134 V O Y A GE A p L e V A N T ,’
C H A P I T R E X L I V.
D'part <£ Alexandrie. Feu de commodité d’une Auberge.
Rencontre de quelques Arabes. Retour à Rosette *
.d’où 1 Auteur feprapofe d’aller a Damiette. Retour
.du Caire.
Æ P R e5 s que j ’eus mis environ usa mois à
/ ~ \ voir Alexandrie , je voulus m’embarquer
pour aller par eau a&ozette , parce-que
j ’y étois déjà aile par terre, &c qu’iln ’eft pas
agréable de faire deux fois le même chemin ,
l ’épargne entroit aufli pour quelque chofe
dans ce deflein, puis qu’enprenant cette voye
il eût falû donner trois écus'à un Janiflaire.
Mais le vent me fut fi contraire pendant quelques
jours, que je fus oblige de.prendre d’autres
mefurès. Comme il faut avoir un Tejcre
ou Pafleport, fans lequel on ne peut pas partir
de la v ille , je m’en.fis expédier un pour la valeur
d’environ vingt fols. Je fongeay aufli à
louer deux Mulets, afin de pouvoir partir le
lendemain. Mais voyant que je n’en pouvois
trouver, parce qu’ils avoient tous ordre de
marcher pour porter de l’argent au Bafla du
Caire y je fus obligé de me fervir d’ânes. Je
m’en fis donc apprêter trois , deux pour moy
ï k E g y p t e , S y r i e , &c. tyy
& pour monpicqueur, 8>c un pour le Janiflah-
re qui me devoir accompagner à Rozette.
Le 9. de Juillet , une heure avant midy,,
nous fartîmes de la v ille , & nous, arrivâmes
fur les trois.heures-à l’endroit ou ilfautpafler
l’eau dont nous avons déjà pariévAudi*tôt:
que j ’y, fus arrivé j ’achetay un peu de pardon,
mais quand je le voulus faire apprêter, il r f y
eur pas moyen de trouver du bois pour faire
du feu. Nous ne trouvâmes donc point d’autre
rèmede que d’aller raraafler quelque fiente
de bêtes fechée au S o le il, ôs nous nous e«.
fervîmesvfi;bien que notre poiflbh fut bientôt
cuit : mais pour eu venir à bout nôtre Ja*>
Peù Je
commodi-
tèi‘ d'une-
Auberge.
nilfaire gagna. Bien fon dînera car i l fut tou*
jours oequpé â fouffler ÿ parce que le feu ne
Vouloir pas flamber , & quand on le laîflbit un:
moment >, il. s’étedgnbié audi-tôt.. Quand le
poiflbn fut rôti j ’enôtay lapeaUxde peur quelle
n’eut pris quelque mauvaife odeur V êefté
précaution était apparemment peu né ce flaire
* car nous avions fi bon appétit que nous
ne nous fe ri on s v r ay-fembla b le m en t appert
çûs de rien.
Le lendemain nous nous remimes en ehe*
min â la pointe dujour >./étant dix ou douze;
de compagnie v nvaîs; vers les. neuf heures , la
plupart nous quiinérent, parce qu’ils allbiériu
d’ùn autre cô té ,, & il me refta que deux Araj-