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& n’ayoient que des bâtons remplis de plomb
par le bout comme c’eft leur coutume, & dont,
ils le Savent fort adroitement deffendre, s’entant
un peu éloignez de moy , pendant que
j ’a vois encore mon piflolet à la main, ils me firent
eonnoître d’une maniéré plus civilequ ils
ne l’avoieriüfait d’abord , que parce qu’ils
ércxicnt- Caffirs, c ’eff-â-dire des gens qui font,
établis pour la fureté des chemins, &: que pour
ce foin qu’ils prennent,il leur eft du par chaque
perfonne qui paffe un Para, qui eft un peu plus
d’un foi. Je leur donnay ce quîils dèman-*
dôient, enfuite de quoy ils me fouhaitterent
tin bon voyage. Quand on eft forti de la Plain
e , dbnt je viens de parler, on marche quel-
que-tems fur le bord de la mer d’où l’on aperçoit
ia ville d’Alexandrie. Comme il y avoir
long- tems que je n’avais rien mangé; j ’eus en?
vie de prendre quelque nourriture. Je le fis
donc entendre par lignes au More qui me cond
u is it & qui portait nos. provisions >. il me
répondit de la même manière , 6t me fit ligne
de la main qu’il falloir attendre encore
un peu, me montrant un lieu où nous pourrions
nous repofer. G’étoit derrière un coteau
; mais comme je ne voyois point de
maifoti, & que je ne comptenois pas bien ce
que mon guide me vouloît dire, par les lignes
qu’il me faifoit, je voulus par deux ou trois
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fors defcendre de deffus mon mulet & m’a£*
feoir à terre, feulement pour manger un mor*
ce au. Enfin nous arrivâmes environ midy au
lieu où nous devions nous arrêter, qui eft un
Han ou une Hôtellerie, appellée par les Ara^
hss Maddie. {a) Onpalfe lâ l’eau avec un bâteau,
parce qu’i l y a un petit bras de Mer qui entre
affez avant .dans •lesiterres. En un moment
nôtre barque futenvironnée de Marfoüins qui
de joüoient fur l’eau. On prend dans.eet ent
-droit quantité d’un certain poiffon long &c
étroit, de la largeur à peu près .de nôtre Bro-
cbetjbn ouvre ce poiffon 8c pn en tire les oeufs;
dont on fait la Botttarguc, que l’on transporte
enfuite de tous cotez } on la mange en la coupant
par tranches .comme le Caviar , 8c elle
paiTe pour un mets délicat, comme il l’eft en
P ij effet.
{a) Ce mot, Maedid, dans
la Langue du pais, veut dii;e
•lé Pajfa^t. Il ÿ à toujours en. -
-cet endroit un Bac pour
paffer ce petit bras de Mer,
qu’on peut aiifli trayerler à
cheval i mais il y a du dan
ger> parce que lè'vent çfo
Met y pouffe beaucoup
d’eau. . Il arrive même, quelquefois
que la ÜDigue eft
rompue par la "force dp
yent , & alors la Mer entre
fort avant dans les terres ;
8t fi l’on n’y mettoit ordre,
tout le païs qui eft fort bas
• fèroit inondé} & ce que l ?oa
, a appréhendé tant de fois
arriveroit infailliblement.
lfSi mêmé l ’eau delàAlër èri-
1 'trqi£> dahs Plis Oâüiaüx dà
Mil )>; on ferait obligé ;da-
b|,ndionper Alexandrie,parce
que* celle des Citernes,
! qui1 eft ià^fouié dont on y
boit, vient de-là.
Poiiïon
dont on fait
la Boutat-
gue.