Revenus
que le
Grand Seigneur
tire
d'EgyptejL
,V p Y A G E AU L:E V A N'T *
Enfin y quoy que ce pais foit extrêmement
pauvre 5 le Grand Seigneur ne lai fie pas d’en
tirer
fez au long , Jès Orgies ou
les Gazelles v qui font «des
efpeces de Chèvres fâuva-:
ges, qui courent par troupeaux
dans les JVlontagnes >
îës Kinocephales , ou têtës
de Chiens, qui font des Sin-
ges fauyages » dont çn trouve
fouvent. les figures par-
miles anciennes Divinitez
oeufs par tout où il les rencontre.
C’eft pour cela fans
doute que les anciens Egyptiens
lui portoient un ref-
p eâ religieux, & qu’il-étoit
parmi eux un de cès ani-/
maux facrez , dont le culte
faftbit une partie de leur
Religion. Cet animal s’appelle
aüjourd’huy le Rat de
du païs. Le pètit Crocodb \ Pharaon. L fois èfi auffi uii
le , qui eft une efpece de oifeau particulier à l ’Egy-
r X rmo.MnJpJo nni i Lezqxd a quatre pjeds ,.qui nte'- il rpflemMe à la Cicofe
nourrit des fleurs les plus
odoriforente s8c d6nt la
chair eft ponne à ;plufieurs
remedes. Le Rat d'Egypte
que les Anciens appejfoient
Ichneumon > qui, eft 4e la
grandeur d’un Çhat, couvert
d’un.poiL fort rude * &
mouchptéde b lanç, de jafo
ne 8c de cendré, avec .des
oreillçs courtes , 8c une
queue de Renard. Les Nairn
r.al ifte s djfent qu’il fe cou-
j e dans- le ventre des Crocodiles
pendant qu'ils ffocr
ment, pour en dévorer le
-foyje. Mais . le plus grand
.fervjce qu.’il rend à l ’E?
g y p te , eft firifet ,fours
pte j il reftemble Jul^Cico-
fflae, par fon bec/hc les fam-
bes ; il fe nourrit ordinal*
rement d’E&argpts, deSaur
terçlles 8c de Serpents j fur-
tout .de ceux que le vent de
Midi amène des Deferts , 8ç
qui pnt des aileSi La nature
a donné mcm oifeaux un
inftinéjt fi particulier, qu’ils
yont dans la faifon lps attendre
for les-Frontieres du
Royaume 8c les.englôutif-
fent em volant, Lçs Egyr
ptiens,qui ftpnoroientjd^n s
l’Autepr dp Ja Nature j tous
lêsprefentsutilesqueilavpit
fait à l ’homme, ne manquèrent
pas de confaçfer „ces
oi|çaux;§c de les ^qibaumer
épfçs
EN E G Y PT E £ TR I E , &c. 73
tirer tous les ans un revenu de fix: cents mille
Sequins , dont chacun vaut environ fept
francs 8c demi. C e t argent lui eft envoyé {a)
après leur mort, comme on
le voit par les Urnes qui en
font remplies. Les Epre-
vie rs , qui font des oifeaux
de proye, que les Egyptiens
prenaient pour le Symbole
4 u Soleil, 8c qu’on trouve
parmi les Hiéroglyphes de
ce t ancien peuple.Tels font
les animaux qui fondaient
autrefois une partie ducul-
îedes.Egyptiensjtoutce qui
4 toit utile ou pernicieux y
©toit refpeété ; 8c les Villes
les plus.célébrés fe faifoient
honneur de porter le nom
des animaux , 1 pour le s quels
elles avoient une .vénération
particulière. Ainfi
la ville de Buziris rendoit
un culte fingulie’r au Boeuf,
auffi --bien que celles de
Memphis 8c d’Heliopolis. i
'Celle de Crocodîlopdis aux
Crocodiles ; E^bafte aux
Chats ; Mendes aux Boftcs j
Rinopolis aux Singes jLéôn-
topolis aux Lions ; ainfi des
autres, qui fe diftingùoient
par le culte qu’elles ren-
doient à d’autres animaux,
fl - Tom. IL
par
'{a) C ’eft-làeffeâivement
tout l ’argent que le Grand
Seigneur tire de l ’Egypte i
mais auffi ce Royaume ne
l ’oblige à aucune dépenfe;,
le Bachâ étant obligé d’entretenir
les Troupes | de
fournir cent mille écus par
an pour le voyage de la Ca-
ravanne qui va à la Mecque
, 8c une pareille fomme
pour envoyer à cette Viüe,
avec un fuperbe tapis de
velours brodé!d?or. Outre
cela ce Gouverneur eft obligé
, pour fe foûtenir 8c pour
prolonger le tems de fon
gouvernement, dont on ne
lui accorde les provifions
* que pour-un an , d’envoyer
au: Serrai! de Conftantino-
ple des provifions de fucre,
de-caffé, de forbec, de ris,
8c plufieürs autres chofes ;
ce qui lui» coûte encore de
très-gràndes fommes : avec
delà il amaffe des richeftes
immenfes en deux ou trois
ans, ce qui fait voir que le
païs n ’eft pas fi pauvre que
le prétend nôtre Voyageur.
K