
mières les portent plus amples, et que le tablier
de la pudeur, qu’elles nomment Neuyp-
KroSy est plus large et descend presque jusqu’aux
genoux ; mais c’est dans les ornemens,
jepourrois dire dans les broderies, prodigués
à ces habillemens, que consistent la richesse
et la magnificence dont elles se piquent;
c’est dans l ’arrangement sur-tout de ce tablier
que brillent l’art et le goût de chacune
d’elles; les dessins, les compartimens, le mélange
des couleurs, rien n’est négligé : plus
leurs vêtemens en général sont chargés de
grains de rasSade, plus ils sont estimés ;
elles en ornent même les bonnets qu’elles
portent ; ils sont, autant qu’il est possible,
de peau de zèbre, parce que la peau blanche
de ce quadrupède, tranchée par desbandes
brunes ou noires, donne du relief à leur physionomie,
et, comme elles le disent très-bien,
ajoute plus de piquant à leurs charmes. Elles*
sont, outre cela, plus ou moins somptueuses
en proportion des verroteries qu’elles possèdent
et dont elles surchargent leur corps.,
Bracelets, ceinture, colliers, elles ne s’épargnent
rien lorsqu’elles Veulent paroître.
Elles font des tissus dont elles se garnissent
3[es jambes en guise de brodequins. Celles qui
ne peuvent atteindre à ce degré de magnificence
, se bornent, sur-tout pour les jambes
, à les orner du même jonc dont elles fa-*
briquent leurs nattes, ou de peaux de boeuf
coupées et arrondies a coup de maillet; c est
cet usage qui a donne lieu a plusieurs voyageurs
de copier, l’un de 1 autre, que ces peu-
[ples s’enveloppent les bras et les jambes
I avec des intestins fraîchement arrachés du
corps des- animaux, et qu’ils dévorent ces
garnitures à mesure qu’elles tombent en putréfaction;
erreur grossière, et qui mérite
d’être enseYelie avec les livres qui l’ont produite.
I l est peut-être arrivé qu’un Hotten-
tot excédé par la faim aura saisi cette resi-
source, le seul moyen de sauver ses jours,
, et dévoré ses courroies et ses sandales ; mais
de ce que les horreurs d’un siège on t contraint
les hommes civilisés à se discuter les plus
vils alimens, faut-il conclure que les hom mes
civilisés se nourrissent ordinairement
de pourritures et de lambeaux ? .
Dans l’origine, les anneaux de cuir et les
roseaux dont les Hottentots entouroient
leurs jambes, n’étoient qu’un préservatif indispensable
contre la piqûre des ronces, des
épines et la morsure des serpens qui abon