événement, dont toute la horde avoit été témoin,
me faisoit compter toutes'les blessures
qu’il av.oit reçues dans cette expérience
tra g iq u e e t les cicatrices ineffaçables
dont son corps étoit couvert.
IJn trait de cette nature suffit seul pour
justifier les Caffres de la haine implacable
qui fermente dans leurs coeurs ulcérés, et
dont ils sucent le levain en naissant; pourquoi
,donner comme les effets d’un caractère
naturellement atroce ; -ces attaques imprévues
èt subi tes qui ne sont dans le fond que de
justes féprésailles ? La nature 11 a pas ete marâtre
p o u r le Uaffré plus que pour les autres
sauvages ; l ’iiijùstiee- ët la tyrannie les rév oltent
tous égalemen t ; l’ê tre le*p]us tranquille,
le plus:)ins6ueïànt qu’on- côniioïssé; le Caraïbe
dés côtes méridionales d’Amérique se
transformerait en un lion fu rieu x ; si quelque
téméraire osoit sëiïlèment attaquer la
chétive retraite dont il se contente.
Si , fatigués par les* persécutions j continuellement
harcelés et dépouillés ,1e désespoir
a quelquefois conduit les Caffres à la
cruauté ; si quelquefois leurs projets de vengeance
ont réussi ; s’ils ont foulé , ravagé fies
récoltes, brûlé des habitations, massacre les
propriétaires, la nation blanche leur avoit
prête sa fureur en leur donnant l ’exemple
des plus affreux excès,
La haine dp Caffre, malheureusement
s’étend encore sur une partie des Hottentots,
que la politique insidieuse et perfide des colons
n’a pas manqué de pervertir et de faire
entrer dans ses conjurations., afin de diminuer
les risques auxquels, la façon de manoeuvrer
des Caffres les expose, et pour leur
opposer des. forces égales. Mais ces précautions
souvent échouent contre l ’adresse et
l’active vigilance de l ’ennemi des colons. Le
Hottentot trop timide et trop mal armé pour
se montrer à découvert, compte beaucoup
sur la ruse; chargé de l’espionnage, il va
sourdement reconnoître les lieux occupés
par l’ennemi, sur-tout ceux où ses richesses
sont en réserve : l’oeil perçant du Caffre a
bientôt éventé ces marches obliques; il fond
comme un trait sur l’espion, et l’immole à
l’instant.
Je commençois, en l’étudiant chaque jour
davantage, à prendre de cette nation si calomniée
, une opinion non moins favorable
que de celle des Hottentots; et toujours
d’après mes principes et ma manière de trai