V OY A G E A Ü L e V. AN T ;
âgé. Il me répondit ingénuëment, qu’il m'a-
Voit toujours pris pour cette perfonne , mais,
qu’il étoit fort aife d’avoir été trompé en.ce-
la. Je me plaignis enfuite à lu i, de ce qu’ay ant
été depuis ii long-tems auffi bons amis que
nous l'étions, > il ne m’avoit jamais rien témoigné
là-deflus > que ce n’étoitpas avoir agi
en bon amy, puis qu'il fçavoit bien que cela
donnoit une atteinte à ma réputation , &c*
A cela il m’allégua des raifons qui avoient
quelque apparence, & dont il fallut bien que
je me contentafle. Après l’avoir quitté , je
m’en allay trouvet Monlîeur won Dam nôtre
Conful, auquel ayant fait à peu près les mêmes
plaintes , il me dit auffi qu’il m’ayoit toujours
pris pour cet homme, là. x ôc qu’il n ’y
avoir perfonne à Smyrne & à Conftantinople
qui en doutât. Il me demanda en même-tems
quelles preuves je pourrons donner , que je
n ’étois pas celui pour q u il’onraeprenoit. Je
lui répondis que j ’avois fur moy un pâfle-port
de l’Agent de SaMajefté Impériale, ligné du
jour que je partis de la Haye *, & qu’outre cela
il y avoir diverfes perfonnes nies au même
lie u , & qui m’avoient connu dès ma jeunef-
fe pendant que j’y demeurois, qui étant à pre-
fent à Smy rn e , pouvoient rendre témoignage
s’ils avoient jamais entendu parler dé ce-
Jâ. Mais que je croyois qu’on avait jette les
premiers
en E g y ETE ; S Y R i e , & c . 5 |#
premiers fondements de ce faux briiit a Li-
go urne , où j ’avois été prefent à plufieurs
converfations qu’on avoir eues fur cette matiè
re , dans« lefquelles j ’avois toujours pris
les intérêts du Prince d’Orange, & peut-être
avec trop de chaleur au gré dé quelques-Uns^
d’o ù , avec la Conformité des noms, on au-
roit conclu par ignorance ou par malice, que
j ’éteis-cette perfonne là , &e. J ’étois affieè;
bien dans h’elprit de Monsieur wan Dam 3 &c
quoy qu’il me dit qu’il ajoûtoit foy à ce que
je lui difois, & qu’auffi il me regarderoit à
l’avenir autrement qu’il n’avoit fai t , je re-
marquay bien pourtant qu’il lui reftoit encore
quelque fcrupule, car il me pria très - in-
ftamment de ne le tromper pas, ajoutant au
relie que j ’avois beaucoup donné lieu à tout
le monde d’avoir de moy ce fentiment, tant
par la paffion que j ’avois témoignée pour la
maifon d’Orange, que parce que je paroilfois
hardy dans mes entreprifes, 8c que voyageant
feul j jC le -faifois toujours gaÿëment f fans
fans faire parortre que cela me fit la moindre
p e in e , d’où l’on concluoit que quoy que je
fulfe encore bien jeune lors de l’affaire du
PenfîCnnaire de W it, ôc parconféquent dans
un âge où l'on n’a gueres de pruden c e , il é téit
fort croyable que je me feroîs l-égerement en-
gag é dans une telle entrëprîfe. A quoy rl ajoù-
Y y y ij toit