après lesquelles nous aspirions depuis §î
long-temps. Quoique nous fussions parvenus
à la saison des plus fortes chaleurs, nous
découvrions encore de la neigé dans les anfractuosités
et les enfoncëmens les plus rapprochés
du sommet de ces formidables montagnes;
Tandis que je m’amusois à les considérer
avec ma. lunette ,, mes Hottentots
m’annoncèrent qu’ils voyoient paraître un
blanc; cette nouvelle m’inspira.le plus v i f
intérêt; il y avoit tant de temps que je n’a vois
v u des hommes de cette couleur! Celui-ci
avoit fait une assez longue route, uniquement
dans le dessein de se procurer du sel
dans un lac situé prés de S wart-Kops-Rivier ;
je le joignis et m’entretins quelque temps
avec lui; il ne put retenir ses larmes en riië
contant que, dans le commencement de la
guerre avec les Caffres contre lesquels - il
n avoit jamais voulu se ligner: à l ’exemplé
des autres colons, il avOrt eu le malheur,
lui, sa femme , son fils umque et quelques
Hottentots, d’être attaqués pendant la nuit
par ceS Caffres qu’il avoit toujours ménagés •
que chacun S’étoit précipitamment caché
dans des buissons ; mais que , le jour venu ,
la troupe s’étant rejointe, il avoit trouvé sori
E N A f r i q u e . 5al
fils percé de mille coups de sagayés, à la place
meme où nous étions actuellement arrêtés
1 un et l’autre. Le récit de cet infortuné père
me pénétra de douleur ; je n ’essayai point de
calmer la sienne; le plus morne silence e x -
primoit mieux que de vains discours tout ce
q u il de voit attendre de consolations de la
part d un etre sensible : il avouoit cependant
que les Caffres étaient fondés dans leur haine,
mais il étoit bien malheureux pour les
innocens, que les effets n’en retombassent
pas sur les seuls coupables.
Je le priai, pour le distraire un peu, de
passer la nuit prèsde moi; je le traitai démon
mieux; je le régalai de mon meilleur thé et
lui donna], d excellent tabac. Les écarts de la
conversation nous conduisirent, je ne sais
comment, sur l’article des chevaux; il m©
dit qu’un de ses amis, habitant du Swart-
Kops, lui en avoit fait vo ir un qu’il avoit
pris a la chasse; et que, n’ayant pu découvrir
à qui il apparfenoit, il le gardoit chez lui;
cela me rappela celui que j’avois abandonné
sur les bords de Krom-Rivier à la sortie du
1 Ange-Kloof, il y avoit sept pu huit mois ;
d’après le signalement que je lui en donnai’
il demeura si convaincu que c’étoit mon che*.