Rencontre,
de qu elques
Arabe?, &&
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Bes avec nous, deforte que nous n’étions:plus
que cinq.
Environ une heure après nous vîmes venir
à nous cinq Arabes à cheval avec des: j ave5*
lots. Lorfq.ue nojus approchâmes du plus avancé
, mon Janiffaire, & les Arabes qui étoienc
avec nous, fautèrent de deffus leurs; ânes > ôc
me vinrent tirer par mes habits en criant comr,
me des gens effrayez, ce font des Arabes, ce Jônt
des Arabes ! Je fautay donc auffi en diligence de
deffus mon âne, & m’approchant du bord de
la Mer je tiray un Piflplet de dé flous mes ha-r
bits, & le prefentay aux deuxqui marohoient
devant, pendant que les trois autres étaient
encore â cinquante pas de nous. Quand ils
nous virent poftez au bord de la Mer , ils
s’arrêtèrent dans le chemin & nous dirent
qu’ils étaient .Caffirs. Je leur fis répondre par
mon Janiffaire, quientendoit l’Italien, que je
ne me fiois â perfonne , &c qu’ainfi quels
qu’ils puflent-être, ils n’a voient qu’à continuer
leur chemin , fans approcher plus près
de nous, ou qu’autrement le premier qui fe-
roit a (fez hardi pour avancer, je le ferois fauter
de deffus fon cheval. Cependant les trois
autres approchèrent & fe difoient l’un à f’autre
, comme me l’expliqua mon Jani(Taire,
que j ’étois quelque gros Marchand , fondez
peut-être fur ce que j ’ayois avec moy un Janiffaire
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aiîffaire & trois Arabes , dont deux pourtant
ne s’y trouvoient que par hazard. Au rëfte-,
jë ne fçay £,qe fut manque de courage qu’ils
n ’oferenr nous attaquer ,.ou £ çe n’éioit pas
effectivement des voleurs. Quoy qu’il en (bit
nous Les vîmes paffer, &: je fus fort aife qu’ils
rsten allaient £ débonnairement, car cerne*-
toit pas à quoy je m’attendois.* Cependant
nos Arabes, ne pouvoient fe remettre de la
peur, ôc le Janiflaire même étoit pâle comme
la mort. : Je leur reprochay à tous leur peu de
courage, & je leur dis que quand les Francs
croient armez ils ne fe Laiffoient paseffirayer
ain£ : Mais fur-tout je dis au Janiffaire que
lui qui devoir m’efcorter jufqu’à Rozette, &
à qui j ’avois donné pour cet effet trois écus à
Alexandrie, devoir avoir Tait meilleure pro^,
vihon d’armes & de,courage) que c’étoit une
chofe honteufe* à un Officier ôc à un Soldat du.
•Grand Seigneur, qui portait par tout avec
foy l’authorité , de fê montrer £ lâche â la
rencontre de quelques .Arabes.. Voilà quels
font bien fouvent les Janiffaires dans les oCr
oa£ons oà l’on auroit befoin d’en être fe couru,
foir contre les attaques des yoleurs/y fort
contre la violence des Turcs i quoy qu’on ne
doive pas nier pourtant que parmi eux il np
£’en trouve quelquiex-uns qui,ont allez de^Qqr
£age pour prêter le colet aux plu3.rifoI^s>, A
’Xpm, IL S qui