3 66 V o y a g e a u L e v a n t /
Départ d’une
Caravane
pour la
Mecque.
C h a p i t r e LX VL
Départ d’une Caravane pour la Mecque, Renversement
d’une maifon a Alep, où meurentquelques Arméniens.
Subtilité de l'air d’Alep, & ulcéré qui en provient i
futfqui a une grande famille,
G mme j’ay delfein de ramalfer dans ce
% j Chapitre plufîeurs 'particularités , qui
prifés fépàrément ne pourroient pas fournir
de matière i autant de Chapitres particuliers,
ôc que le peu de liaifon qu'elles ont enfemble
ne me permet pas de m’y propofer aucun ord
r e , j ’efpere quede Leéteur voudra bien les
recevoir telles que je les lui prefente.
Le 4. d’Oétobre il partit d’icy une Caravane
pour la Mecque. Sa marche ordinairement
eft allez agréable, a caufe du concours des habitants
qui viennent en foule. Car perfonne
pour ainii dire ne demeure à la maifon, Sc
tout le monde, tant les femmes que les hommes
fortent de la Ville pour voir partir la Caravane,
qui nepalîe qu’une fois l’an. Ceux qui
<en font le voyage,quoy qu’ils l'entreprennent
par curioflté ou par dévotion , car il y en a
des uns 6c des autres, n’épargnent rien pour
orner leurs chameaux & leurs mulets le plus
propreen
E g y p t e ; Sÿ r i f , $§p
proprement qu’on peut, en leur mettant des
bouquets de plume à la tête, [a)
Autant qu’il y eut de plaifir à voir partir Renverfe*
cèfté Caravane, autant fut trille un accident mSfoa,Un°
dont je vay parler. Le Février de l ’année
fui vante 16 S 5. une maifaft. s’étant écroulée ^
il y eut fix Arméniens enfevelts lous fes ru'P
nés, &un autre qui fut fort blelTé. Ils y étoient
venus pour fe divertir enfemble.
On ad A lep un air extrêmement fubtil, qui Subtüîte^e
eaufeà la plupart W|étrangers uneelpece de
galle,. qu’on appelle ordinairement le mald'zA- en Pro-
lep. Elle commence par unepetite pullule qui vient*
eaufe des demangeaifons y & celui qui en eft .
attaqué' demeuré en cet état pendant quelques
fernaihés , enfuite le mal augmente juf-
qu a ce que la pullule devienne grofle comme;
le bout du d o ig t, & alors, elle reflemble à une1
grolTe bube > elle relie ainii un an en tie r, en
rendant continuellement du pus ^ mais cette
incommodité produit cet avantage , que ceux
a qui elle v ie n t, ne doivent pas craindre d ette
malades* la nature, fe déchargeant vray- -
fémblablentent de toutes fes mauvaifes humeurs.
(a) Ôn trouve un détail | lances qui fe font pour ce-
très-circonftancié du.dé- | la , &c. dans le Tom. IL
part de ces Caravanes, de 1 du troifiéme Voyage, de M-
leur marche des réjoüif- | Paul Lucas