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des ruës , & même dans pluiieuxs maifons, il
y a des -Fontaines.' Un peu plus.loin il y a encore
Maniera
de vivre -
fort extraordinaire
d’un faint
homme Ma*
hometan.
un Pont à peu près femblab'le, qu’on voit
au travers des arches du premier. On y voit
1 au (fi en éloignement la neige dés montagnes
du Liban. Cette vue eft très-agréablev Quand
je la deffinay, j ’étois â la compagnie du Con*
fui & de plusieurs Hollandois.
Dans le tems que j ’étais à Tripoli , on me
conta une çhole aiTez ftnguliere, dont je veux
faire part au Leébeur. Environ un an avant
que j ’arrivaflc icy , ily étoitmort Un certain
Turc qui fe ten d itn n peu hors la Ville fu r ie
bord de la mer , auprès de cette riviere qui
vient du Liban. Un Sopha de fimples planch
es, en maniéré de table quarrêeîui fervoit
de maifon , &îl y avoit demeuré dix-fept ans
fahs en fortir jamais. Les gens du pais lere-
gardoient comme un grand Saint, &: chacun
s’emprefloit de lui porter a manger. Heureux
ceux à qui il faifoit la gtace d accepter ..ce
qu’ils lui apportoien* î Mais nonobftantTa
fain teté, il ne laiiToit pas d’avpir la bizarre»*,
rie de jetter dans la riviere ce qui ne lui plan-
foit pas. Ce qu’il y av-oit de plusremarquable
eft qu’il ne parloir jamais, Lorfque la nature
l’obligeoit de faire fes néceffitez, c’éto it fans
fc remuer de fa place..; èc il fe feroit coUchç
dans.fon ordure, Ü les Turcs> qui ont d?aibv
leurs
EN 'Eg y .PT e S y e i ï , ,&C.
Ieuxs~xant d’horreur pour toutes fortes d'immondices
, ne s etoient Fait un honneur dé
venir .dter celles du Saint homme. Tant a de
pouvoir une vaine préemption de pieté fur
Lefprit de ces MufnlmansTuperûitieux & crédules,
Mais il fexo.it à .fouhaittex que cela ne
fe trouvât que parmi eux, &c qu’il n ’y eut pas
parmi les Chrétiens des perfonnes qui fe laif-
fënt fouv'ent tromper par une apparence aife-
(fté.e de fainteié.