fj3$ "Voyage au Levant;
contrâmes plüfîeurs Villages dans une Vallée*
& lorfque le Soleil fe co'uchoi% nops nous a r r
ê t âm e s auprès d’une eau courante. Le len-r
demain nous nous remîmes em chemin ., ôc
nous payâmes bien une douzaine de Villages*
dans une Vallée y environnée de montagnes
de tous cotez- Après, nous être un peu repo4
fez„nous repartîmes âdeux heures après-mi-
d y , ôc nous arrivâmes une heure avan t lanuitj
dans la m ontagne „ où l’on voit plufieurs Villages^
Nous fumes obligez de là traverfer,
afin de trouver des pâturages pour nos che-*
vaux. Gomme la nuit approchoit, nous nous
arrêtâmes auprès d’une belle fontaine qu’orç
'a bâtie là dé belles pierres „pour laeommodité
des Voyageurs.
• Le 18. un peu de vant fie jour „ nous remon tâmes
à cheval „ & nous marchâmes prefque.
toujours entre les montagnes par un pais af*
fez fertile,& où il y a plufîeurs Villages. Nous;
nous repofâmes, depuis dix heures du matin*
jufqu’â deux- heures après-midy > Ôc lorfque:
nous eûmes un peu* marché, nous apperçûmes
fies montagnes de Smyrne, qui à caufe de leur
prodigieufe hauteur , fe découvrent de fort
loin. Le fôir nous nous arrêtâmes dans unpr
agréable Vallée pleine de bleds. Le 19. nous*
partîmes deux heures devant le jour, & nous
Tttaverfamés une montagne fort efcarpéè §
qu’on
en Eg y p t e ; Syrie ; #0$ y
q u ’on eft obligé de defeendre à pied , après
quoy l’on vient â un Pont de bois, fous lequel
paife une eau fort rapide qui defeend de la
montagne. Environ midy nous nous arrétâT
mes. au bas de la montagne auprès d’un p e tit
arüilïeau , ôc nous y. demeurâmes jufqu’à trois
heures. On prend toujours garde ic y , autant
q u ’on le peut, que les lieux où l’on s’arrête
foient propres pour les bêtes qui fervent de
montures â la Caravane , parce qu’on les y
lailTe paître librement en pleine campagne *
fans prendre d’autre foin pour leur nourritur
x e , ôc il faut que le lieu où l’on campe puiffe
les entretenir.
Dans cette montagne,qui eft toute couverte
de bo is., nous rencontrâmes une Caravane
d ’environ trente perfonnes, qui étoient tous
Lien armez. Comme nous les prîmes d’abord
pour des voleurs , ceux d’entre nous qui
a voient des armes , fe mirent en état de fe
deffendre û l’on nous attaquoit. Les Turcs ont
une extrême confiance aux Européens > qu’ils
fçavent être gens de coeur & braves, cap a-?
h le s d’ailleurs de hîen conduire une affaire de
cette; nature , parce qu’ils font d’ordinaire
ibien munis d’armes , ôc qu'ils s’en/fçavenc
bien mieux fervir qu’eux-,enforte qu’avec peu
de monde, ils font capables de deffendre toute
une Caravane. Dans cette confiance ils mç
X x x ij mirent