
vrir & les féparer : chacun connoît l'extrême irritabilité
de la fenfitive, dont il fuflît d'approcher
les mains fans la toucher, pour faire abaiffer les
pétioles & fermer toutes les folioles j mais tant
que la faifon eft calme & belle, cette plante n’a
d'autres mouvemens que fon fommeil à l'entrée de
la nuit, & fon réveil au commencement du jour,
à moins qu'il ne furvienne un tems froid, humide
ou nébuleux, qui alors oblige les folioles à changer
de lïtuation.
Il n'en eft pas de même du fainfoin ofcillant. Sa
foliole terminale eft immobile, mais les deux autres
, beaucoup plus petites, font pendant le jour
dans une agitation prefque continuelle} elles s'élèvent
& s'abaiffent fuccefïivèment en décrivant
un arc de cerJe $ tantôt elles fe meuvent dans le
même fensj tantôt l'une monte tandis que Vautre
defcend. On dit que, dans leur pays natal, ce mouvement
eft très-rapide} il s'exécute plus lentement
dans nos ferres. Jamais, dit Deleuze, il n'eft
plus v if que dans le tems de la fécondation. llceffe
la nuit, & toutes les folioles font abaiffées lorfque
la plante dort; il fe ralentit lorfque la plante eft
malade, ou lorfqu'elle eft fatiguée par le vent ou
par une trop grande chaleur.
C e phénomène eft trop remarquable pour ne
point rappeler ici les obfervations les plus effen-
tielles auxquelles il a donné lieu, ainfi que la découverte
de cette plante fingulière. M. Brouffon-
net a publié à ce fujet un Mémoire très-curieux,
inféré dans le Journal de Phyfique & d'Hifoire naturelle
, ainfi que dans les Mémoires de P Académie :
les faits qu'il cite, méritent d'autant plus de confiance,
qu'ils ont été vérifiés en grande partie
dans les ferres duMuféum d'Hiftoire naturelle, &
que d’ailleurs ce favant eft un obfervateur très-
fcrupuleux.
« Cette plante lingulière, dit-il, a été découverte
au Bengale, dans les lieux humides & argile
u x , aux environs de Dacca, par milady Monfon,
que fon zèle pour l'hiftoire naturelle avait
déterminée à entreprendre un voyage dans les Indes.
La mort l'a furprife au milieu de fes courfes
botaniques. Linné a cru devoir confacrer à fa mémoire
un genre de plantes fous le nom de monfo-
nia. M. le chevalier Bancks ayant bien voulu me
communiquer les manufcrits de milady Monfon ,
j'en ai extrait les obfervations qui ont rapport aux
mouvemens de cette plante, & tels qu’elle les
avoit obfervés au Bengale} je les comparerai avec
ceux que j'ai eu occafion d'examiner fur les individus
qu’on cultive dans les ferres en Europe.
Cette plante y fur introduite pour la première fois
en 1777, en Angleterre, dans le jardin de lord
Bute, à Lutonparck : elle y fleurit en mars. Sa cul-
tare demande beaucoup de foins}, elle doit être
renfermée dans un.e ferre chaude , & n'en fortir
prefque jamais.
» Aucune partie de cette plante ne donne des
lignes d'irritabilité quand on la pique. Pendant le
jou r, la foliole terminale eft étendue horizontalement
& immobile} pendant la nuit elle fe recourbe
& vient s’appliquer fur les branches. Les folioles
latérales font toujours en mouvement, portées alternativement
vers le haut & vers le bas. Toute
l ’a&ion du mouvement eft dans le pétiole, qui
paroît fe contourner : ces folioles décrivent un
arc de cercle. Aux Indes, deux minutes fuffifent
pour faire exécuter aux folioles tout leur mouvement
: je ne les ai jamais vues fe mouvoir fi promp.
tement dans nos ferres. Le mouvement qui les
porte vers le bas eft plus prompt que celui oui les
fait aller vers le haut. Le premier eft même'quel-
quefois exécuté par interruption, du moins il
n’eft pas égal. Le mouvement vers le haut eft, au
contraire, toujours uniforme : le plus fouvent
chaque foliole fe meut dans un fenroppofé, c'eft-
à-dire que l’une eft tournée en bas quand l'autre
regarde le haut} quelquefois une des folioles eft
immobile , tandis que l'autre fe remue. Ce mouvement
eft fi naturel, que fi l’on vient à l'interrompre
en fixant une des folioles, il recommence
dès que l’obftacle eft levé.
» Le mouvement n'a plus lieu dès que les grandes
folioles font agitées par le vent. Dans les animaux
la tranfpiration eft furtout accélérée parle
cours du fang, par l’aétion des mufcles, &c. Dans,
les plantes, où la circulation des fluides eft très-
lente , la perfpiration paroît être augmentée par des
caufes externes} l’agitation de l ’air en eft une des
principales. Les feuilles, qui font les organes def-
tinés à cette fon&ion, font ordinairement foute-
nues par des pétioles minces, & qui leur permettent
de fe mouvoir en tous fens : fi cette ftruo
ture manque, les organes des végétaux fontconf-
truits différemment. La chaleur du foleil, l’Humidité
ou une grande abondance de fluides dans des
vaiffeaux conftruits d’une manière particulière, déterminent
la perfpiration de plufieurs plantes. Le
dion&aile. rojfolis, &c. croiffent dans des lieux
humides , où les fluides abondent : plufieurs fen-
fitives viennent dans des endroits où l’air eft très-
peu agité, ou bien celles dont la perfpiration ne
peut s'opérer de toutes ces manières , ont un petit
nombre de feuilles, ordinairement fucculentes,
& recouvertes d'un épiderme très-mince. Quand
le foleil eft très-chaud, les folioles du fainfoin
ofcillant font immobiles } mais lorfque le tems eft
chaud & humide, ou qu'il .pleut, elles fe meuvent
très-bien.
Ce mouvement paroît abfolument néceffaire a
cette plante, car dès qu’elle a pouffé fes premières
feuilles, il commence à avoir lieu & il fe continue
même pendant la nuit} mais il s’âffoiblit avec le
tems. Dans nos ferres il a lieu, furtout dans la
première année ; à la fécondé il eft très-peu fen-
fible. Dans fon pays natal, toutes les feuilles f°nc
en mouvement} jamais je ne les ai vues fe remuer
toutes dans nos ferres. Dans le moment que la
.plante eft le plus chargée de fleurs, que la fécondation
des germes a lieu , les folioles font beaucoup
plus agitées. Dans les plantes, comme dans,
les animaux, le tems de la reproduétion des. individus
eft toujours celui où tous les organes font
dans leur plus grande perfection. Dès que le tems
de la génération eft paffé, les folioles ceffént de
fe mouvoir} les fenfitives ne font prefque plus
fenfibles après ce tems} les pétales de plufieurs
plantes ne fe referment plus périodiquement.
w Ce mouvement d'ofcillation eft tellement naturel
à la plante ofcillant^ > qu'il a non-:feulement S
lieu pendant deux ou trois jours fur les folioles ;
d’une branche qu'on a coupée, ,& qui a été mife i
dans l’eau, mais qu’il eft même continué pendant
quelque tems fur les feuilles des. rameaux qu’on a
féparés de la plante & qu’on n'a pas mis dans l’eau.
Ne peut-on pas, dans ce dernier cas, le comparer
en quelque forte aux battemens du coeur des
animaux, après que cet organe a été arraché ? Les
feuilles femblent tenir lieu de coeur dans les végétaux
} elles augmentent par leur mouvement le '
cours des fluides, comme ce vifeère par fes contrarions
détermine la circulation du fang. Dès
que les feuilles fe féparent d'une plante, les progrès
de la végétation font arrêtés, & les végétaux
reffemblent à cès animaux dont le fommeil pé- j
riodique eft caraCtérifé par une diminution dans les :
battemens de coeur.
»Les Indiens, qui font de tous les peuples ceux '
qui s'adonnent le plus à la connoiffance des plantes,
n'ont point manqué-de remarquer le mouvement
fingulier des feuilles de celle-ci, & ce phé- 1
nomène étoit trop extraordinaire pour qu'il ne devint
pas chez une nation fuperftitieufe l'objet d'un
culte particulier. Ils cueillent à un certain jour de
Lannée, qu'ils nomment Lunichur} deux folioles
latérales dans l’inftant où elles font les plus rapprochées
} ils les pilent enfemble avec la langue
d'une efpèce de chouette, & l'amant plein de foi
croit, avec cette préparation, fe rendre favorable : 1 objet de fpn amour. Je ne crains pas de rap- I
- porter ce trait d'après milady Monfon, perfuadé
5},e rân de ce qui a rapport à l'hiftoire d'une
plante auffi curieufe que celle-ci, ne deyoit être
oims.
35 Le mouvement eft un attribut moiris effentiel
aux végétaux qu'aux animaux : plufieurs plantes
ont des parties qui en donnent a peine quelques
’gnesi pïufîeurs en ont auffi qui font entièrement
catalechques, qui reftent tout à coup immobiles }
oe qiu s obferve plus rarement dans les animaux ,
xcepté dans ceux qui font .rapprochés par leur
ro>rine* r®Sne végétal. Cette Angularité eft fur-
j U^ sn}arquablô dans une efpèce dedracocephalum
« j dont les pédoncules confervent touüotanique.
Tome VT,
' tes les pofitions qu’on leur donnç. Ce.tte plante
peut être mife en oppofitiorr avec le fainfoin ofcillant.
»
C e mouvement du fainfoin ofcillant ne pour-
roit-il pas être attribué'à ces fortes de trachées
roulées en fpirale, & qui paroiffent deftinées à
recevoir l’a ir , 8c à aider la circulation de la fève.
Irritées par l’adtion des fluides , ne peuvent-elles
pas-fe détendre & fe refferrer alternativement, &
occafionner dans les parties des végétaux où elles
exécutent cette opération, un mouvement particulier
?
77.SAINFOIN rampant. Hedyfarumreperts. Linn.
Hedyfarum folizs ternatis, obeordatis ; caulibus pro-
cümbentibus , racemis lateralibus. Linn. Spec. Plant,
vol. 3. pag. 10y6. — Mill. Dict. n°. 14.
Hedyfarum foliis ternatis, fubrotundo - ellipticis , *
emarginatis; racemis axillaribus } lomentis répandis.
Willd. Spec. Plant, vol. 3. pag. 1201; n°. 75.
Hedyfarum caulibus procumbentibus ; racemis lateralibus
j folitariis ; petiolis pedunculo longioribtis.
Gronov. Virgin. 1. pag. 86.
Trifolium procumbens , trifolii fragiferi folio. Di II,
Eitham. pag. 172. tab. 142. fig. 169.
Ses’ tiges font couchées, diffufes, rameufes,
prefque herbacées, cylindriques , grêles, velues,
garnie# de feuilles pétiolées, alternes, ternées,
compofées de trois folioles ovales, prefqu'ellip-
;tiques , quelquefois un peu échancrées en coeur i
leur bafe, à peine pubefeentes} la foliole terminale
plus alongée } les pétioles très-velus , munis
à leur bafe de ftipules ovales, aiguës.
Les fleurs font fituées dans l’aiffelle des feuilles}
elles forment des grappes peu garnies, velues} les
pédoncules partiels hifpides, garnis de ftipules lancéolées
, aiguës. Les calices font divifés en cinq
découpures aiguës} la corolle varie du blanc au
rouge. Les gouffes font alôngees, étroites , comprimées
, articulées } les articulations arrondies à
leur côté extérieur, un peu hifpidesi.
Cette plante fe rencontre dans la Virginie, u
78. Sainfoin à folioles en coeur renverfé. Hedyfarum
ob'cordatum.
Hedyfarum foliis ternatis 3 foliolis obeordatis , re-
ïufis ; floribus fpicatis , pendulis ; ramis filiformibus ,
pubefccntibiLS. (N .)
Cette efpèce paroît fe rapprocher beaucoup de
Y hedyfarum rïpens,"SoS folioles font plus petites}
fes fleurs difpofées en épis grêles, alongés.
Ses tiges font foibles, divifées en rameaux.capillaires,
pubéfçëns, garnis de feuilles alternes,
pétiolées., te rn ie s , compofées de trois folioles
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