
foi. On y rapporte, mot pour mot, les songes
du voyageur sédentaire, bâtis il y a plus de
quatre-vingts ans, non-seulement touchant
les cérémonies du mariage des Hottentots
mais même la réception dans un ordre de
chevalerie, qui se termine aussi par une immersion
générale des chevaliers. C’est trop
m’appesantir sur ces détails ; mais je dois
rendre un compte non moins fidèle de ce
que j ’ai vu que de ce que j ’ai pensé.
Les Hottentotes sont sujettes, ainsi que
les Européennes, à des indispositions périodiques
; toutes les circonstances qui les, accompagnent
sont absolument les mêmes.j
La femme pu fille Gonaquoise qui s’apper-
Çoit de son état, quitte aussi-tôt la hutte de
son mari ou de ses parens , se retire à quel-!
que distance de la horde, n’a plus de communication
avec eu x ; se construit une espèce
de cabane, s’il fait froid, et s’y tient|
recluse jusqu’à ce q u e , purifiée par des
bains, elle soit en état de se représenter;
çomme dans ces circonstances rhabilleraient
Sauvage cache assez mal l ’état d’une femme
plie seroit exposée à des railleries piquantes,
si quelqu’un s’en appercevoit; il n’en fau-
droit même pas davantage pour inspirer à
l ’époux qu’elle s’est choisi, des dégoûts qui
finiroient par la plus prompte séparation.
C’est donc une honte naturelle, fondée sur
le sentiment de son imperfection et la crainte
de déplaire, qui oblige une femme à s’éloigner
pour quelques jours; et voila encore
un de ces usages qu’il eût été facile de faire
passer pour une cérémonie religieuse, par
des gens qui, ne l’ayant remarqué que superficiellement,
n’auroientpas vu que cette conduite
mystérieuse, en apparence , n’est dans
le fond qu’un acte de décence et de propreté.
Les filles n’ont jamais de commerce avec
les hommes avant d’être capables d’enfanter
; à douze ou treize ans elles sont nubiles ;
et, dans ce cas, si-tôt qu’un garçon convient
à son coeur, elle reçoit de ses parens la permission
d’habiter avec lui.
s Dans un pays où tous les individus sont
égaux en naissant, pourvu qu’ils soient hommes,
toutes les conditions nécessairement
sont égales, ou plutôt il n’y a point de conditions
; le luxe et la vanité, qui dévorent
les fortunes et leur font éprouver tant de
variations , sont nuls pour les sauvages ;
bornés à des besoins simples, les moyens par
lesquels ils se les procurent n’étant pas ex