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tout v if, & même en prefence d’un fils de ce
pauvre malheureux,qui n’avoit encore qu’on-
ze ans ; & comme il crioit pitoyablement à
cette vûë , le pere avec un gefte intrépide
commanda au fils de fe taire, ouqü’autrement
il ne le reconnoîtroit pas pour Ion fils, mais
que quand il feroit devenu en âgé d’homme
il fe reflouvint de quelle manière fon perd
avoit été traité par les Turcs. Mais les Arabes
Voyage
d'une Dam e
Angloife
dans la Ter-
re Sainte.
&c tous ceux qui avoient fujet de redouter
fia Îcruauté en furent bien - tô t délivrezijj car >eu de mois après que je fus parti de Rama »
ors qu’à peine il avoir été un an Rafla de Gaz
a , il alla faire une fécondé expédition, contre
les mêmes Arabes , ayant avèc lui enviH
ron deux mille hommes i mais il tomba imprudemment
entre,les mains de l’avant-garde
, dont quelques - uns le tuèrent & le ren-
verférent de deflus fort cheval. C’étoit un Ef-
clave Géorgien, qui avoitétêélêvé àlâ Cour.
du Grand Seigneur Sultan Achmet , qui lui
ayant par malheur-crevé un oeil d’un coup de
ja v e lo t, pour le récompenfer de cette perte
l’éleva peu de tems après a la dignité de San-
giac , ou d’un des vingt- quatre Princes du
Grand Caire, & depuis lë fit Bafla de Gaza
Cert’eflrpas une chofe extraordinaire que des
hommes entreprennent de faire le voyage dé
Jerufalem, mais que des femmes aulïi foient
« N E G Y ? T E ; S y RI E , &C. I 57
pouéflcs du même zélé , c’eft, ce qui doit fpaf
roître furprenant * cependant on en a vuplu-
fieurs exemples.
: Peu de tems devant que j ’arrivafle à Rama,
une Demoifeile Angloifé y étoit venue avec
un feul valet. Après qu’elle eut accompli fon
voyage de Jerufalem , Sc qu’elle y eut fait
fies dévotions.-, elle s’en alla en France , où
elle e â établie à caufè de quelques mécontentements
qu’ellë avoir reçus en A ngleterre. )
Mais voicy quelque chofe de bien plus Aranture
étrange , & dont on ne trouvera peut-ctre naire d.UQe
-point d’exemple y c’efl: une chofe qui m’a été femme
.àflûrée par ceux? qui en ont été lest témoins
^oculaires. * Un certain Turc appelle; Mufta? un Turc
pha qui demeuroit à Rama l’an r r i 1 - .-i 1. • • r, 8 o". a. vec fvaoni.sr nene nfa." -Une Flamande qu il avoit epoulee environ
un an avant que j ’y arrivafle , feignoit d’être
Chrétien & Efpagnol, parce qu’en effet
il avoit demeuré quelque - tems en Efpagne
:où? il avoit été pris; Efclave & en avoit appris
là Langue v de-làil étoit paffé en Flandre
au fervice du Roy d’Efpagne j où il étoit
parvenu à être Lieutenant d’une Compagnie
d’infanterie j pendant ce tems-»la il devint
amoureux de la fille de fon Colonel > qui fort
tpere étant mort dans c«s entrefaites ,■ confie
ntit a l’époufer, & le mariage futeelebré a.
Anvers avec toutes les ceremonies deERglife.
Les