5g V o y a g e au L e v a n t ;,
lorfque Ton maître fortoic, avoit accoutumé:
de fe tenir dans la cuifine. 8c de faire garde ait
coin du feu»pour empêcher que les f aucons;
ne priffent quelque, chofe.. Il y a Le y de ces o f-
féaux, comme nousJL’avons d i t e n fort gran-
de quantité » 8c i k s’affemhlent par troupes
fur ies maifons»où ils font toujours aux aguets
pour, tâcher d’attrapper quelque motce.au quf
leur convienne »ce qu’ils font allez fouvent^
parce que les cheminées étant fort larges 8c.
peu élevées, il ne leur eft pas difficile d’enle*
yer quelque, chofe du foyer 8C de L’emporter,:
il arriva donc, un jpurque 1 Arahe apres a v o ir,
mis au pot un morceau de viande, fo rtit, 8ç
fut fo rt long-tems. ayant que de revenir de*
forte que le pot étant trop bouilli » la viande;
demeura toute découverte v Un Faucon *C[ui:
étoit aux aguets » fur. le haut de la cheminée »
ayant apperçû cette viande »elle lui ht envie»
& if fe hazarda de l'enlever. II y réüffit » ôc
étant defcendu »il prit la viande 8c. l’emporta,
par la cheminée. Le Singe» qui fe v it attrapé,
fe mit à regarder triftement en haut » 8c
comme s’il eut raifomié en foy-mçme. fur le
mauvais traitement que fon maître lui feroif
à fon retour pour s'être ainli laide dupper, il
rachat de. l’éviter par quelque tour d axkefle.'
Il raifpnna donc à peuprès de cette maniéré«’.
Sans^ doute que Celui qui a fa itle coup ȉpres
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q u ’il aura mangé fa proye f reviendra voir s’il
h ’y a point encore quelque chofe à emporter J
Zc cpiïime il h ’ÿ avoit plus de feu , i l fe mit
dans le p o t, 8c tournant en haut fes feffes pelées,
il ne douta pas que le Faucon ne les p rit
pour un morceau de viande : en effet, cetoi-
feau étant revenu , 8c regardant du haut de
la cheminée , ne manqua pas dé fondre fur ce
q u ’il voyoit dans le pot : 8c le Singe qui le v it
.Venir fe retourna habilement, faifit le Fauc
o n , lui coupa la tê te , 8c le mit dansée pot*
Le maître étant revenu, 8c ne trouvant plus
fon d în er, regarda le Singe avec Colere : mais
Cet animal fe mettant à fâù ter, tira le Faucon
du pot , fe mit dedans , en la même pofture
q u ’il s’yjétbitmis la première fois, 8c montr
a , par plulîeurs geftés qu’il fit, comment le
Faucon avoit dérobé la‘ viande, 8c la maniéré
dont il l’a voit attrapé.8c l’âvoit mis dans le
pot. On peut lailenient juger par cet échantillo
n , coftibiettlCs Singes peuvent fournir
de matière à de femblables contes, 8c combien
on en dit de chofes où l’on pourroit appliquer
ce proverbe Italien Je non e <vera, èben
trovato 3 cpefo-à- dire fi cela nefi pas njray, ait m,oïns
eft-il bien imaginé.
Il part auffi tous les1 ans une Caravane du
Caire pour la Mecque, 8c elle ëft compofée i
Àôn-feulement d’Egyptiens, mais aufli de tous
H ij ceux
Le Caire
eft un des
lieux où
S’alTem-.
blent les