
Ses racines font fibreufes , courtes, menues 5
elles produifent des tiges nues , glabres , cylindriques
, filiformes, hautes de deux à trois pouces
au plus, garnies à leur bafe de feuilles radicales
nombreufes, prefque difpofées en gazon , très-
étroites , linéaires, {Impies , redreffées , afTez approchantes
de celles des graminées , plus courtes
que les tiges : celles-ci fe terminent par une feule
fleur fort petite.
Le calice eft compofé de cinq folioles étroites,
colorées, qu’ on prendroit d’abord pour la corolle :
celle-ci confiée en cinq pétales très-courts , tu-
bulés en cornet. Les étamines , ordinairement au
nombre de cinq , varient de quatre à v in gt, dif-
P^fées fur un feul rang. Du centre de chaque fleur
s’élève un grand nombre d’ovaires très-ferrés, formant
d’abord un petit cône aigu 3 un peu plus
long que le calice : il s’alonge enfuite à mefure que
la fructification fe perfectionne , & acquiert quelquefois
jufqu’ à un pouce de long : il forme alors
une queue droite & fubulée , fur laquelle les fe-
mences font rangées dafis un ordre lÿmmétrique
très-agréable, fans aucun intervalle.
Cette plante croît en Europe 3 fur les collines
arides & dans les terrains fecs & fabloneux. On
la trouve aux environs de Paris, à Villers - Co-
terêts , & c . O ( K .v . )
RA VEN AL A. Ravenali1. Genre de plantes rao-
nocoty lédones, à fleurs incomplètes , 'de la famille
des bananiers , voifin des helieonia 3 qui comprend
des arbres exotiques à l’Europe, dont les tiges, fimples
, font terminées par des feuilles en éventail,
& les fleurs en fafcicules oppofés.
Le caractère effendel de ce genre eft d’avoir :
Une fpathe commune 3 muliiflore y un involucre
partiel a.deux folioles y une corolle a quatre divifions y
fix étamines très-longues y un fiigmate a Jix dents y une
cap fuie à trois loges polyfpermes.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e »
Chaque fleur offre :
? fpathe commune, à plufieurs fleurs ,
d’une feule pièce, ovale, lancéolée} une fpathe
partielle, bifide.
I Point de calice.
| 2.p* Une corolle à quatre pétales alongés, étroits,
aigiis, creufés en gouttière, l’inférieur plus large,
enveloppant les organes,de la fru&ification.
30. Six étamines f dont les filamens font aufli longs
que les pétales, un peu courbés fupérieurement,
fupportant une anthère linéaire , très-longue, ad-
née au filament.
4°’ Un ovaire inférieur, alongé , furmonté d’un
.ftyle de la longueur des étamines, terminé par’un
ftigmate épais, diviféen trois dents bifides, con*
niventes.
Le fruit eft une capfule épaiffe , alongée, triangulaire
, divifée intérieurement en trois loges polyfpermes
, s’ouvrant en trois valves à fon Commet*
contenant des femences ovales, noirâtres, enveloppées
chacune d’une pellicule d'un beau bleu de
ciel.
Obfervations. Ce genre fe diftingue par fes cap-
fules à trois loges polyfpermes, de Y helieonia ,
dont les capfules font monofpermes , & du-bana-
nier ( mufa ) , en ce que celui-ci n’a qu’une capfule
à une feule loge.
E s p è c e .
1. R a v e n a l a de Madagascar. Ravenala made-
gafearienfis. Sonnerat.
Ravenala foliis ellipticis , petiolatis , flabellatis
fpaihis axillaribus , fuboppofitis. (N.)
Ravenala.' Sonnerat. Voyag. vol. 2. pag«. 223.
tab. 124. 126. — Lam. Illuftr. Gener. tab. 222.
JufT. Gener. Plant, pag. 61.
Voafoutfi. Flacourt. Hift. de Madag; pag. 123.
n°.23.
Le ravenala s’élève fort haut fur un tronc droit,
très-fîmple , femblablè à celui des palmiers , marqué
par les impreflions circulaires des anciennes
feuilles ; d’ un tiffu filamenteux , terminé par un
grand nombre de feuilles difpofées en un bel évén-
tail, a fiez femblables à celles du bananier , mais
plus longues & plus épaiffes, prefqu’elliptiques ,
obtufes à leur Commet, un peu échancrées en coeur
à leur bafe , fupportées par des pétioles longs de
deux pieds, élargis à leur bafe, très-rapprochés.#
prefqu’ oppofés.
Les régimes qui portent les fleurs & les fruits ,
naiffent dans l’ai {Telle des feuilles, & font également
difpofés en éventail. La fpathe commune eft
dure, fort épaiffe à fa bafe , charnue, contenant
dix à douze fleurs, chacune d’ elles munie d’une
fpathe partielle , partagée en deux pièces longuës,
pointues , perfiftantes, enveloppant la fleur avant
fon épanouiffement.
La corolle eft blanche , divifée jufqu’ à fa bafe
en quatre fegmens ou en quatre pétales étroits,
canaliculés -, dont l’ inférieur, plus épais que les
autres, renferme les organes de la fécondation.
Les filamens des étamines font durs, coriaces, un
peu épaifïis à leur bafe, longs d’environ fept pouces
: à deux pouces au deffus de leur bafe eft une
cannelure qui règne jufqu’au Commet, &r qui contient
la pouflière fécondante. Le ftyle eft auflî long
que la corolle & les étamines ; il eft ferme ^ anguleux
,-ftrié, épaiflî vers le ftigmate.
R A V
Cet arbre croît à Madagafcar, dans les lieux 1 E S P È C E.
marécageux, fy ( V. f . in herb. Lam. & Juff. &
Defcript. ex Sonnerat. )
Les Madégaffes fe fervent de fes feuilles pour
couvrir leurs maifons. On l’a tranfportë à l’ Ile-de-
France , où il a très-bien réuffi. Flacourt en fait
mention dans fon Hiftoire de Madagafcar, .fous le
nom de voafoutfi : il. dit que les Madegaffes font de
l'huile avec cette pellicule d’un beau bleu , qui enveloppe
les femences , & que de celles-ci ils en |
font de la farine qu’ils mangent avec du lait.
RAVENSARA. Agatophyllum. Genre de plantes
dicotylédones1, à fleurs dioïques, de la famille des
lauriers , qui comprend des arbres exotiques , à
feuilles alternes, à fleurs paniculées, axillaires &
terminales , dont les fruits font très-aromatiques.
Le cara&ère effentiel de ce genre eft d’avoir :
Des fleurs dioïques ; un calice entier , fort petit ,
tronqué au fommet y fix pétales velus intérieurement y
une noix drupacée , contenant une femence a fix lobes
i iférieurement.
C a r a c t è r e g énergi que .
Les fleurs font dioïques. Chaque fleur mâle offre :
i° . Un calice inférieur, entier, fort petit, tronqué
à fon fommet.
20. Une corolle à fix pétales inférés fur le calice,
courts, ovales , velus intérieurement.
30. Douze étamines.3 dontles filamens font courts,
lix inférés fur le calice } fix alternes, attachés à la
bafe des pétales, terminés par des anthères arrondies.
4®. Point de pifiil, quelquefois le rudiment d’un
ovaire ftérile.
Chaque fleur femelle offre :
i° . Un calice & une corolle comme dans les fleurs
mâles'.
2°. Des étamines ftériles , quelquefois nulles.
3°. Un ovaire fupérieur, fort p etit, chargé d’ un
ftyle très-court, terminé par un ftigmate pubefeent.
Le fruit eft une noix drupacée, renfermée dans
une coque dure , coriace , aromatique, ainfi que
la pulpe ou le brou, renfermant une amande blanchâtre
, divifée inférieurement en fix lobes.
Obfervations. Sonnerat a regardé ce genre comme
préfentant des fleurs hermaphrodites; mais les individus
que M. Lamarck poffède dans fon herbier,
ont été reconnus par lui comme dioïques, & très-
remarquables en ce que les fleurs mâles forment
de petites panicules , tandis que les femelles,font
folitaires.
*Botanique. Tome K l.
1. Ravensara aromatique. Agatophyllum aro-
maticum. Sonnerat.
: Agatophyllum foliis ovatis , coriaceis , b a fi acutis ;
fioribus majeulispaniculatis3 femineis folitariis. (N .) -
Agatophyllum. Lam. ïlluûr. Gener. tab. 825. —
— Juff. Gener. Plant. 431.
Ravenfara aromatica. Sonnerat. Voyag. vol. 2.
pag. 226. tab. 127.
Voaravendfara. Flacourt. Hift. de Madag. p. 125.
n°. 24.
Evodia ravenfara. Gærtn. de Fruèt- & Sem. 2.
pag. 101. tab. 103. fig. 2. — Lam. Illuftr. Gener.
tab. 404.
C ’eft un arbre gros & touffu , dont la cime eft
pyramidale, comme celle du giroflier : fon tronc
eft revêtu d’une écorce rouffâtre & odorante ; fon
bois , dur,.pefant, fans odeur , blanc & mêlé de
quelques fibres rouffâtres > les .rameaux, garnis de
5 feuilles pétiolées , fimples, alternes , ovales, entières.,
un peu aiguës ,;pltis fouvent obtufes , rétrécies
à leur bafe , fermes , coriaces , glabres à
leurs deux faces, vertes en deffus, blanchâtres &
un peu glauques en deffous, portées fur un pétiole
court.
Les fleurs font fort petites, les mâles difpofées
en petites panicules axillaires, terminales ; les fleurs
femelles axillaires, folitaires. Les fruits font arrond
is , de la groffeur d’une forte cerife , contenant
une amande d’une fa veur âcre, piquante, qui prend
à la gorge, & qui eft prefque cauftique. La coquej
ainfi que le. brou, eft très-aromatique.
Le ravenfara, dit M. C e r é , eft un arbre à épicerie
de Madagafcar, dont la feuille & le fruit
tiennent des quatre épices fines que nous connoif-
fons. Il rapporte à l’âge.de cinq ou fix ans, & fleu-
; rit au commencement de janvier & février. Le fruit
eft dix mois à fe former & à mûrir : les Madégaffes
le cueillent vraifemblablement à fix ou fept mois ,
parce que peut-être ils le trouvent plus propre à
ce point pour l’affaifonnement. L’amande du ravenfara,
fraîchement cueillie, a une excellente & fine
; odeur aromatique , mais elle eft d’une faveur
amère, fort âcre , très-piquante & mordicante ,
brûlant les .papilles nerveufes & la gorge , enfin
très-(iéfagréabie. Ces qualités n’ont pas dû plaire
à ces peuples encore trop peu inftruits pour foup-
çonner qu’elle pouvoit être confervée quelque
tems, ou, étant préparée, acquérir tout un autre
goût.
La manière de préparer les feuilles du ravenfara^
: pour les conferver avec tout leur aromate , eft
très-fimplè. On en fait des chapelets, & on les
laiffe à l’air pendant un mois, pour leur faire perdre!