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bien ferpenté, fe vient rendre à une grande
montagne, au travers de laquelle elle pafle
avec violence -, & fe précipite enfuite, par
une furieufe cafcade , dans l’Egypte. Après
l’avoir toute traversée de feseaux-, elle fe fé-
pare encore au-deffus de Memphis , 011 elle
fait une Ifle, enfuite de quby s’étant re jo in t'
te , & ayant coulé; quelque - tems en un -feul
Canal , elle fe partage au-deffous de Memp
h is, &: fait deux Rivières * dont celle qui va.
du côté du Couchant s’appelle Jgathodoemon, &c
celle qui va du côté du Levant eft nommée-
la R ivière de Bubafiis. Ces deux branches dit
Nil s’allant décharger dans la Mer Méditer- '
ranée font çette Ifte qu’on appelle le Delta
d’Egypte 3 parce que l’èfpace de terre renfermé
encre oes deux branches de la Rivie-re.Ôc
la Côte de la Mer , a la figure de cette lettre
Grecque A. Aurefte , ces deux gros1 bras du
Nil fe partagent en quelques autres’* &c ceux-
cy encore en d’autres plus petits'*; de for te
que le Nil fe décharge, par neuf embouchures,
dans là Mediterranée y à 31. degrez pour
le moins de latitude Septentrionale. GleR
ainfi que nous le vbyons dans les-Cartes de
Ptôloméey où font exprimez les noms de toutes
ces ; embouchures. Si d’autres Anciens'
n ’ont parlé que de fept, ç’eft qu’il y én avoit
déjà deux qui s’étoient bouchées par L’abondance
t n E g y p T e i Sy r ie y jm
dance du fable, comme depuis il s’en eft encore
bouché d’autres5, puis qu’aujourd’huy il
n ’y en a que deux ou trois tout au plus y autant
que je l’ay pu. remarquer, après m’être
trànfporté exprès fur les lieux. Ces -bras du
Nil portent d’affez gros vaifteaux. Celuy qui
m’a paru le plus grand eft auprès de Rozette y
l’autre eft auprès de Damiette , Se c’eft par
ou j ’e n t ray d ans l’Egypte té Le sautr es font petits
ôc fans profondeur, tellem ent qu’ils ne
doivent paffer tout au plus que pour de petits
ruiffeaux,
Il eft vray que cette lource du Nil eft con-
teftée par d’autres, qui la rejettent-, comme
n ’ayant aucune'vrày-femblance, â ce qu’ils
croyent j &c ils iuppqfent au contraire qu’il
faut attribuer l’origine de ce fleuve aux
pluyes qui tombent en abondance (dans l’Ethiopie.
Elles commencent environ vers Pal
que s & continuent avec violence près de cinq
mois \ mais y fans faire tort à leur fentiment,
oh auroit plus defujet d’en conclurcy'avec toute
la vray - femblance qu’on peut fouhaiter
dans ces fortes de chofes , que l’acQroifle-
ment de cette rivière doit être attribué à ces
grandes pluyes d’Ethiopie, que d’aflurer que
:fa fource ne vient pas de plus loin. En effet,
' cet açcroifiement commence bien plutôt dans
1 Ethiopie que dans l’Egypte > où on l’apper-
. - . çoie