craintives a l’aspect de l ’homme : et je crois
qu’on a trop exagéré les dangers qu’on court
dans leur voisinage. Rarement rencontre-
t-on ces animaux dans les bois ; les deux
seules especes de gazelles qui s’y trouvent,
n’y abondentpoint assez pour satisfaire leur,
\ voracité. Ils préfèrent de poursuivre les
hordes nombreuses qui voyagent d’un canton
dans un autre ; c’est alors qu’ils peuvent
choisir et faire un affreux carnage.
Mes voisins, me voyant disposé à gravir
les Sneuw-Bergen, me conseillèrent de me
tenir sur mes gardes, et de n’y pas faire un
long séjour, attendu que les Bossismans
étoient en force. Mon intention n’étoit pas
d’y conduire toute ma caravane, ce projet
insensé n’eût pas même été praticable; mais,
ne voulant que reconnoître quelques-uns de
leurs sommets, et les parcourir avec mes
chasseurs entre deux soleils, je me rapprochai
de leur pied le plus qu’il me fut possi- ;
ble, et vins placer mon camp à trois cents pas
de la horde sauvage. Je m’attendois à trouv
e r sur la hauteur, comme on me l’avoit
annoncé, un volcan considérable, qui vomit
de la fumée et des flammes, je ne vis rien qui
ressemblât à ce phénomène ; avec l’aide de
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ma lunette, je découvris d’immenses pays,
qui se prolongeoient au nord, et qui n’étoient
bornés que par l ’Horizon : je trouvois fréquemment
, sur la plate-forme, des monticules
de cailloutage et de sable tout-à-fait
semblables à des dunes : j’y cherchai , mais
vainement, quelques coquillages ; il n’y en
avoitni de frustres, ni même aucuns débris
qui me parussent tenir à la conchiologie : je
m’attachai davantage à la poursuite des oiseaux
h j’eus le bonheur d’en rencontrer et
d’en tuer de fort rare^, notamment unè très-
belle espèce de v eu v e , qui se tenoit dans, les
herbages fort élevés qui tapissaient presque
par-tout ces hautes montagnes.
Dans toutes mes courses, qui finissoient
toujours avec le soleil, je ne vis qu’une seule
fois des Bossismans • ils étoient trois qui tra-
versoient le revers d’une montagne opposée
a celle sur laquelle nous étions ; ils ne songèrent
point a( nous venir attaquer 5 nous ne
traînions rien après nous qui dût les tenter,,
et peut-être ces trois scélérats étoient-ils du
nombre de ceux a qui j’avois donné si vertement
la chasse, et se ressouvenoient-ils de
l ’épouvante que je leur avois causée. Ces
vagabonds ne sont point ,, comme on l’a