mille , dont le grand-père de Narina avoit
été le dernier chef : qu/a sa mort| elle étoit
restée long-temps sans capitaine ; mais que
la guerre étant survenue , la horde de Haa-
bas , qui hahitoit autrefois les bords de la
rivière près de son embouchure, étoit venue
se joindre à la sienne pour réunir leurs
forces en cas d’attaque de la part de l’ennemi
commua; que \ dans les commencemens ,
l’arrivée de Haabas avoit occasionné bien
des troubles ; que la horde ne vouloit point
le recqnnoître, prétendant qu’elle étoit mai-,
tresse de se choisir elle—même un ch e f, et
qu’il n’étoit pasjuste que des nouveaux venus
fissent la loi à une horde qui avoit bien,
voulu les recevoir chez elle ; il ajoutoit
qu’on s’étoit livré de part et d’autre à de
longues querelles, à quelques combats ;
qu’il y avoit eu du sang de répandu, quelques
sauvages tués , beaucoup de blessés ;
mais qu’enfin l ’intérêt commun les ayant un
jour obligés de se réunir contre une incursion
subite des Caffres, la conduite coura-,
geuse et prudente de Haabas , qui avoit repoussé
cette attaque, l’avoit fait unanimement
proclamer chef de deux hordes, q u i,
par les alliances , les mariages et la bonne
amitié , actuellement n’en faisoient plus
qu’une seule.
Mon eau-de-vie commençoit à opérer sur
le cerveau de ces deuxGonaquois; ilsétoient
si fort en train de jaser, qu’ils ne tarissaient
point dans leurs récits. I l étoit une heure du
matin lorsque je les quittai pour aller reposer;
je recommandai à mes gens d’imiter
mon exemple , attendu que je destinois la
journée du lendemain pour une grande
chasse aux oiseaux, et que le point du jour
étoit marqué pour le départ.
Je me mis en marche avec le soleil. L e
cousin de Narina me demanda la permission
de me suivre ; if se faisoit une fête, disoit-il,
de me voir tirer mon fusil à plusieurs
coups, phénomène qu’il ne pouvait concevoir.
Je lui avois donné ma carabine à porter
parce qu’il pou voit a r r iv e r , chemin faisant,
que nous rencontrassions du gros gibier.
La curiosité.d? ¿4mirea ( c’étoit le nom du
çousin de Narina) ne tardapa^ à être satisfaite
; à la portée ordinaire, nous nous approchâmes.
d’ùn vautour que j’avois v u arrêté
sur une pointe de rocher. Mon premier coup*
le blessa ; comme il partait, mon. second