. Herb. y 50. — Duiam. Arbr.
vol. 2. pag. 244. n°. 17. '• , fi. Salix (helix ) 3 fo liis ferratis,glabris lanceolato
-linearibus ,fupt rioribus oppofitis, obliquis. Linn
Syft. veget. pag. 879. n*. 13. —Roy en Lugil
[ Bat. 83. n". 4. - Dalib. Parif.V©
HXM iller Dit?
pjft, n®. 12.— Muller, Fridr. n0.79-i.— Necker,
Gallob. pag. 397. — Duroi ,Obferv. botan. n°. y.
—Idem, Harbk. 2. pag..398.—Gouan, Illuftr. 76.
— Leers, Herborn. n°. 7J2. — Doerr. Naïf. pag.
270.— Pollich. Palat. n°. 920. Light. Flor.
Scot. pag. 597. — Mattufch. Sil n°.7ii. — Idem,
Enum. n°. 931. — Hudf. Flor. angl. edit. 2. pag.
427. — Lam. Flor. franç. vol. 2. pag. 116 . n°. 241.
Salix monofiemon 3 fo liis glabris 3 lineari-lanceola-
tis I ferratis , fuperné conjueatis : iulis tomentofis.
Haller, Hift. n°. 1640.
Salix humilior , fo liis angufiis, fubc&ruleis , ex
aiverfo binis. Rai, Hift. 1421. — Cantab. 144.
Salix humilis , capitulo fquamofo. C. Bauh. Pin.
474. ng. 11.— Tourn. Inft. R. Herb. y'91. ■— Du-
ham. Arbr. vol. 2. pag. 244. n°. 8.
Salix helice Tkeophrafti. Dalechamp , Hift. 1.
pag. 279. Icon.
Salix tenuior 3 fo lio minore , utrinquè glabro 3 fra gilis.
J. Bauh. Hift. 1. pag. 213. fig. 2.
Vulgairement ofier rouge des vignes, petit faule
à tête écailleufe.
Ce faule, un des plus communs dans les contrées
méridionales de l'Europe, varie tant par la
couleur de fes rameaux , que par fa grandeur &
fon port. Linné avoit cru pouvoiry diftinguer deux
efpèces, que des obfervations plus fuivies ont fait
difparoître, & ont à peine réduites à de fimples
variétés.
C’efhin arbrifleau qui s'élève à la hauteur de fix
àfept pieds, quelquefois moins j d'autres fois auffi
il prend la forme d'un arbre de médiocre grandeur.
Son trône eft glabre, cendré ; les rameaux
très-nombreux, effilés, très-alongés, fort fouples,
glabres, alternes, les fupérieurs quelquefois op-
pofés. Ils font,-dans leur jeuneffe, d’une couleur
rouge ou purpurine. Ils deviennent jaunâtres avec
fâgè, & cendrés dans leur vieilleffe j revêtus
d'un vernis luifant. Les feuilles font pétiolées,
alternes ou oppofées, ovales, lancéolées ou linéaires
, élargies & dentées en feie à leur partie
fiipérieure , rétrécies & entières à leur partie inferieure,
glabres en deffus , d'un vert glauque &
bleuâtre en deflous, quelquefois revêtues d'un duvet
fugace., longues d’environ trois pouces, fur un
de large > traverfées par une nervure blanche ou
rouffâtre ; les feuilles fupérieures très-fouvent oppofées
j les pétioles glabres, courts , canaliculés.
Les fleurs font dioïques , difpofées en chatons
mâles ou femelles, fur des pieds féparés. Les chatons
mâles font alternes ou oppofés, cylindriques,
tomenteux, obtus, médiocrement pédonculés,
compofés d'écailîes imbriquées y ouvertes , réfléchies
, concaves, ovales ou un. peu arrondies,\ci-
hees à leurs bords, particuliérement vers leur
Bo tant que. Tome V I .
fommet ; noires ou rougeâtres, blanches à leur
bafe. Il n’y a qu'une étamine pour chaque fleur,
dont le filament eft pubefceht à fa bafe, deux ou
trois fois plus long que l'écaille, terminé par une
anthère à quatre lobes, à huit loges.
Les chatons femelles, plus courts que les mâles,
médiocrement pédoncules, cylindriques, obtus,
munis à leur bafe, ainfi que les chatons mâles, de
deux ou trois feuilles linéaires, lancéolées 3 l'ovaire
eft ovale, foyeux ou un peu globuleux,
d'un vert-pâle 5 le ftyle très-court, prefque nul ;
deux ftigmates à deux ou quatre divifions obtu-
fes , jaunes ou rougeâtres , noires en veilliffant ;
une petite écaille intérieure, très-courte à la bafe
de l ’écaille extérieure, quelquefois bifide. Le
fruit eft une capfule ovale , foyeufe, un peu cendrée
, comprimée de chaque côté , s'ouvrant par
fon fommet en deux valves réfléchies, à une feule
loge , renfermant une feule femence ovale, lancéolée,
un peu brune, environnéé à fa bafe d'une
aigrette courte, compofée de poils flexueux^ en-»
tortillés.
Les piqûres d’uninfeêle, qui eft probablement
le cynips du faule, occafionnent vers l'extrémité
des rameaux de cette plante une excroiflance en
forme de tête écailleufe, qu'on nomme rofe de
faule. -
Cette plante croît naturellement dans les lieux
humides , fur le bord des folles, le long des
haies, en France, en Allemagne, en Italie, &c.
On fe fert avantageufement de cet arbrrffeau
pour empêcher I'éboulement des terres fur le
bord des rivières, pour fixer la mobilité du fable.
Ses rameaux y longs, fouples & plrans, procurent
un ofier employé, ou comme ligature , ou pour
fabriquer des paniers, des corbeilles & plufieurs
autres inftrumens économiques. Son ufage eft
très-répandu : l’arbre fert auffi à faire de très-
bonnes haies.
2. Saule fendu. Salix fijfa. Hoffm.
Salix fo liis integris , oblongo-lanceolatis , acumi-•
natis 3 glabris. Hoffm. Hift. Salie, vol. 1. pag. 6 1 .
n°. 9. tab. 13 , 14. fig. 1 , 2 , 3,4.
Salix el&agnos, filamento unico 3 bifido ; ratr.is
antheriferis. Scopol. Carn., edit. 2. ti°, 1210, ?
Ce faule , qui fleurit en même tems que le fa lix
monandra , pourroit.être confondu avec lui : il en
eft diftingué par les filamens des étamines fendus ,
de furtout par fes feuilles oblongues, lancéolées ,
à peine denticulées, ou dont les dentelures fem-
blent être autant de, petites glandes.
Cet arbriffeau ne s'élève qu’à cinq ou fix pieds
de haut > quelquefois cependant il parvient à U
hauteur de quinze ou vingt pieds : fon écorce eft
glabre, cendrée j fes rameaux épars, diffus, fou*
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