j,oo Y o y a ge au L evant
fein.de cette riviere, la font tellement grol»
Cir, que l’Ethiopie 6c enfuite l’Egypte en.font
inondées., & que, ce quim’é to itd ’âbord qu’une
grofl'e riv iere, après s'être épandu de côté 6c
d’autre de les rivages,; devient une petite Mer
ou un grand Lac , jufqu’à ce que le beau tems
reten an t dans l’Ethiopie au mois d’O&obre;
elle commence à bailler, 6c qu’e n fin l’eau,
qui
doute j on n’a pas befoin de
s’étendre davantage là-def-
fus. Je diray feulement qüè
V endelicus, qui vivoit quelque*
tems avant que les Relations
des deux Millionnaires
Jefuites fulfent imprimées
> a eu tort de réfuter
ie fentiment d’Agathar-
cïde de Cnide , qui avoît
avancé, que les pluyes continuelles,
qui tomboient
dans l ’Ethiopie depuis le
SoHHce d?é té , jufqu’à l’Equinoxe
d’Automne * é-
toient la caufe de l ’inondation
du Nil. Et quoy que.
fourcedans FQcean j ôc en
ce cas là il n’avoit pas befoin
de ifecours étranger j pour
prendre autant d’eau qu’il
lui en falioit pour inonder
l ’Egypte > ôc quefi cela n’ar-
riyoit .que dans une certaine
faifon j c ’eft que la chaleur
extrême des pais où il
paffoit en confumoit une
partie. Achoreus, dbnt le
fentiment eft rapporté par
Lucain , 1. io. difoit que
l ’Auteur de la Nature àvoit
établi des Refervoirs d’eau
qu’il lâchoît à propos , lorf-
nu’il falloir aue l ’Esvote fut
inondée. Un Auteur du I nous ayons l’obligation aux
Siècle palïe nommé Vende- J Voyageurs Modernes , de
licus , réfuté au long tous | nous avoir éclairci ce Phe*
ces fentimentsj mais les dé- I nomene , nous ne devons
couvertes que Corneille le I pas tefùfer à cet ancien Au-
Brüyn vient de rapporter, I teur la gloire d’en avoir
mettant la choie hors de | imaginé la véritable raifon*
e n E g y p t e ; S y r i e ; & c. io 't
qui, û elle demeurort trop- long-tems fur la
terre , ' empêcheroit de l’enfemencer , après
lui avoir laiffé un riche engrais, fe va décharger
dans la MerMediterrahéepaHes embouchures
dont nous avons déjà parié-.
Il faut remarquèr icy l’admirable FroVi-
dence de Dieu, qui envoyé dans un tems pfé-
fix des pluyes dans l'Ethiopie j afin d’humec-
ter l’Egypte où il ne pleut prefque p o in t, ôc
que l’eau y entraîne un limon', qui amende
tellement le terfoir maigre 6c fablortneuxde
ce pais le plus fee qui foit au monde, que les
laboureurs font obligez, avant que d’y jetter
leur femence , de mettre du fable dans leur
te rre , afin de corriger l’excès de graiffe que
l’eau y a laide en fe retirant. Le refte de l’Egypte,
qui n’eft point inondé des eaux du N il,
demeure tout fec, fablonneux 6c ftérile, (a)U
ne
(a) Lé Nil rend l’Egypte É 1
féconde, qu’une même terré
porte dans Tànrtée trois
oü quatre fortes de fruits
differents j on y femê;, par
exemple , des laitiiës 8c des
concombres , enfiiite du
bled i ôc après la moiiîbn,
des melons ôc d’autres légumes.
On y feme le bled
dans lés *mois d’O&obte ÔC
de Novembre , après que
les eaux fe font retirées, ôc
on les coupe dans le mois
de Mars ôcd’Avril. Ce qu’il?
y a d’admirabie, c ’eft que
cette- fécondité que caufe
l ’inondation du Nil, s’étend
jufqües aux hommes ôc aux.
animaux. On voit fotivent
queles eaux nouvelles rendent
les femmes fécondes,
foit qu’elles fé baignent
alors ou qu’elles eh boivent