518 Voyage au ; Levant,
Le zS. à lai pointe du jour nous nous trouva*»
mes, fort reculez , parce que nous avions eu le
vent contraire qui nous rechalTaJr lo in , que
nous ne pouvions plus reconnoî'tre ni Sattalia
, ni Tille de Chypre. Cela, fut caufe que
nous tirâmes le long de la Terre-ferme Je plus
près q u ’il nous fut polïible. Cependant la mer
s’élevoit toujours de plus en plus , &c le vent
fe renforçoit, deforte que nôtre grande voile,
qui étoit fort vieille , de même que tout le
V aille au, fe rompit plufieurs fois, ce qui nous
faifant toujours reculer de plus en plus, nous
craignîmes enfin d’être jettez fur la Côte de
Barbarie- Nous nous fervîmes donc le mieux
que nous pûmes de nôtre petite v o ile , afin de
tâcher de demeurer fur la Côte de Sattalia.1
Après-midy le vent s’appaifa entièrement ,
ce quinous donna le moyen de voguer afle^
commodément, 8c cependant nous raccommodâmes
nôtre voile. Peu de tems après nous
eûmes un bon vent , 8c la nuit ea fu ite , du calme.
Le zp.nous nous trouvâmes devant le Cap
du Golphe yers lequel nous tirâmes toûjours,
&c enfin nous y entrâmes deux heures après
Soleil lev é , par un allez grand calme, & nous
eûmes aflez à faire à nous y pouvoir tenir juf»
ques vers midy, auquel tems nous palTâmes
avec un alTez bon v e n t, trois petites l£Les qui
fpnt devant ce Cap, sc nous doublâmes aulfi
e n E g y p t e , S y r i e , <^c.
le Cap même. Quand nous fûmes devant le
Golphe nous ne fîmes que voguer â caufe du
calme. Nousapperçûmes encore un Vaifleau
que nous jugeâmes être un Londre. Il ne fut
pas plutôt arrivé à la hauteur du Golphe qu’il
p rit un autre cours. Des deux cotez de ce Golphe
ou voit là Terre-ferme y&c l’efpace qui elt
entre deux eft eftimé d’environ foixante milles
. ( a ) Les montagnes en font extrêmement
hautes. Un peu plus bas que l’embouchure de
ce Golphe nous aperçûmes un Village â nôtre;
main droite- Ce jo u r-là l’eau commença à
nous manquer, encore fûmes-nous bienheureux
de l’avoir gardée fi, long-tems. Le foir
nous eûmes, encore un calme qui nous dura
toute la n u it', deforte que le lendemain ait
rnatin nous nous trouvâmes au même endroit
eu nous etions le foir. Le 30. on entendit tire
r quelques coups du côté de Sattalia , que:
Ton jugea qui venoient de ce Londre , qui à
force
(a) Le Golphe de Sattalia
eft une partie db la Mer Méditerranée
proche la ville
de Sattalia, fur la Côté M i '
ridionale de lia Natolie. I l
s’étend depuis le Cap Che-
fidbni, où font trois petites
Mes de ce nom , jufqu’à,
Scandeloroi Cependant les-
Matelots comprennent fou-
V e n t , fous lé nom de ce:
Golphe } tout l ’efpace d e
Merqui feft depuis Sattalia
jufqu’àu Cap de S. Epipha-
ne eil Chypre. Quoy qu’il y
ait; environ cent milles d’Italie