
route le 2 février, en me dirigeant vers le
sud-sud-ouest. Une partie de la horde nous
accompagna pour nous aider à traverser, à
trois lieues plus lo in , la rivière Jubers,
qu’on jugeoit devoir être enflée parles orages.
En y arrivant, déjà nous songions à faire
des radeaux ; mais nos conducteurs qui con-
noissoient, à un quart de lieue au-dessous,
des bas-fonds commodes, nous épargnèrent
un travail inutile, et qui nous eût fait perdre
beaucoup de temps. J’allai reeonnoître avec
eux les bas-fonds, et je jugeai, après les
avoir sondés avec mon cheval, qu’en exhaussant
seulement, mais avec précaution,
de huit à dix pouces , les caisses et le lest de
mes trois voitures par le moyen de branchages
et de bûches, nous passerions sans
avoir rien d’avarié ; ce que nous exécutâmes
en effet avec autant d’adresse 'que de bonheur.
Nos compagnons nous servirent, à la
v é r ité , beaucoup dans cette opération * ils
traversèrent la r iv iè r e , et vinrent passer la
nuit avec nous, pour nous aider, le lendemain
matin , à rétablir nos équipages et remettre
en place nos effets. Je reconnus d’une
façon généreuse les services qu’ils venoient
de me rendre, et nous nous séparâmes.
Je trouvai dans le canton que j ’entamois
une prodigieuse quantité de “ces coucous
verds-dorés dont j ’ai parlé ci-devant, et plusieurs
espèces nouvelles que je joignis à ma
collection. Dans la même journéé^je rencontrai
un second torrent sans nom connu : je
lui donnai celui de mon respectable ami ,
M. Boers. Ici commençoient les plaines arides
du Carou vv des plantes grasses et frustres
couvraient cette terre ingrate, ou pour
mieux dire ces sables, dans toute l ’étendue
dé l’horizon ; d’un autre côté , des rochers
non moins stériles offraient par-tout à nos
regards attristés l’image de l’abandon et de
là mort : on ne voyoît què quelques herbes
éparses qui sembloient Croître à regret pour
le salut de nos troupeaux.1
Le 4, cinq grandes heures de marche
nous firent arriver à la rivière Voogel qui
Va se jeter dans celle du Sondag; ce fleuve
que nous avions traversé il n’y avoit pas
long-temps vers son embouchure , et que
bous devions bientôt vo ir près de sa source.
Nos souffrances augmentoient de jour en
jour avec les chaleurs , et la marche nous
étoit devenue bien pénible ; cependant j ’amu-
sois toujours mes loisirs par la chasse j je